La maire des 1-7 Sophie Camard a porté plainte avec une quinzaine d’habitants pour mettre fin à la vente à la sauvette à Noailles. Avec l’espoir de démanteler les réseaux suspectés d’être à la manœuvre.
C’est une nouvelle tentative de résorber la vente à la sauvette et ses dérives qui se sont intensifiées dans le quartier de Noailles à Marseille cet été. La maire des 1er et 7e arrondissements, Sophie Camard, a déposé une plainte le 27 novembre 2023 au Tribunal judiciaire de Marseille.
Cette plainte réunit notamment les signalements de riverains des rues touchées par ce commerce illicite. « Une quinzaine de plaignants », selon la mairie, qui a diligenté un cabinet d’avocats pour les accompagner. « Un long travail de recueil de faits et de réunions », décrit la municipalité des 1-7.
Depuis plusieurs semaines, en effet, la mairie de secteur planche pour que la vente à la sauvette soit pris sous un autre angle juridique. « Ça désigne ce qu’il se passe, mais pas la nuisance que ressentent les gens. On ne travaille pas sur la bonne qualification juridique », nous confiait-elle dans un entretien consacré à la situation du centre-ville.
La maire (GRS) de secteur porte plainte dans le cadre de l’article 40 du code de procédure pénale. Il prévoit que « tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ».
Démanteler d’éventuels réseaux
Nicolas Bessone, nommé procureur à Marseille en septembre, se voit ainsi saisi de cette action judiciaire collective. Le nouveau procureur devrait ainsi lancer des enquêtes, et la mairie de secteur espère que « la plainte permettra de remonter plus en amont sur d’éventuels réseaux ».
En effet, si la vente à la sauvette est très ancienne sur les trottoirs de Noailles, ainsi que divers trafics parallèles (cigarettes, médicaments…), des réseaux sont suspectés d’avoir contribué à amplifier le phénomène. Cela expliquerait en partie la dégradation constatée depuis l’été 2023.
Ces marchés illégaux auraient pris de plus en plus de place sur l’espace public, au désespoir des certains habitants et commerçants. Nuisances sonores, congestion des rues, propreté… Ils décrivent notamment un climat quotidien de peur marqué par des insultes, des intimidations, voire des menaces de mort.
Politiquement, la gauche comme la droite locales sont montées au créneau pour dénoncer ce phénomène en octobre, à la suite de l’alerte lancée par le monde économique.
La police déjà sur le terrain depuis octobre
Suite à ces différentes alertes, la Ville de Marseille et la Préfecture de police ont mobilisé des brigades mixtes (polices municipale et nationale). Elles ont mené des descentes deux fois par jour pour endiguer la présence des vendeurs à la sauvette et des trafiquants.
La municipalité a notamment déployé un camion-benne spécial pour enlever les marchandises quotidiennement saisies. Près d’une tonne par jour selon la mairie.
Différentes mesures qui semblent avoir un peu résorbé le phénomène. Mais, « ce n’est pas une démarche sur le long terme […] Ce n’est pas avec des amendes que l’on remonte un réseau, que l’on fait des enquêtes judiciaires », nous confiait Sophie Camard en septembre.
Avec cette plainte adressée au procureur, elle espérait obtenir plus de moyens d’enquête pour remonter à « la racine des choses, ce que l’on n’arrive jamais à faire ». Les prochaines semaines diront si la réalité judiciaire sera à la hauteur de ses attentes.