L’État et la Région Sud ont acté, vendredi 1er décembre, une enveloppe de 770 millions d’euros sur 1,5 milliard pour accélérer et décarboner la mobilité. L’enjeu aussi : désenclaver une partie du territoire notamment en vue des Jeux d’hiver 2030.
Dans le cadre du contrat de plan État-Région (CPER), le ministre des Transports, Clément Beaune et le président de la Région Sud, Renaud Muselier, ont finalisé ce vendredi 1er décembre, à l’Hôtel de Région, un accord à 770 millions d’euros, sur montant total de 1,5 milliard dédiés à la mobilité et aux projets d’infrastructures de transport de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour la période 2023-2027.
« Un plan exemplaire et un investissement sans précédent, assure Clément Beaune. « 1,5 milliard, c’est un engagement ferme. On met avec le président de Région la moitié des crédits, avec 50% d’augmentation pour ce qui concerne l’Etat ». En juin 2023, l’État et la Région ont signé une lettre d’intention pour sécuriser 337 millions d’euros chacun en faveur des transports d’ici 2027. De part et d’autre, l’effort a été porté à 385 millions d’euros.
Un certain nombre de projets déjà engagés figurent dans le protocole d’accord, qui s’inscrit dans la droite ligne du plan climat de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. 3/4 des crédits ont ainsi été fléchés pour le développement de transports plus verts ou d’infrastructures décarbonées.
D’autres projets seront affinés dans les prochains mois, avec l’ambition de mettre un coup d’accélérateur dans la perspective de l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver dans les Alpes françaises en 2030.
Le ferroviaire en première ligne
Quelques jours après le lancement de la « Cop régionale », « c’est historique d’investir dans la transition écologique et qu’autant de moyens soient investis dans les transports ferroviaires », note le ministre. 665 millions d’euros seront, en effet, consacrés au développement du secteur.
100 millions d’euros seront déployés pour le fret ferroviaire. 50 millions ont été fléchés pour poursuivre la rénovation de la gare de fret de Miramas. Un temps menacée de fermeture, c’est l’une des plus vastes gares d’Europe. Stratégiquement situé en amont de la zone industrialo-portuaire de Fos, cet équipement structurant assure des fonctions de tri des wagons, de relais et de remises ferroviaires pour le grand Sud de la France.
En 2021, un plan de financement de 16,7 millions d’euros a été bouclé (État, Région, Département, Métropole, SNCF), pour sa rénovation. Une part du financement servira à fiabiliser la desserte ferroviaire du port de Marseille par le raccordement de Mourepiane et par le faisceau d’Arenc.
Autre projet : les fameux RER métropolitains portés par la nouvelle loi sur les Services express régionaux métropolitains (SERM). Ils doivent à la fois permettre de satisfaire les besoins de mobilité de la population et contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
162 millions d’euros doivent permettent d’amorcer ce travail avec le lancement d’études de préfiguration et « peut-être même commencer rapidement les travaux dans l’aire marseillaise avec 100 millions d’euros », souligne Clément Beaune. Les villes de Nice, Toulon ainsi que l’agglomération d’Avignon sont aussi concernées.
Ce projet, indissociable du renouveau des petites lignes, permet de lancer des études pour la réouverture de la ligne Aix-Rognac, fermée depuis de nombreuses années.
Le chantier colossal de la ligne Nouvelle Provence-Côte d’Azur (LNPCA) reliant Marseille-Toulon-Nice, a été évoqué, bien qu’il n’intègre pas le CPER. Mais les 3,5 milliards d’euros du projet sont également financés par l’Etat et les collectivités. Les premiers coups de pioche sont attendus en 2024.
La liaison routière Fos-Salon
Si la part d’investissement dans le domaine routier a été réduite, « on ne l’oublie pas » souligne le ministre. A noter entre autres l’importance du désengorgement de la liaison routière Fos-Salon. En effet, ces 25 km entre la Zone Industrialo-Portuaire de Fos-sur-mer jusqu’à Port-Saint-Louis du Rhône et l’A54 du côté de Grans et Salon-de Provence sont régulièrement saturés.
Le projet vise également à développer les bassins Est du Grand port maritime de Marseille, ou encore la desserte améliorée de la base aérienne d’Istres.
Accélérer la transition écologique et énergétique du GPMM
Justement, la décarbonation et le développement de l’activité portuaire constituent la deuxième priorité de ce volet mobilités : 135 millions d’euros sont prévus pour les opérations de connexion électrique des navires à quai, sous maîtrise d’ouvrage du Grand Port maritime de Marseille.
50 millions d’euros seront consacrés à l’amélioration des branchements ferroviaires pour favoriser le report modal.
Les Jeux d’hiver 2030 comme moteur du désenclavement haut-alpin
Il y a quelques jours, le comité international olympique a décidé d’entrer dans un dialogue exclusif avec les Alpes françaises, candidates pour l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver en 2030.
C’est l’opportunité pour le président de Région, Renaud Muselier, de résoudre des problèmes de nœuds de circulation dans les Hautes-Alpes. « Il faut trouver des solutions pour ces territoires qui représentent 15% de la population, mais 65% du territoire régional », nous précisait-il, fin octobre.
Dans cette perspective, Renaud Muselier avait demandé au chef de l’État d’intégrer une loi d’exception au contrat de plan État-Région, pour « fabriquer des moyens supplémentaires », comme il l’annonçait à la veille de l’assemblée plénière, fin octobre. Cette annexe olympique « est assez précise pour dire qu’on sera au rendez-vous pour accélérer des projets. L’Etat et le gouvernement feront tout, puisque c’est une ambition nationale, pour soutenir les régions concernées dans tous les domaines », assure le ministre.
« L’accessibilité des sites olympiques, à la fois par les délégations de sportifs et les spectateurs, est un enjeu majeur de cette candidature. C’est pourquoi le volet mobilité du CPER 2023-2027 prévoit l’accélération des projets visant l’amélioration des accès à ces territoires, dans une logique durable et résiliente qui laissera des équipements et des infrastructures en héritage pour les territoires et les habitants », assure le président de Région.
Les projets concernés ont notamment pour objectif de moderniser les axes routiers principaux, sécuriser les agglomérations traversées et améliorer la desserte ferroviaire des Alpes du Sud.
Il s’agit, par exemple, d’accélérer le projet de contournement de Gap, initié dans les années 1970, poursuivre l’aménagement de la RN 85, permettant une meilleure desserte de la ville de Digne-les-Bains. Sont aussi à l’étude une liaison potentielle Gap-Grenoble ou Briançon-Grenoble ainsi que la possibilité de raccourcir le temps de liaison entre Marseille et Briançon, que ce soit par rail ou par route.
Entre le contrat de plan État-Région, le plan Marseille en grand avec 1 milliard pour les transports de l’Etat et la Ligne Nouvelle Paca LNPCA à 3,5 milliards mobilisés par l’État et les collectivités, « tout ça représente déjà 6 milliards pour les transports avant la fin de la décennie, ajoute le ministre des Transports. On ira certainement plus loin et plus vite, mais déjà, on fait un effort de niveau olympique qui sera sans doute renforcé pour les habitants de la région ».