La Savonnerie du Midi lance le premier savon solidaire au profit du fonds de secours du bataillon des marins-pompiers de Marseille.
Au cœur de la salle historique des chaudrons, les carrés aux six faces de savon de Marseille, estampillées du logo du bataillon des marins-pompiers de Marseille (BMPM), sont disposées en évidence. Et pour cause, la Savonnerie du Midi a décidé de s’engager aux côtés de la plus importante unité de la Marine Nationale, qui regroupe 2600 militaires et civils, avec la production de 2000 savons de Marseille solidaires.
À chaque vente, un euro sera reversé au profit du fonds de secours du bataillon, qui permet de venir en aide financièrement aux marins-pompiers blessés ou à ceux qui ont connu un accident de vie dans leur entourage. « Le marin-pompier porte secours dans la ville et dans les foyers mais de temps en temps il arrive qu’il ait besoin de secours et c’est à cela que ce fonds est destiné », souligne le vice-amiral Lionel Mathieu, commandant du BMPM à l’occasion du lancement du produit solidaire, accompagné du président de la savonnerie, Guillaume Fievet, de la capitaine de frégate Adeline Duc ainsi que de marins-pompiers.
La Marine nationale s’invite chez les Français
Depuis 2021, la Marine Nationale a lancé une série de produits pour investir le quotidien des Français comme le jeu de bataille navale en bois de l’école des mousses ou encore une peluche en forme de sous-marin pour les forces sous-marines. « L’idée, c’est de faire découvrir autrement la vie marine. Il faut comprendre que c’est une armée très technique qui coûte assez cher pour le contribuable. On a le devoir d’expliquer aux Français à quoi ça sert. On a décidé de développer la marque Marine Nationale pour entrer dans leur quotidien d’une manière différente », résume Adeline Duc, capitaine de frégate.
Et quoi de mieux que de le faire aujourd’hui à travers le symbolique savon de Marseille, pour le bataillon des marins-pompiers. « Ce savon est le fruit de la tradition, porté par un maître savonnier. Marseille est l’ADN des marins-pompiers, ils sont l’un des symboles de la ville de Marseille. Nous partageons les mêmes valeurs de l’excellence, de la tradition, de la création, du savoir-faire humain au cœur de notre métier. Et la solidarité », estime le vice-amiral.
Le savon de Marseille, un savoir-faire à protéger
La Savonnerie du Midi fait partie des plus anciennes fabriques de savon et est une des dernières également. C’est dans une ancienne minoterie marseillaise, transformée en savonnerie dans les années 70, que 8 millions de savons sont produits chaque année dans cinq chaudrons. Chacun pouvant contenir entre 10 à 20 tonnes de savon.
La Savonnerie du Midi, reconnue entreprise du patrimoine vivant, et trois autres établissements (Le Serail – Le Fer à Cheval – Marius Fabre) ont fondé en 2021 l’Union des Professionnels du Savon de Marseille (UPSM), afin de promouvoir ce cube traditionnel à travers la France mais aussi le monde. « Nous avons déposé un dossier [en 2015] pour que le vrai savon de Marseille soit un label d’État et soit reconnu. N’étant pas protégé, on est en concurrence avec des produits d’origine géographique différente et de qualité différente. Il y a aussi un besoin de reconnaissance pour les salariés de ce savoir-faire spécifique », relève Guillaume Fievet, président de la Savonnerie du Midi.
En attendant une certification officielle, l’UPSM a lancé son propre label attribué aux entreprises locales respectant sur trois critères essentielles : la composition aux quatre ingrédients (huiles végétales, soude, sel marin et eau), la position géographique dans les Bouches-du-Rhône ainsi que sa fabrication traditionnelle marseillaise en cinq étapes. Un gage de qualité et de fiabilité.
La savonnerie continue de se développer
Le véritable savon de Marseille connaît une belle reconnaissance à l’international. Avec ses 25% d’exportation, principalement en Asie, la Savonnerie du Midi a vu son chiffre d’affaires bondir, passant de 4,5 millions d’euros en 2013 à 10 millions d’euros en 2020. Une explosion qui s’explique par un retour à l’authenticité des produits fabriqués localement selon le directeur. « Il y a eu une prise de conscience écologique progressive. C’est devenu du tourisme de savoir-faire avec le besoin de comprendre et de donner un sens à l’acte d’achat », affirme Guillaume Fievet.
L’entreprise a bénéficié du plan de relance France 2030 – plan d’investissement de 54 milliards d’euros afin de rattraper le retard industriel français – qui lui permettra d’ouvrir une nouvelle ligne de fabrication d’ici à la fin de l’année. L’objectif ? « Augmenter de 50% sa production et pouvoir disposer d’emballages écologiques », le savon lui-même étant déjà certifié Ecocert.
Le lancement du savon solidaire BMPM s’accompagne de l’ouverture d’une exposition de photographies inédite, mettant en avant l’action au quotidien des marins-pompiers et de leurs missions. Un cheminement présenté tout l’été qui permet d’entrer dans le musée et sa collection privée, dédiée au savon.