Jihane Azizi, alias Jiji, a transformé l’épicerie familiale en une boutique de décoration devenue emblématique du quartier : la Palme d’Or.

Paniers en osier suspendus, jarres en paille tressée empilées les unes sur les autres, poteries colorées disposées sur des tables basses en zellige… bienvenue dans l’antre de la décoration de Jihane Azizi, plus connue sous le nom de « Jiji la Palme d’Or ». Cette boutique incontournable de la rue d’Aubagne, au cœur de Noailles, met à l’honneur l’artisanat de la Méditerranée et d’ailleurs.

« Ici, ma chérie, tout est fait à la main, assure la patronne. Je ne veux pas de plastique, uniquement des matières brutes ». Femme d’affaires de caractère et chineuse hors pair, Jiji déniche avec un œil avisé des objets et des meubles uniques, en provenance du Maroc, de la Tunisie, ou encore la Turquie, l’Égypte ou le Sénégal.

jiji palme d'or, Jiji la Palme d’Or, reine de la rue d’Aubagne, Made in Marseille
© Olivia Chaber

Une histoire de famille

L’histoire de Jiji et celle de la Palme d’Or sont intimement liées. C’est lors de son année de naissance en 1979, que son père, Hamda Azizi, tout juste arrivé à Marseille de Tunisie, rachète l’échoppe. En grandissant, l’aînée de la fratrie baigne dans l’ambiance de l’épicerie familiale, entre les épices, les fruits secs et les sucreries.

« Le commerce, j’ai ça dans le sang. Petite, je vendais déjà mes affaires à l’école, se souvient-elle en riant. Quand je sortais des cours, je venais voir mon père à la boutique, et je l’aidais beaucoup le week-end. Peut-être que quelque chose s’est passé à ce moment-là ».

En 2007, ce dernier envisage cependant de vendre l’affaire. Jiji, terminant ses études dans la vente, se décide à reprendre les rênes du 16 rue d’Aubagne. Quelques années plus tard, elle agrandit la boutique et la modernise en ajoutant à ses rayons des produits cosmétiques et des objets de décoration d’Afrique du Nord.

« C’était une épicerie “à l’ancienne”. J’ai voulu revaloriser le commerce et me différencier des autres, car des épiceries, ce n’est pas ce qui manque à Noailles, explique-t-elle. J’ai commencé avec deux ou trois tabourets qui se couraient après, un peu de vaisselle… et petit à petit, comme on dit, l’oiseau fait son nid ! ».

Ce nouveau concept, inspiré de l’atmosphère et de l’abondance des souks traditionnels marocains, ne tarde pas à séduire les Marseillais et les clients de passage en quête de pièces authentiques ou de souvenirs à rapporter. Avec sa boutique désormais emblématique, Jiji conseille également les décorateurs d’intérieur, restaurateurs et gérants de maisons d’hôtes à la recherche d’une décoration aux accents méditerranéens.

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© Olivia Chaber

Coopératives d’artisans

Aujourd’hui divisée en trois boutiques de part et d’autre de la rue, la Palme d’Or propose des centaines de références d’articles de décoration d’intérieur et d’extérieur, sélectionnées à partir d’échantillons ou découverts sur les marchés au gré des voyages de Jiji.

Le magasin travaille depuis plusieurs années en lien avec des coopératives regroupant une quarantaine d’artisans marocains, ainsi qu’une vingtaine en Tunisie.

De Rabat à Marrakech, en passant par Tunis ou Carthage, « chaque région, chaque ville a ses spécialités, il y a toujours une histoire derrière, explique Jiji. Nous avons établi une relation de confiance avec les artisans qui sont sur place, ce sont vraiment nos partenaires ».

Cet échange direct avec les créateurs permet d’importer dans sa boutique marseillaise une impressionnante diversité de pièces uniques et de qualité, en privilégiant des matériaux naturels.

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© Olivia Chaber

Quantité et qualité

D’une pièce à une autre, on retrouve des assiettes en terre cuite de Nabeul, verres beldi, poteries de Tamegroute, suspensions en rotin, miroirs en laiton ou tapis berbères, jusqu’aux produits d’hygiène comme le savon d’Alep ou le beurre de karité… la Palme d’Or recèle des trésors en tous genres, qui débordent jusque dans la rue.

« Il y a un peu de tout. La quantité y est, il y a le choix. Même les clients se perdent, plaisante-t-elle. On essaye qu’ils soient contents ». Le credo de Jiji est simple : « un magasin, il faut que ce soit plein ». Pour autant, soucieuse de la présentation, la gérante aime « souvent changer les choses de place selon les inspirations et les arrivages. Je fais en fonction de mes goûts ».

« Chaque été et chaque hiver, nous proposons une nouvelle collection d’objets. Et tous les mois, on essaye de faire travailler un nouveau pays », poursuit Jiji. Cet été, les nattes en plastique et coton recyclé du Sénégal et les éventails en paille tressée du Ghana ont pris place près des meubles de jardin, devant la boutique.

Mais l’article phare reste le panier en osier, dont les nombreux modèles couvrent toute la façade du magasin. « Il y en a de toutes les tailles, reprend Jiji. C’est l’incontournable de la boutique, c’est grâce à ça que je me suis fait connaître. J’ai commencé avec un panier, maintenant, je suis à presque une cinquantaine de modèles, si ce n’est pas plus ! ».

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© Olivia Chaber

« Noailles, c’est ma vie »

Travailleuse acharnée, aussi souriante qu’hyperactive, Jiji veille à ce que sa clientèle vive la meilleure expérience possible. « Je suis là tous les jours, je n’arrive pas à décrocher, admet la mère de trois enfants. J’ai même failli accoucher de mon premier bébé dans le magasin… dit-elle avec humour. Même si l’équipe est au top, mon père m’a toujours dit que quand le patron n’est pas là, la boutique est abandonnée. On n’a rien sans rien, ma chérie ! ».

S’il est arrivé à la commerçante de recevoir des propositions pour dupliquer la Palme d’Or ailleurs, elle a toujours refusé. « Noailles, c’est ma vie, c’est ma jeunesse, c’est l’air que je respire ! Je suis bien ici ». Ce quartier, pour elle, « c’est la diversité, un mélange de cultures où chacun trouve ce qui lui plaît. C’est le cœur, le centre, et le ventre de Marseille ».

Jiji se dit ravie de la hausse de fréquentation touristique du quartier ces dernières années, mais reste reconnaissante aux Marseillais, « en force. C’est grâce à eux qu’on est devenu les “incontournables”. Ce sont eux d’abord qui m’ont fait travailler, qui m’ont fait connaître… le bouche à oreille est énorme, maintenant, on me connaît jusqu’à Paris ! ».

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© Olivia Chaber

Informations pratiques

Jiji La Palme d’Or
16 Rue d’Aubagne, 13001
Ouvert tous les jours de 8h30 à 19h

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