Après le SOS lancé par la Chambre de commerce et d’industrie, sur la situation du centre-ville de Marseille, les donneurs d’ordre se sont réunis pour trouver une méthode de travail commune. Des premières solutions ont émergé.
Créer un électrochoc ! Face à la détérioration du centre-ville de Marseille, affecté par toutes sortes de maux, en septembre, les acteurs économiques ont tiré la sonnette d’alarme, lançant un appel aux pouvoirs publics pour intervenir sans délai et faire respecter la loi.
À cette occasion, les chefs des institutions ont été invités à participer à une réunion de travail avec tous les acteurs concernés pour trouver des solutions. Celle-ci était organisée, mercredi 25 octobre, au Palais de la Bourse.
Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Sud, cheffe de file de l’économie, s’est rendu en personne à la rencontre avec ses équipes. Le maire de Marseille, Benoît Payan (DVG), était représenté par Laurent Lhardit, adjoint à l’économie, aux côtés des maires de secteurs Sophie Camard (1-7) et Olivia Fortin (6-8).
Martine Vassal, présidente (DVD) de la Métropole Aix-Marseille-Provence, retenue à Paris pour travailler avec le gouvernement sur différents sujets relatifs au territoire, a chargé Yves Moraine de participer à la rencontre. Le président de la Soleam et conseiller métropolitain délégué à Marseille en grand, y a assisté aux côtés de responsables des services économie, propreté et voirie.
Une rencontre « constructive »
Autour de la table également, d’autres instances économiques comme l’Umih, la chambre des métiers, la CPME13… ainsi que l’État, avec le secrétaire général de la préfecture des Bouches-du-Rhône et la préfecture de police, en la personne du directeur adjoint Yannis Bouzar.
Au-delà d’une prise de conscience collective et d’un constat partagé – parfois nuancé – sur la détérioration du centre-ville, l’enjeu était de trouver une méthodologie de travail, chacun dans sa compétence, permettant ainsi de fixer un cadre, un calendrier, des actions coordonnées, un suivi et cela sans que les chicayas politiques ne viennent s’en mêler. Malgré un léger accrochage, de l’avis de tous les intervenants présents, cette première rencontre était « constructive ».
Les engagements de la Métropole sur le nettoyage
« C’est une démarche très saine et pertinente de la part de la Chambre de commerce et de son président », nous confie Yves Moraine (LR). Après un point sur l’aménagement urbain (semi-piétonnisation…), l’ancien élu du centre-ville a formulé quelques propositions.
Sur la problématique du nettoyage des pavés en bas de la Canebière, « vérification faite, c’est compliqué en période estivale parce qu’il y a beaucoup de monde tout le temps, et la nuit, ça fait du bruit et les riverains se plaignent, néanmoins on l’a pris en compte et on va l’améliorer », plaide Yves Moraine.
Mais surtout dans le cadre du futur marché de nettoiement (dont le cahier des charges est en cours d’écriture) « on va l’inclure de manière à ce que la récurrence soit contractuellement prévue, contrôlable et sanctionnable ».
Concernant l’enlèvement des déchets, suite aux opérations de police menées contre les ventes à la sauvette, la Métropole doit mettre à disposition une benne. « On va lancer un marché spécifique pour que le titulaire accompagne les opérations de police et avoir la certitude qu’elle a les moyens opérationnels, et qu’à chaque fois qu’elle décide d’intervenir, on soit là ». Quelques ajustements seront nécessaires, notamment pour savoir comment ce nouvel engin mobile va s’articuler avec la benne mise en place par la Ville de Marseille, début octobre.
Sécurisation dans les parkings
Sur le volet insécurité dans les parkings, les discussions avec les deux principaux opérateurs (Indigo et Q-Park) ont donné lieu à la mise en place de premières mesures : le renforcement de la présence, avec des agents supplémentaires la nuit, des portails et contrôles d’accès. Une étude devrait être lancée pour tester un système de surveillance avec caméras intelligentes. L’ensemble de ces dispositifs sera ajouté dans le cahier des charges des futures DSP (délégation de service public).
La Métropole a également pris l’engagement d’une remise en état du mobilier urbain, dans un délai de deux jours maximum après signalements de dégradations.
« On veut être aux côtés de la CCI, insiste Yves Moraine. Sur nos compétences on est d’accord pour faire des efforts et pour faire un point régulier avec les autres institutions. Mais on ne s’interdit pas de regarder ce que font les autres ». À savoir, la Ville de Marseille.
Un directeur technique spécial pour le centre-ville
Avec un petit côté prolongation du dernier conseil municipal, plus feutré, les élus ont toutefois pu dérouler leurs arguments. La municipalité a annoncé trois mesures, au premier rang desquelles l’arrivée d’un directeur de centre-ville.
« Ce sera une personne qui travaillera de manière transversale avec les différents services de la Ville, nous explique Sophie Camard, maire (PRG) des 1-7. On a mis en place un comité technique avec les maires de secteur, qui se réunira prochainement. Il permettra d’avoir une vision transversale des sujets qui concernent l’espace public. Ça permet de décloisonner et d’avoir une sorte d’entrée unique des sujets centre-ville ».
Avec l’augmentation des effectifs de la police municipale (514 agents), « on a annoncé le déploiement de l’îlotage (quartiers divisés en îlots placés sous la surveillance d’un policier) à partir de janvier 2024 et la brigade bleue et verte (propreté) qui n’intervenait pas jusqu’à présent dans le centre-ville pourra désormais y intervenir, avec les précautions d’usage, prévient Sophie Camard. Il ne faut pas qu’on remplace la collecte normale de la Métropole. Et ça, ce n’est pas complètement calé ».
Des réunions de travail régulières
La Région Sud est intervenue au titre de la revitalisation économique. « Je me suis permis de rappeler que nous avons été là dans les cas de crise », nous confie Renaud Muselier (Renaissance), qui a aussi détaillé les différents dispositifs existants pour soutenir les commerçants (zéro rideau fermé, “Mon projet de boutique”, le CEDRE, le programme d’accélération “Parcours Sud export »…) et les moyens dont peuvent se servir les autorités locales.
Le président de la Région Sud a également insisté sur le fait que son institution n’avait pas à se substituer aux autres, regrettant toutefois que la proposition d’installation de caméras de vidéosurveillance ait reçu une fin de non-recevoir de la municipalité.
Même si la politique a parfois repris ses droits, au regard de la mobilisation et de ces premiers échanges, le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Jean-Luc Chauvin, juge que l’appel « de la CCI a été pris au sérieux. On a franchi un cap avec tout le monde autour de la table. C’est une première étape et c’est plutôt positif ».
D’autres idées ont également été échangées. Elles seront approfondies à l’occasion d’autres réunions techniques qui se tiendront à un rythme régulier « pour avancer concrètement et évaluer l’efficacité des mesures prises », souligne Jean-Luc Chauvin. Ce “comité de coordination” sera composé de toutes les parties prenantes, des instances économiques, d’un référent technique par élu et des composantes de l’État. Pour cadrer le travail, des sujets précis seront soumis à un ordre du jour.