À Marseille, la rentrée scolaire a été marquée par le débat autour du port de l’uniforme à l’école. Gabriel Attal annoncera à l’automne les modalités d’expérimentation.

Faut-il généraliser l’uniforme à l’école ? Le sujet revient à intervalle régulier. En cette nouvelle rentrée scolaire, marquée par l’entrée en vigueur de l’interdiction du port de l’abaya et du qamis au sein des établissements scolaires en France, la présidente (DVD) du Département, Martine Vassal, annonce vouloir expérimenter le port de l’uniforme dans les collèges des Bouches-du-Rhône.

« Pour les jeunes, la tenue vestimentaire est souvent source de comparaison, de jalousie, voire de harcèlement et d’exclusion, explique-t-elle sur X (anciennement Twitter). S’il ne règle pas toutes les inégalités, l’uniforme gomme les différences sociales et permet une meilleure intégration des élèves ».

Par ailleurs, selon elle, « si la tenue scolaire obligatoire contribue à renforcer la sécurité des élèves en facilitant leur identification ainsi que celle des intrus éventuels au sein de l’établissement, c’est aussi un gain de temps et de pouvoir d’achat pour les familles ».

Une position qui ne date pas d’hier pour la présidente du Département qui, depuis 2002, souhaite un retour de l’uniforme. Cette déclaration intervient dans le sillage d’autres annonces, à l’instar de celle d’Éric Ciotti. Le président des Républicains a assuré dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) vouloir expérimenter le port de l’uniforme dans les collèges de son département des Alpes-Maritimes.

« Il y a bien d’autres sujets à régler »

Dans la perspective de mettre en place une expérimentation, Martine Vassal souhaite lancer une grande concertation avec l’Éducation nationale et les parents d’élèves.

Pour Christophe Merlino, président de la FCPE des Bouches-du-Rhône « il y a bien d’autres sujets à régler dans les collèges que le port de l’uniforme ». Les syndicats préfèrent aborder les questions de l’apprentissage, du nombre d’élèves par classe, des enseignants…  Le président de la FCPE évoque d’autres problématiques qui surviendraient avec le port de l’uniforme comme le coût. « Qui va payer ? » Et d’ajouter : « si la discrimination ne se fait plus par l’habit, elle va se faire par les baskets ou les bijoux. Pour nous, il n’y a pas trop de sujet ». 

« Je ne veux pas d’une école rétrograde »

Interrogé à ce sujet, alors qu’il fait la rentrée lundi 4 septembre dans l’école Peyssonel dans le 3e arrondissement, le maire de Marseille, Benoit Payan, indique vouloir se tenir à l’écart des polémiques et des « discours fabriqués autour de la rentrée autour des habits, c’est la fashion week en fait ! ».

Pour l’élu, il est préférable de « donner plus de moyens aux écoles et aux élèves pour pouvoir travailler. Je ne veux pas d’une école rétrograde bien au contraire. Je souhaite qu’on puisse donner aux enfants les moyens de s’épanouir ». Des débats autour de l’abaya et de l’uniforme sont « très politiques » juge-t-il, « et clivants ». « Moi, mon sujet ce n’est pas l’uniforme. Je sais que certains pensent que c’est l’essentiel, pour moi, l’essentiel, ce sont les petits ».

« Ma position politique sur l’uniforme à l’école est claire : j’y suis favorable depuis 10 ans », exprime pour sa part Samia Ghali, maire-adjointe, dans un post sur X, et d’insister comme Benoît Payan sur d’autres priorités, car à « Marseille, l’urgence est ailleurs, avec Benoît Payan, nous sommes au travail pour permettre à toutes les petit-e-s marseillais-e-s d’être accueillis dans des écoles dignes ».

Le recteur de l’académie Aix-Marseille favorable à une réflexion

Le recteur d’académie Aix-Marseille, Bernard Beignier, s’est dit favorable à une réflexion sur le port de l’uniforme. « C’est une solution parmi d’autres ». Il souligne néanmoins que l’expérimentation – si elle devait se faire – devra couvrir « tous les quartiers et que l’on détermine qui fournit la tenue », précisant que « la possibilité de réglementer les tenues scolaires existe déjà dans les règlements intérieurs ».

