Les élus métropolitains ont voté la relance du Boulevard Urbain Sud et son prolongement en Boulevard Urbain Vert. Contesté par la municipalité marseillaise, sa continuité reste toutefois suspendue à une prochaine décision de justice.

Contexte

À l’origine, la rocade de 8,5 kilomètres, en partie sur quatre voies, devait relier l’échangeur Florian à la Pointe-Rouge. Un tracé revu à la baisse après les municipales de 2020. Il doit s’arrêter aux portes des 6-8, passés à gauche, où il continuera en voie douce.

La Métropole entend aller au bout dans les 9-10, restés à droite. Mais la municipalité bloque le passage au niveau du parc de la Mathilde, dont elle est propriétaire. La continuité du BUS jusqu’au Roy d’Espagne reste ainsi suspendue à une prochaine décision de justice.

C’était l’un des dossiers épineux de ce conseil de la Métropole, jeudi 12 octobre : la poursuite du Boulevard Urbain Sud (BUS) jusqu’au Roy d’Espagne et son prolongement en Boulevard Urbain Vert.

Mais pour finaliser ce projet, décrié pour son impact environnemental depuis son relancement en 2016, la Métropole a déposé un recours auprès du tribunal administratif dans le but de récupérer le parc de la Mathilde, appartenant à la Ville de Marseille.

« Comme le tracé ne nous convient toujours pas, il n’y a aucune raison d’aller massacrer un parc de la période bastidaire de Marseille », nous précisait Nassera Benmarnia, adjointe au maire en charge du retour de la nature en ville, dans un article récent consacré à ce sujet.

« Qu’est-ce que ce boulevard urbain vert ? »

Dans l’hémicycle métropolitain, sans surprise, les élus de la majorité marseillaise se sont élevés contre « cette version du Boulevard Urbain Sud [qui] n’est pas à la hauteur des enjeux, selon Hervé Menchon, adjoint au littoral de la Ville de Marseille. Daté des années trente, soutenu par Jean-Claude Gaudin, pensé pour la voiture, le Boulevard va augmenter la pollution de l’air qu’il faut absolument réduire ».

Le conseiller métropolitain s’interroge également : « Qu’est-ce que ce boulevard urbain vert ? Où sont les plans ? Quelle est la trame circulatoire ? » remettant en question la cohérence des projets de mobilité de la Métropole.

La nouvelle mouture du BUS, relancé par Martine Vassal la semaine dernière, lors de l’inauguration de la nouvelle bretelle Schloesing, consiste en sa finalisation tel qu’il avait été initié dans le 9e arrondissement, pour respecter le vote démocratique des dernières élections municipales.

Les habitants des 9-10 « ont renouvelé en 2020 leur volonté de voir aboutir ce projet », rappelle à ce titre Didier Réault, vice-président de la Métropole délégué à la mer. La liste de droite était en effet menée par Lionel Royer-Perreaut, ex-maire (LR), aujourd’hui député (Renaissance).

Le projet a ensuite été « adapté » précise Didier Réault, notamment sur le 6-8 en supprimant l’axe voiture pour aller du Roy d’Espagne jusqu’à la Pointe Rouge, et ainsi créer un Boulevard Urbain Vert dans le 8e arrondissement, secteur tenu par le Printemps marseillais.

« Impasse climatique » VS « projet majeur »

Reste que la gauche marseillaise indique ne jamais avoir reçu les plans de cette nouvelle coulée verte. « Comme d’habitude, votre projet reste flou, tance Hervé Menchon. Les luttes pour un air respirable et pour la mobilité à Marseille ne doivent pas être les victimes de votre dérive droitière pro-voiture et climatosceptique », conclut-il, avant d’annoncer que le groupe Pour une Métropole du bien commun, vote contre ce rapport « qui ne propose pas un boulevard, mais une impasse climatique ».

Le BUS est l’une des nombreuses illustrations des blocages qui persistent entre la Ville et la Métropole Aix-Marseille-Provence, et sujet à controverses entre les deux camps politiques. Pour Didier Réault, le BUS, déclaré d’utilité publique en 2016, « est un projet majeur pour les quartiers Sud. Tant qu’il n’est pas terminé, et qu’il s’arrête sur le mur au Cabot, tel que c’est le cas actuellement, il est évident que nous continuerons à avoir des embouteillages dans l’ensemble des noyaux villageois ».

Désengorger mais pas au détriment de la nature

Pistes cyclables, modes de déplacement doux tout autour des voies de circulation, transports en commun… L’élu détaille les avantages de ce projet, tout en rappelant sa vocation première : à savoir d’abord un axe de transport en commun en site propre, rapide, qui permettra de relier le Roy d’Espagne à La Gaye et de la même façon les quartiers Saint-Loup, Saint-Tronc, Vallon Régny….

« Ce projet doit permettre de désengorger un certain nombre de noyaux villageois, des quartiers comme la Vieille-Chapelle, Mazargues, Bonneveine… et permettre aux habitants des quartiers les plus reculés du 9e et du 10e de pouvoir relier facilement les autoroutes, le centre-ville éventuellement par les tunnels ».

S’agissant des jardins de Mathilde, « le blocage administratif que vous faites en ne cédant pas les parcelles nécessaires à la Métropole bloque complètement ces quartiers et la qualité de l’air se verrait grandement améliorée s’il n’y avait pas tous ces embouteillages », poursuit l’élu.

La Ville – qui avisera en fonction de la décision de justice – n’entend pas déclasser « un patrimoine arboré très ancien, qui produit de la fraîcheur et auquel les citoyens sont attachés. Les projets ne doivent pas se faire au détriment de la nature », nous avait indiqué Nassera Benmarnia.

« Nous allons continuer à dérouler nos projets »

« Nous savons que vous y êtes viscéralement opposés depuis le départ. Les élections ont montré que ce n’était pas le cas de la population », commente Martine Vassal, lors du conseil de la Métropole.

La présidente fait part de son étonnement sur le Boulevard Urbain Vert : « Ça fait plus de six mois que j’ai adressé au maire de Marseille les plans du Boulevard Urbain Vert sur lesquels il ne répond pas. Et ce n’est pas le seul dossier sur lequel on attend sa réponse, mais j’ai compris, ironise-t-elle. J’ai compris que vous vouliez que rien n’avance. Nous allons continuer à dérouler nos projets malgré le fait que vous mettiez des bâtons dans les roues ».

Boulevard urbain sud, Relancé par la Métropole, le Boulevard Urbain Sud divise toujours, Made in Marseille

En attendant la décision du tribunal administratif, la Métropole va aménager un nouveau carrefour giratoire au Cabot/Sainte-Marguerite, calibré pour mieux absorber le trafic routier tout en sécurisant les déplacements en modes actifs.

Farouchement opposés au BUS en 2020, trois ans plus tard, les élus d’extrême droite ont revu leur copie. Stéphane Ravier (Renconquête) et Eléanor Bez (RN) ont voté favorablement à la poursuite du Boulevard Urbain Sud.

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