Après la fermeture de la faculté d’économie de Colbert, à Marseille, en raison d’un climat d’insécurité lié au trafic, la préfecture de police annonce la mise en place d’une présence policière permanente devant l’établissement pour assurer sa réouverture.

« COFFE LA FAC », lit-on en énormes lettres capitales à 20 mètres de l’entrée de la faculté d’économie et de gestion du centre-ville de Marseille. Le graff indique un point de deal qui a pris de l’ampleur ces derniers temps, face à la halle Puget, malgré un renforcement de la présence policière.

Durant les vacances d’été, les trafiquants semblent avoir pris leurs aises. Les 1 500 étudiants ont fait leur rentrée « dans un climat d’insécurité », déplore le doyen de la faculté, Bruno Decreuse. Le chef de la division de sécurité Centre de Marseille, Stéphane Brunoni, confirme : « La situation s’est tendue ces derniers mois », dans un contexte de « tentative d’installation d’un point de deal fixe ».

« Nous avons interpellé 29 trafiquants ici le dernier mois. Hier encore [mardi 3 octobre], des trafiquants significatifs et connus ont été arrêtés. On n’a jamais été aussi près d’un démantèlement de point de deal ». Pour lui, c’est ce contexte qui justifie le « climat de nervosité » qu’ont ressenti les universitaires.

C’est pourquoi, Aix-Marseille Université (Amu) a décidé de fermer les portes de l’établissement pour une semaine assurant les cours en distanciel. « Une décision radicale », assume Bruno Decreuse, afin de mettre la pression sur les pouvoirs publics, « pour faire bouger les choses ».

policière, Fermée pour cause d’insécurité, la fac Colbert rouvre sous protection policière, Made in Marseille
À gauche, la halle Puget, en face, la fac, et à droite, les graffs du point de deal

Une garde policière statique permanente

La méthode semble avoir porté ses fruits. Quelques heures plus tard, la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, a réuni le président d’Aix-Marseille Université, Éric Berton, des élus de la Ville de Marseille et la maire de secteur Sophie Camard.

Au sortir de la réunion, Éric Berton s’est dit satisfait des « mesures encourageantes précises ». La première, immédiate : une garde policière statique devant la faculté.

De quoi se projeter sur une réouverture rapide de l’établissement ? « Pour moi, dans ces conditions, oui, c’est satisfaisant, répond le président d’Amu. Mais l’université est une démocratie. Je vais prévenir mes collègues de la faculté d’économie qui décideront ». Un délai serré pour prévenir les élèves et enseignants d’ici demain mais les cours en présentiel pourraient reprendre vendredi.

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La police a renforcé les patrouilles sur la place ces derniers mois

Vers des solutions durables pour pacifier la halle Puget ?

Mais sur le long terme, dans cette zone, « il faut apporter des solutions multidimensionnelles à un problème multifactoriel, clame le doyen de la fac Colbert. Il est temps de faire avancer ce quartier au potentiel exceptionnel ».

Du côté de la police, Stéphane Brunoni s’accorde pour dire que la réponse doit être multiple. « Nous travaillons avec les bailleurs », car les trafiquants ont occupé un appartement et un hall d’immeuble. « La Métropole aussi doit aménager la zone pour éviter l’implantation de « drive » », indique-t-il. Et la Ville « va restaurer les caméras de surveillance détruites ».

« Il y a également des sujets plus profonds sur cette place, ce n’est pas la première crise », estime pour sa part la maire de secteur Sophie Camard (GRS). Elle avait tenté en 2022 d’installer un marché de primeurs en semaine sous la halle Puget. Il s’agissait de réanimer la place, la redynamiser, pour « une réappropriation de cet espace public ». Mais les commerçants ont rapidement abandonné.

Sophie Camard espérait notamment que le marché serve de locomotive pour inciter à faire revivre les pieds d’immeubles tout autour de la place, dont les rideaux restent baissés, excepté une société de formation en sécurité en activité. « Il faut que tout le monde travaille ensemble et en même temps pour impulser une vraie dynamique ici », réaffirme Sophie Camard.

À savoir, les bailleurs pour s’occuper des locaux en rez-de-chaussée, le Département, propriétaire de l’ancienne maison de jeunesse et de sports désertée, la Métropole pour aménager la place, en enfin la Ville et l’université pour l’animer…  À suivre.

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