Précisons que le port de l’uniforme scolaire – on peut également parler de blouse – n’a jamais été obligatoire dans l’ensemble de l’enseignement public français. L’uniforme est actuellement en vigueur dans certains établissements en métropole et en outre-mer. « C’est une idée énoncée, d’ailleurs reprise par le ministre Gabriel Attal, est qui est de l’ordre de la discussion et non de la décision », ajoute Bernard Beignier, depuis le collège Versailles, où il était en déplacement aux côtés de Martine Vassal.

« Les modalités d’expérimentation dès l’automne » 

En effet, de son côté, l’exécutif confirme être en faveur d’une expérimentation « pour faire avancer le débat », indique ce lundi 4 septembre le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, au micro de RTL. Si pour lui, le retour de l’uniforme n’est « pas une solution miracle », il estime que la mesure « mérite d’être testée (…) assez vite. Le meilleur moyen de se faire une idée est de tester les choses dans les établissements ». 

Le ministre annoncera « les modalités d’expérimentation dès l’automne », sans donner davantage de précisions. En attendant, Gabriel Attal invite déjà les « élus intéressés » par cette expérimentation à se rapprocher de ses services. « Je souhaiterais qu’il puisse y avoir des territoires et des établissements différents – écoles primaires, collèges lycées -, qu’on ait une vraie méthodologie d’évaluation et qu’on regarde ensuite si c’est utile ou pas pour les élèves ».

Martine Vassal s’est d’ores et déjà manifestée. « Il n’est pas question de mettre uniquement des jupes plissées avec un petit chemisier blanc fermé jusqu’en haut. L’idée est de mettre des vêtements dans lesquels les enfants se sentent bien, des vêtements d’aujourd’hui, pour qu’il n’y ait plus cette différence et créer un sentiment d’appartenance », explicite-t-elle depuis le collège Versailles (3e).

uniforme, Bientôt l’uniforme expérimenté dans les collèges des Bouches-du-Rhône ?, Made in Marseille

« Dress code » : Jean-tee-shirt

Elle estime d’ailleurs qu’un tee-shirt simple dépourvu de logo avec jean peut faire office de « dress code ». C’est d’ailleurs ce qu’a fait valoir le chef de l’Etat dans une interview sur la chaîne du youtubeur HugoDécrypte : « Sans avoir un uniforme, on peut dire ‘vous vous mettez en jeans, tee-shirt et veste‘», dit-il, favorable à des « expérimentations » et à une « évaluation » du port de l’uniforme à l’école. « La question de la tenue unique est à mon avis plus acceptable, peut paraître un peu moins stricte d’un point de vue disciplinaire », a ajouté le président de la République.

Alors qu’un tiers de la valeur des frais de rentrée scolaire concerne l’habillement, Martine Vassal prône des tenues vestimentaires identiques pour tous les collégiens : « des habits sans logo, sans marque, ça sera déjà beaucoup moins cher pour les familles », poursuit Martine Vassal, qui estime que « la problématique se pose aussi pour les écoles primaires et les lycées. Si on l’évacue, on pourra se concentrer sur d’autres sujets, notamment le harcèlement scolaire, pour que l’enfant puisse s’épanouir. On va voir ce que l’État nous propose sur l’expérimentation ». 

A ce stade, différents points doivent encore être éclaircis, notamment sur la question du financement de cette tenue scolaire. Qui va payer la facture ? Les collectivités ? Les parents d’élèves ? Ou 50-50 ? Et quels sont les établissements candidats à cette expérimentation. Des questions auxquelles la concertation doit permettre de répondre. Dans les collèges des Bouches-du-Rhône favorables à ce processus, les tenues uniformisées pourraient faire leur apparition à la rentrée prochaine.

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