Situé dans le quartier-village de Château-Gombert au Nord de Marseille, le Musée Provençal abrite la deuxième plus importante collection d’objets et œuvres ethnographiques de la région. Fermé depuis trois ans pour travaux, il rouvre progressivement ses portes au public.

Art sacré, caracos à broderies polychromes, peintures de maîtres, faïences à foison et plus de 2 000 santons à faire pâlir les collectionneurs les plus aguerris… autant d’œuvres qui font partie des quelque 8 000 objets de la collection du Musée Provençal de Château-Gombert (13e), précieux témoignage de la vie quotidienne des Provençaux du XVIIIe au XXe siècle.

Le musée, anciennement appelé « Musée du Terroir », a été fondé en 1928 par le félibre marseillais Jean-Baptiste Julien Pignol, qui souhaitait conserver les traces d’une culture locale et régionale alors en pleine mutation. C’est au sein de sa propre maison natale que ce dernier, descendant d’une famille d’entrepreneurs dans la maçonnerie, a décidé de doter Marseille de son propre musée ethnographique, en s’inspirant du Museon Arlaten à Arles.

Un « château » de 2 600 m2

Le Musée Provençal, qui fêtera bientôt son centenaire, connaît depuis trois ans une importante campagne de restauration et de revalorisation de ses collections avec le soutien des collectivités. Depuis le mois d’octobre, l’institution rouvre, petit à petit, ses portes au public dans le cadre de visites commentées chaque vendredi et samedi.

« La crise sanitaire était un prétexte tout trouvé pour entreprendre des travaux d’urgence, de sécurisation et de mise en conformité des locaux, explique Alexandre Mahue, responsable des collections et conservateur du musée. Le bâtiment de 2 600 m2, aux allures de château et au style éclectique, s’étend sur dix maisons différentes, achetées par le propriétaire, qu’il a reliées entre elles ».

musée provençal, Vidéo | Dans les coulisses du Musée Provençal de Château-Gombert, Made in Marseille
Le salon et ses tableaux accrochés « à touche-touche »

Une reconstitution à l’identique

Les différentes salles du musée sont en phase d’être reconstituées telles qu’elles étaient à sa création, à l’aide « de documents d’archives très précis, qui nous ont permis de pouvoir proposer une sorte de photographie de ce qu’était le musée il y a un siècle ».

Ses équipes ont fait le choix de « restaurer plutôt que rénover », afin que le lieu « plonge les visiteurs dans le cadre de vie d’une famille de la bourgeoisie marseillaise, dont faisait partie la famille Julien Pignol ».

Pour le moment, le salon d’entrée, la bibliothèque et la cuisine ont été restaurés à l’identique. « Le résultat est si fidèle à leur aspect d’origine que l’administrateur du musée nous a demandé quand débuteraient les travaux ! », s’amuse le conservateur.

Le chantier des collections

Cachée derrière une imposante porte en bois massif et son heurtoir en forme de tête de lion, la salle dite « Renaissance », avec sa cheminée en pierre et ses hauts plafonds aux décors peints, abrite des milliers d’objets de toutes sortes en attente d’inventaire.

Car, parallèlement aux travaux, un chantier des collections est en cours pour recenser les collections du musée. Un travail fastidieux et minutieux mobilisant l’aide de bénévoles, qui s’attellent à cataloguer, numéroter, et photographier ces objets un par un.

Des centaines de santibèlli (figurines de saints) provençaux sous leurs cloches en verre sont disposés entre un porteur en bois ayant appartenu au dernier recteur de la Vieille Charité, mais aussi de nombreux tableaux, dont un de l’italien François Octavien datant de 1720, ou encore un reliquaire à paperolles du XVIIIe.

« Toutes les pièces qui ne seront pas immédiatement exposées sont actuellement conservées dans des caisses de conditionnement, avant de pouvoir être transférées vers de nouvelles réserves », indique Alexandre Mahue. C’est le cas de la plupart des vêtements brodés datant du XVIIIe siècle, ou d’un manuel scolaire de la même époque, dont on peut découvrir sur les pages les enluminures d’un étudiant, a priori distrait mais talentueux.

musée provençal, Vidéo | Dans les coulisses du Musée Provençal de Château-Gombert, Made in Marseille
Avec les santons, l’art sacré constitue une partie importante de la collection du musée.

Un musée à vocation sociale

Le musée a eu plusieurs visages au cours de son histoire, dont des usages philanthropiques et sociaux. Il a notamment fait office, jusque dans les années 2000, de maison de retraite pour les habitants de Château-Gombert, a abrité un dispensaire pour enfants, et même un centre de formation aux métiers d’art et de restauration des meubles anciens.

Plus récemment, on pouvait encore y acheter de l’artisanat dans une boutique ou manger dans un restaurant de cuisine traditionnelle provençale. Des activités « mises en sommeil pour l’instant, car la priorité demeure la restauration du musée ». À l’extérieur, la cour devrait également être végétalisée comme autrefois.

Depuis sa réouverture, le musée a reçu un accueil « assez remarquable, se réjouit Alexandre Mahue. Le public, essentiellement composé de Marseillais et de Provençaux, est au rendez-vous, et l’engouement dépasse nos propres prévisions ». Près de 200 personnes, élus locaux, représentants de collectivités et amis du musée étaient par ailleurs présents lors de sa réouverture samedi 9 décembre dernier.

 

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Informations pratiques

5 place des Héros, 13013 Marseille
Visites commentées d’1h30 chaque vendredi et samedi à 15h
Tarif : 10 € | 5 € pour les -12 ans | gratuit pour les personnes en situation de handicap (pas d’accès PMR)

Plus d’informations sur le site du musée

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