Après deux concertations publiques, la droite locale demande au maire Benoît Payan de revoir le lieu d’implantation de la halte soins addictions (HSA) portée par la Ville de Marseille.
Enième épisode dans l’affaire de « la salle de shoot » à Marseille. « On veut que le maire de Marseille renonce à son projet de salle de shoot au 110 du Boulevard de la Libération ». C’est la première fois que la présidente (DVD) de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, s’exprime sur ce projet, inscrit au programme du Printemps Marseillais en 2020, qui devrait ouvrir en 2024.
Depuis plusieurs semaines, l’annonce de la création d’une halte soins addictions (HSA) portée par la Ville de Marseille à cette adresse fait polémique. L’élue ne conteste pas la nécessité d’un lieu de ce type, encouragé par l’Inserm, pour accompagner une centaine de toxicomanes par jour : « Oui il faut traiter ces addictions et non il ne faut pas les laisser dans la rue ».
Il s’agit plutôt de changer sa localisation. « À cet endroit-là, il y a 5 000 enfants… C’est un noyau villageois tranquille », enchaîne-t-elle. Le 18 novembre dernier, une « marche familiale d’opposition » au site choisi avait réuni 500 personnes.
S’accorder sur un nouveau lieu
Aux côtés de Martine Vassal, Bruno Gilles (Horizons) monte au créneau, jugeant que les remontées néfastes sont trop nombreuses : « 15 000 signataires de la pétition », note l’ancien maire des 4e-5e arrondissements. Et de grommeler que les deux concertations, du lundi 11 et du mercredi 13 décembre, « étaient de fausses réunions publiques » du fait de « l’absence de discussion ».
À la veille du dernier conseil municipal de Marseille, les élus de droite proposent à Benoît Payan (DVG) « d’ouvrir une concertation » pour s’accorder sur un nouveau lieu. « Il faut trouver un lieu adapté avec des moyens adaptés », martèle Martine Vassal qui préfère installer la HSA « à proximité d’un équipement hospitalier » car « ce sont des malades », insiste-t-elle. Bruno Gilles soutient également cette idée, comme par le passé.
Michèle Rubirola défend son projet
« Martine Vassal propose une concertation mais elle ne m’a proposé aucun lieu », nous rétorque Michèle Rubirola, l’adjointe à la santé de Marseille. L’élue écologiste, qui « mène ce combat » depuis qu’elle est médecin, défend bec et ongles son projet : un lieu de consommation « en toute sécurité » grâce à l’accompagnement de 14 professionnels de santé et de réinsertion dans la société.
Pendant un temps, l’élue envisageait d’installer le centre dans le 1er arrondissement, en bas des escaliers de la gare Saint-Charles. Mais Sophie Camard (GRS), la maire de secteur pourtant affiliée au Printemps Marseillais, a refusé car le quartier dispose déjà d’un centre d’accueil dont les moyens doivent être renforcés.
Le projet plusieurs fois avorté
Si le sujet n’est pas inscrit à l’ordre du jour du conseil municipal, la présidente de la Métropole espère « que le maire prendra en considération notre demande » dans l’hémicycle, car « à la base le dossier est proposé par la mairie », rappelle Bruno Gilles.
Pourtant, ce projet était déjà en discussion en 2019, sous la mandature de Jean-Claude Gaudin. C’est son adjoint à la Santé qui le défendait. « Patrick Podovani avait proposé un lieu dans l’hôpital de la Conception là où est actuellement installée la permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de ville », rembobine Michèle Rubirola.
Ce projet au sein de la Conception (5e) n’a pu aboutir pour deux raisons. D’une part, Jean-Claude Gaudin « qui a toujours été pour » a mis de côté le projet « à cause de la pression des élus nationaux » à l’époque, nous explique Patrick Podovani. Et d’ajouter que la maire de secteur d’alors, « Marine Pustorino, a refusé de nous donner l’autorisation », malgré l’accord de l’AP-HM et de l’ARS.
En attente d’un décret du ministère
L’ancien élu reste « toujours très attaché » au projet. Il était d’ailleurs à la dernière réunion de concertation. Pour lui, le lieu proposé par la Ville de Marseille convient : « Le lieu est assez bien car il possède un espace intérieur de regroupement ce qui empêche les patients d’être sur la voie publique ».
Pour l’heure, la HSA n’est pas encore prête à voir le jour puisque le ministère de la Santé n’a pas encore validé ni le projet, ni publié son décret. De son côté, Michèle Rubirola est confiante pour tenir la deadline d’une ouverture début 2024.