C’est une grande restauration tournée vers la nature et le patrimoine. Le parc des Sœurs Franciscaines a rouvert ses portes au public début février. L’avenir du couvent de la Cômerie reste en suspens.

C’est la fin d’une longue restauration lancée octobre 2022. Et malgré quelques mois de retard, le parc des Sœurs Franciscaines, qui trône au-dessus du couvent de la Cômerie (6e) a ouvert ses portes aux Marseillais en février.

« Il reste trois bricoles à finir. Comme l’installation des toilettes sèches et quelques panneaux de signalétique », notait alors Nassera Benmarnia, l’adjointe municipale en charge du retour de la nature en ville, en arpentant les allées de cette enclave végétale de plus de 10 000 m2 dans le quartier dense de Vauban.

La fin d’un chantier à 1,7 million d’euros, pensé « en concertation avec les habitants » et conçu « en régie interne ». À savoir, directement par la direction Parcs et Jardins de la mairie. « Ça permet d’avoir une meilleure vue d’ensemble sur le projet, de penser l’aménagement pour l’entretien sur le long terme. Un meilleur ‘SAV’ », sourit l’élue.

sœurs franciscaines, Entre nature et patrimoine, le parc des Sœurs Franciscaines a rouvert ses portes, Made in Marseille
Nassera Benmarnia indique que le parc ouvrira aux mêmes horaires que les autres : 7h – 19h en hiver et 7h – 21h en été

Des nouveaux jardins partagés à Vauban

Les bonnes sœurs avaient légué une belle végétation à la commune lors de leur départ en 2019. Dont une pinède classée, des chênes, des oliviers… La Ville a densifié la flore, comme l’énumère la cheffe de projet, Inger Kämpf. « Nous avons planté 43 arbres, principalement méditerranéens, 20 fruitiers, 8 cyprès de Provence, 10 pieds de vigne, 3 000 arbustes, 4 500 plantes vivaces et 700 petits plants forestiers (10 % d’arbres et 90 % d’arbustes) ».

Le nouveau parc réaménagé s’organise en cinq secteurs pour des usages différents. À commencer par le Sud, avec des jardins partagés. Ils s’élèvent en restanques, sur 465 m2. La municipalité a déjà planté des pieds de vignes, une vingtaine de fruitiers (abricotiers, figuiers, cognassiers, amandiers, oliviers…) et des aromates méditerranéens.

La mairie publiera prochainement un appel à manifestation d’intérêt. Elle compte sur des acteurs associatifs pour la gestion de ces espaces de culture destinés aux habitants. Le collège voisin Pierre-Puget pourrait également utiliser une parcelle à des fins pédagogiques.

Des zones « refuges » pour la faune et la flore sauvages

À côté des jardins partagés, des clôtures protègent une zone « refuge » qui restera sauvage. Ce terrain accidenté sera laissé « au bon vouloir de la nature. Pour laisser faire la faune et la flore sauvages et leur offrir un espace de tranquillité », commente Inger Kämpf.

La Ville a également opté pour une protection forte de la pinède au Nord du parc. Il s’agit d’un « espace boisé classé », précise Nassera Benmarnia. Les jardiniers ont tenté de revitaliser ce petit écosystème en « étoffant les strates basses en sous-bois avec des arbustes et plantes ».

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La pinède vue d’en bas

Il s’agit donc de préserver cet espace du piétinement du public. Des cheminements imposés offrent un parcours pour s’y balader avec des panneaux d’interprétation de la faune et la flore. À terme, un espace de prairie au pied des pins pourrait devenir accessible pour des siestes ombragées.

Cette approche éco-responsable, tout comme la gestion de l’eau qui prend en compte les reliefs et l’écoulement pour une irrigation naturelle optimisée, permettent à la mairie de viser le label Ecojardin qu’elle a déjà obtenu pour huit parcs de Marseille. À noter toutefois les revêtements en enrobé ou minéral qui ont été privilégiés pour les cheminements, au lieu d’un revêtement perméable.

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Selon la santé de cette prairie plantée dans la pinède, l’espace ouvrira au public

Revaloriser le patrimoine des Sœurs Franciscaines

C’est la partie centrale du parc, au-dessus de la chapelle, qui a subi la mutation paysagère la plus flagrante. « Nous avons fait des recherches, un diagnostic historique, pour reproduire l’ancien jardin de couvent », avec une géométrie caractéristique, raconte la cheffe du projet, Inger Kämpf.

À la place de l’ancienne loge du gardien, détruite, trône désormais une fontaine. Elle est taillée en pierres de Rognes, comme les bancs qui l’entourent. Le tout élabore une petite placette à l’ombre des chênes, pins ou faux-poivriers.

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Le même matériau compose tout le mobilier du parc : bancs, transats, ainsi qu’une deuxième fontaine, installée au sommet Nord du parc. Pour le reste, dominent la ferronnerie ou le bois pour les pergolas ou les clôtures en ganivelles.

« Un échantillon de la ville de demain »

Enfin, au pied du couvent, surplombant la rue Breteuil, de nouveaux jeux d’enfants en bois s’étalent sur 500 m2. Des pergolas et tables de pique-nique en pierres cerclent l’espace dédié aux plus petits.

L’aménagement a souhaité coché un maximum de cases : agriculture urbaine citoyenne, promenade et loisirs, espace intergénérationnel, nature en ville, trame piétonne entre le bas et le haut du quartier Vauban… Et même événementiel et culturel avec le réaménagement de la cour du couvent. « Ce parc est un échantillon de la ville de demain », veut croire Nassera Benmarnia.

L’adjointe municipale aux espaces verts l’inaugurera dans une quinzaine de jours en présence de la maire de secteur (6-8) Olivia Fortin, également impliquée dans cette restauration.

Un éléphant dans la pièce : le couvent

Il reste toutefois une question en suspens, un éléphant dans le parc : l’avenir du couvent de la Cômerie. « Ce n’est pas ma délégation qui gère ça », écarte Nassera Benmarnia. Sa vocation culturelle actuelle, avec des résidences d’artistes, vient d’être revue à la baisse pour des raisons de sécurité du bâti.

L’association Montevideo (festival Actoral), qui gère le site, est également menacée de quitter son siège quelques dizaines de mètres plus bas, dans la rue éponyme. Comme le raconte Marsactu, la structure pourrait trouver refuge à la Cômerie en s’y installant complètement. Mais rien n’est sûr à l’heure actuelle. L’inauguration du parc des Sœurs Franciscaines se déroulera autour de cette interrogation.


Article publié le 16 janvier 2024 et actualisé le 12 août 2024.

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