Un amendement européen a été adopté visant à sortir la lavande et le lavandin des substances potentiellement dangereuses. Un soulagement pour les producteurs de la filière qui n’est pas épargnée ces dernières années.
Mercredi 4 octobre, un amendement a été pris pour protéger au niveau européen les spécificités des huiles essentielles de lavande et de lavandin. Elles auront finalement un « traitement différencié de la pétrochimie dans la classification des substances potentiellement dangereuses ».
Un projet de réglementation de la Commission européenne souhaitait, en effet, revoir la classification de certains produits qui auraient classé les huiles essentielles de lavande et de lavandin parmi les produits dangereux d’ici à 2025, bouleversant ainsi le secteur en France. « Si cette réglementation est approuvée, l’huile essentielle de lavande, symbole identitaire fort du sud de la France et de la Provence, deviendrait un produit toxique au même titre que d’autres substances chimiques synthétiques en raison de leur impact sur la santé humaine et l’environnement et pourrait, à terme, être restreint, voire interdit », déplorait Philippe Tabarot, sénateur des Alpes-Maritimes, sur Public Sénat.
Une véritable menace pesait sur l’ensemble de la filière lavandicole, mais également sur les industries d’excellence de la transformation des plantes à parfums, filière particulièrement active dans l’agglomération du pays de Grasse (Alpes-Maritimes). Sans compter l’impact touristique. Les sénateurs sud-alpins Jean-Yves Roux et Jean-Michel Arnaud étaient notamment montés au créneau.
9 000 emplois directs en Provence-Alpes-Côte d’Azur
« Je me réjouis qu’un amendement ait été pris à la réglementation REACH (qui menaçait la filière) afin de protéger au niveau européen les spécificités des huiles essentielles de lavande. Une excellente nouvelle pour notre territoire et ses voisins. Une centaine de producteurs sont recensés dans les Hautes-Alpes. La filière représente 9 000 emplois directs en Provence-Alpes-Côte d’Azur et 17 000 emplois indirects issus du tourisme », rappelle le président du Département des Hautes-Alpes, Jean-Marie Bernard.
Il y a deux ans, son assemblée départementale adoptait une motion appelant au soutien de la filière « lavande et lavandin » demandant à l’Union européenne de prendre en considération le fait que les produits naturels – et les huiles essentielles en particulier – ne sont pas des produits chimiques ordinaires et qu’il convient de les classer différemment de ceux qui peuvent être trouvés dans des matières transformées comme les plastiques ou les textiles.
Une filière d’excellence à préserver
Ces dernières années, la filière de la lavande et du lavandin n’est pas épargnée. Surproduction, prix en chute libre, attaques de ravageurs, sécheresses, gel, réglementation européenne défavorable…
Début août, le Sénat avait fait voter une aide de 10 millions d’euros pour permettre l’arrachage de plusieurs hectares et diminuer la surface cultivée, dans le cadre de la loi de finances rectificative. « La culture de lavande et de lavandin a connu une augmentation des surfaces de 47% en dix ans et la demande a littéralement explosé, principalement du fait de la demande de cosmétiques et de produits naturels au détriment des huiles de synthèse », souligne Franck Mourgues, producteur de lavande et président de la Coordination Rurale des Bouches-du-Rhône.
En 2020, rien que dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les surfaces cultivées de lavande et lavandin ont progressé de 8% par rapport à l’année précédente, selon les données de l’Insee.
Véritable ressource économique locale, en termes d’emploi et de croissance, la lavandiculture est aussi une filière d’excellence, reconnue dans le monde entier, qui conjugue savoir-faire traditionnel et innovation. Pour la préserver, différentes structures de producteurs de lavandes des Alpes-de-Haute-Provence, du Vaucluse et de la Drôme ont officiellement lancé la démarche de candidature de l’or bleu au patrimoine mondial de l’Unesco.