Franky Zapata vient de dévoiler le Air Scooter, un mini hélicoptère individuel pour des vols de loisir grand public. Il présente cette nouvelle technologie comme sobre en énergie et planche déjà sur un modèle de transports en commun volant.
Une place assise dans un petit œuf vitré, surmonté de huit bras sur lesquels tournent plus d’une dizaine d’hélices. Le Air Scooter dévoilé par Franky Zapata est à mi-chemin entre le drone et le petit hélicoptère. Avec ses 110 kilos, l’engin est un poids-plume, et c’est tout l’enjeu.
Il entre ainsi dans la catégorie américaine « Ultralight », limitée à 115 kilos. « Une catégorie très fermée, créée à la base pour les deltaplanes ou les paramoteurs, explique l’inventeur marseillais. Elle permet à tout le monde de voler sans licence ».
Il entend ainsi conquérir ce marché du vol de loisir au États-Unis (puis en Chine et dans les pays du Golfe). Car, selon lui, « tout le monde peut piloter la machine. C’est très facile grâce à un ordinateur de bord, un contrôleur de vol, qu’on a développé durant des années ».
🚁 Le Marseillais @frankyzapata, surnommé « l’homme volant », nous présente son #AirScooter, le premier véhicule grand public capable de voler avec deux heures d’autonomie ⤵ pic.twitter.com/dbGsGXtzJh
— Made in Marseille (@MadeMarseille) December 1, 2023
À la conquête du vol de loisir
Avec deux heures d’autonomie et une vitesse d’environ 100 km/h, Franky Zapata veut donc faire passer l’expérience de vol individuel « dans la même ligne que des tours en quad ou en jet ski. Pour les sensations, mais aussi des visites, comme le Grand Canyon ».
C’est d’ailleurs non loin de la faille géologique, en Arizona, dans la ville de Lake Havasu, qu’il établira en 2024 son premier « flight center » pour proposer l’expérience au grand public.
Habitué aux mises en scène grandiloquentes pour chacune de ses nouvelles machines volantes, le Marseillais traversera la mythique route 66 avec son Air Scooter pour prouver la fiabilité et l’autonomie de l’engin. Et faire un coup de pub pour sa nouvelle attraction avec des images saisissantes.
Des engins flottants aux machines volantes
Il faut revenir dans les années 1990 et 2000 pour comprendre le parcours de cet inventeur et ingénieur autodidacte. Sa première obsession : les moteurs. Franky Zapata en est devenu fou en tant que pilote de course de jet ski. « Nous avons fabriqué près de 300 modèles de jet skis qui nous ont permis de rafler plus de 20 titres de champions du monde ».
Entouré d’ingénieurs de pointe, lui-même devenu expert en mécanique, il a développé une deuxième obsession : « Voler comme Iron Man », confie le fan de comics. Il lance son premier « Flyboard » propulsé à la pression de l’eau crachée par un jet ski. Un premier succès commercial destiné aux loisirs balnéaires.
« Une heure après l’avoir testé, j’ai voulu trouver comment le faire voler partout sur la planète, sans qu’il soit raccordé à une machine ». Il découvre alors les turboréacteurs. « On s’est mis à décortiquer des réacteurs de modélisme pour comprendre le fonctionnement. Je ne savais même pas comment l’air circulait à l’intérieur ».
Au fil des ans, lui et son équipe apprivoisent cette technologie, développent des ordinateurs de vol pour contrôler la poussée complexe et lancent le « Flyboard Air ». Un planche volante sur laquelle Franky Zapata devient réellement Iron Man, sans effets spéciaux. Capable de voler en stationnaire comme à 200 km/h, il coupe le souffle du monde entier en faisant des démonstrations de voltige au-dessus des Champs Élysées, du Vieux-Port, puis en traversant la Manche en août 2019.
Une empreinte carbone « inférieure à la voiture »
Trois ans plus tard, il dévoile le Jet Racer, une voiture volante, toujours propulsée aux turboréacteurs. Mais, parallèlement à l’admiration du public, ce système de poussée, très gourmand en carburant, pose question à l’heure de la transition écologique.
« Quand l’impact carbone est entré dans l’équation, on a commencé à ressortir toutes les innovations qu’on a produites durant des décennies, raconte Franky Zapata. Des moteurs de jet skis aux turbines à combustion, on a pioché dans cette caisse à outils technologiques » qui inclut de nombreux types de motorisations, des brevets, des ordinateurs de vols…
C’est ainsi qu’ils ont réussi à concevoir le moteur hybride (thermique et électrique) du tout récent Air Scooter. La principale réussite de ce produit serait « une empreinte carbone extrêmement faible. Inférieure à la voiture », si on en croit l’inventeur.
Toujours selon lui, l’engin consomme en moyenne « 4 à 5 litres au 100 ». Mais la particularité est qu’il fonctionne avec tous types de carburants, dont les biocarburants ou carburants de synthèse, qui ont « une empreinte carbone 80 % inférieure à l’essence à la pompe ».
Avec ce type de combustible, d’après Franky Zapata, la machine présente au final une empreinte carbone au kilowatt (puissance) « 30% meilleure que les engins volants 100 % électriques similaires au nôtre ».
Vers des transports en commun volants de 16 places
Une efficience énergétique qui lui semble aujourd’hui acceptable pour se projeter vers le marché de la mobilité volante. Il souhaite toutefois se démarquer de certains concurrents qui commencent à dévoiler des modèles de « taxis volants » et autre véhicules individuels.
« On ne désengorgera pas les routes en créant des essaims d’abeilles dans le ciel », estime Franky Zapata. Pour lui, sa technologie vise « les transports en commun. C’est la seule application qui pourra réduire l’empreinte carbone ». Voilà déjà plusieurs mois que ses équipes de recherche et développement planchent sur une navette capable de transporter de 16 à 20 personnes.
Il pense que ce modèle sera opérationnel « avant 2030 ». Il reste donc encore beaucoup à peaufiner. Mais en se basant sur sa technologie, il estime pouvoir proposer des trajets avec une tarification « autour de 20 euros les 200 kilomètres ».
L’idée n’est pas de se substituer aux bus et trains « avec qui on ne pourra pas rivaliser en émissions de CO2 et en capacités de passagers. Là où on sera excellents, ce sont les lignes qui n’existent pas, pour des zones difficiles d’accès ».
Comme la montagne, des terrains vallonnés, ou encore des îles. Comme celles du Frioul ? « Oui ça collerait, avec un trajet de quelques minutes seulement [au lieu de 30 minutes actuellement sur une plage d’horaires limitée]. Les restos de l’archipel deviendraient les plus prisés de Marseille ! », conclut-t-il.