L’ancienne école d’architecture de Luminy est réinvestie par l’école voisine des Beaux-Arts. Le nouveau directeur, Raphaël Imbert, a de grands projets pour le site. À commencer par un studio de production musicale international, tourné vers le cinéma.

C’est la dernière zone urbanisée avant d’entrer dans le Parc national des Calanques, sur le campus universitaire de Luminy, aux portes de Marseille. « Écoles supérieures des Beaux-Arts et d’architecture », peut-on lire en passant devant ce bâtiment.

Une inscription qui a perdu de son sens récemment. En effet, le millier d’architectes en formation a déménagé au cœur de Marseille à la rentrée 2023. Ils ont intégré l’Institut méditerranéen de la ville et des territoires (IMVT) inauguré à la Porte d’Aix.

Fin de colocation donc, entre architectes et artistes. Ils partageaient depuis 1967 ce complexe, conçu par René Egger et labellisé Patrimoine du 20e siècle. La grande passerelle (photo ci-dessous) qui reliait physiquement et symboliquement les deux bâtiments pédagogiques est aujourd’hui condamnée.

Moins de 500 étudiants des Beaux-Arts (École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée) se retrouvent désormais bien seuls à occuper les 16 hectares du site.

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Le directeur de l’INSEAMM Raphaël Imbert et Pierre Casanova, responsable des travaux et investissements

Les Beaux-Arts mettent un pied dans la porte

« Il y avait de la vie et de l’interaction avec les « archis » », se remémore Raphaël Imbert. Le virtuose saxophoniste marseillais est le nouveau directeur de l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille Méditerranée (INSEAMM). L’institution englobe les Beaux-Arts et le conservatoire de la ville.

En arpentant les 7 000 m2 laissés vides par les architectes, le jazzman rappelle la première priorité pour lui : « prévenir les squats en tous genres qui pourraient détériorer les lieux ». Jusqu’à présent, le bâtiment semble préservé du vandalisme. Seule la faune sauvage s’est aventurée sur le site. En témoigne ce renard retrouvé sans vie.

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Le bâtiment de l’ancienne école d’architecture, aujourd’hui vide

Il s’agit donc de réoccuper les lieux au plus vite pour Raphaël Imbert. La première étape sera de déménager les services administratifs et la direction des Beaux-Arts dans l’ancienne école d’architecture. « On investit les anciens bureaux, environ 20 % du bâti. On commençait à être vraiment à l’étroit. Ça permettra de redonner un peu de vie ici », explique le directeur de l’INSEAMM.

La Ville de Marseille, propriétaire de la totalité du site, a validé ce déménagement qui interviendra dans les prochaines semaines.

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Les anciens bureaux de l’école d’architecture qu’investiront bientôt les services administratifs des Beaux-Arts

L’avenir du campus sera culturel

Raphaël Imbert a ainsi mis un pied dans la porte de l’ancienne école d’architecture, et entend bien l’ouvrir en grand aux acteurs du monde de l’art et de la culture. Et non à une école de police, comme ce fut un temps évoqué, suscitant la colère des étudiants.

Le saxophoniste confie que sa candidature à la direction de l’INSEAMM (Beaux-Arts et Conservatoire) a été retenue « car je porte un projet de développement ambitieux pour l’avenir de ce campus unique en Europe. On souhaite l’ouvrir à d’autres champs artistiques et de l’économie culturelle au sens large ».

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Vestiges des travaux d’étudiants d’architecture

« Un lieu de production musicale de niveau international »

Il pense plus particulièrement à la musique et au cinéma, les deux étant liés dans ce projet. Le directeur projette en effet de créer « un grand studio d’enregistrement de musique. Un studio modulable capable d’accueillir des petits groupes comme des grands orchestres, de 1 à 100 musiciens, ce qui n’existe pas dans la ville ».

Il s’agirait d’un outil « pédagogique, d’un laboratoire, et d’un lieu de production musicale de niveau international ». Il pourra bénéficier aux étudiants du conservatoire et des filières techniques de la culture, aux orchestres classiques comme celui de l’opéra, mais aussi à la création musicale dédiée au cinéma.

« L’État a souhaité faire de Marseille la capitale méditerranéenne du septième art », rappelle Raphaël Imbert. En effet, qu’il s’agisse du plan « Marseille en grand » ou de France 2030, le gouvernement développe de nombreux projets et financements pour développer cette filière dans la ville.

« Nous souhaitons nous rattacher à cette dynamique en proposant ce volet musical de la création cinématographique qui pourrait devenir un atout majeur du territoire », explique le directeur de l’INSEAMM. En s’inscrivant dans cette dynamique, il espère également bénéficier des financements dédiés.

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La salle dans laquelle Raphaël Imbert projette de créer le studio d’enregistrement

Un projet sur le long-terme

Mais son projet va bien au-delà. En déambulant dans l’école d’architecture abandonnée, il dépeint un développement bien plus vaste. « Ce grand amphithéâtre de 500 places est en bon état. Il pourra accueillir des concerts ou des conférences », commente Raphaël Imbert.

Résidences, formations, événements… « Nous allons ouvrir le site à d’autres champs artistiques et de l’économie culturelle au sens large », glisse-t-il.  Avec une attention pour « l’éducation populaire aussi », une thématique chère à la municipalité, qui siège au conseil d’administration de l’INSEAMM.

« Nous pensons aussi à la culture écologique. Une problématique prégnante sur ce site, entre ville et nature, qui offre de beaux espaces pour des projets environnementaux ».

Les différentes composantes de ce projet de développement sont en cours d’affinage. « Nous validerons la feuille de route avec les partenaires en cours d’année 2024 », estime Raphaël Imbert. Il faudra être plus patient pour que ce grand programme prenne vie « progressivement durant les cinq à six prochaines années », conclut-il.

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