Quelques jours avant le dernier conseil municipal, où la question du logement a été largement débattue, le bailleur social de la Ville, Marseille Habitat, a présenté sa feuille de route pour la prochaine décennie.
Marseille Habitat, la société d’économie mixte responsable de la gestion de logements sociaux de la Ville entame une nouvelle ère.
Présidée depuis septembre 2021 par Audrey Gatian, adjointe en charge de la mobilité, avec à sa tête un nouveau directeur général, Frédéric Pâris, la société est l’un des rares outils à être resté entre les mains de la municipalité, quand les autres structures d’aménagements (Soleam, 13 Habitat, Habitat Marseille Provence…) sont dans le giron de la Métropole ou du Département.
Après avoir été pointé du doigt par la Chambre régionale des comptes pour « défaillances de gestion et de gouvernance » pour la période 2016-2021, le bailleur social et aménageur, qui gère plus de 3 000 logements, a présenté sa feuille de route 2024-2033.
Dans le cadre de son projet stratégique, élaboré avec des acteurs de terrain, Marseille Habitat a d’abord précisé mettre en œuvre les recommandations du dernier rapport de la cour de comptes. À ce titre, Audrey Gatian précise qu’aucun conseil d’administration ne sera tenu sans quorum. Elle indique aussi « l’accélération dès 2021 de la maîtrise foncière de Kalliste pour vider la barre G » pour le compte de la Métropole et du projet de rénovation urbaine à venir.
Transparence dans l’attribution des logements
Autre mesure : « Aucun logement ne passe sans qu’il y ait trois dossiers proposés par les services, avec priorisation des demandes Dalo (Droit au logement opposable) dans nos attributions », ajoute Audrey Garino, adjointe (PCF) aux affaires sociales. « Une absence de transparence nous a conduit à remettre à plat le fonctionnement de la commission afin que les critères légaux soient respectés », déclare l’élue.
Avant de préciser que « depuis le début de l’année, Marseille Habitat a attribué 21 logements à des ménages éligibles au Dalo », prioritaires pour un relogement en cas de procédure d’expulsion, « alors qu’elle n’y était pas obligée. Peu de bailleurs agissent de la sorte », précise-t-elle.
Produire 650 logements sociaux sur dix ans
Marseille Habitat a également engagé un diagnostic complet de son patrimoine (immeubles et résidences) dans l’optique de « réhabiliter à partir de mai 2024 les deux tiers » annonce le directeur général, Frédéric Pâris. L’étude donnera lieu à un plan stratégique patrimonial d’ici à début 2024.
Parallèlement, Marseille Habitat s’engage à produire 650 logements sociaux sur une décennie, « sur une base de 70 logements par an environ », principalement en achetant et réhabilitant des logements existants. Pour soutenir ces initiatives, le bailleur prévoit une recapitalisation votée à l’unanimité.
Parmi les actions à venir, Marseille Habitat entend vendre ses 350 parkings et se positionne pour porter, dès 2024, la création d’une foncière commerces souhaitée par la Ville et la Banque des Territoires afin de faciliter « l’acquisition publique de locaux commerciaux dans le centre-ville ».
« Repositionner Marseille Habitat comme un acteur territorial »
En projet également, la création d’une activité de syndic social et solidaire, « pour travailler en amont des dégradations de copropriété ». Le bailleur sollicitera l’État en vue d’obtenir un agrément d’Organisme Foncier Solidaire (OFS) pour faciliter l’acquisition de biens anciens réhabilités avec le dispositif de bail réel solidaire.
« Nous essayons de répondre à l’enjeu de venir accompagner une politique d’attractivité et d’amélioration de la qualité de vie en centre-ville », souligne Frédéric Pâris. L’ensemble de ces actions permet de repositionner Marseille Habitat comme un acteur territorial en relation avec l’ensemble des politiques publiques menées par la Ville et les acteurs de terrain ».
Tour d’horizon des projets
Parmi les projets lancés, le bailleur conduit actuellement plusieurs opérations de réhabilitation, comme c’est le cas avec le rachat de l’immeuble du tiers-lieu Coco Velten au cœur de Belsunce (1er), qui prévoit l’implantation de 16 logements sociaux et la création d’un accueil de jour pour femmes et enfants, et de l’immeuble situé au 17, place de Lenche dans le quartier du Panier (2e), pour y développer un programme de 8 logements locatifs sociaux, avec une livraison prévue fin 2025.
Plus à l’Est, les deux immeubles situés aux 195 et 197 avenue de la Capelette (10e) seront rasés et reconstruits pour créer 11 logements locatifs sociaux « dont deux maisons de ville ». La désignation de l’équipe de maîtrise d’œuvre est en cours pour un dépôts de permis de construire en juin 2024 avec une livraison mi 2026.
À noter également, la réhabilitation de La Paternelle représentant 169 logements répartis sur 18 îlots. Une première tranche de travaux visant à l’amélioration des installations techniques débutera au premier semestre 2024. Une étude technique et urbaine, qui devrait associer l’ensemble des partenaires institutionnels, va être initiée fin 2023.
Contexte
Le bailleur Marseille Habitat gère environ 3 000 logements, dont 60% sont des logements familiaux conventionnés. Ses activités s’étendent également à la revitalisation de copropriétés en difficulté et à l’éradication de l’habitat indigne, ainsi qu’à la gestion de locaux commerciaux et d’activité. La majorité de son patrimoine se trouve dans des quartiers prioritaires de la politique de la Ville, avec des grands ensembles immobiliers dans le nord de Marseille et un patrimoine diffus dans le centre-ville.
