Alors que s’ouvre la saison estivale, l’Office de tourisme de Marseille, désormais géré par la Ville, réaffirme sa stratégie pour un tourisme durable avec notamment la mise en place d’un comité de réflexion cet automne. Y siégeront des professionnels du secteur, mais aussi des habitants et des mairies de secteur.
Accueillir, promouvoir, fédérer et observer. Voilà les quatre piliers sur lesquels repose la stratégie de la Ville de Marseille pour ancrer durablement sa politique touristique dans la cité phocéenne, destination très prisée chaque été. Une mise en œuvre désormais simplifiée grâce à son nouveau bras armé : l’Office de tourisme, des Loisirs et des Congrès de Marseille, présidé par le maire Benoît Payan.
Le transfert de la Métropole à la Ville de Marseille, dans le cadre de la loi 3DS, au printemps dernier, s’est accompagné d’un changement d’appellation pour marquer la volonté d’une ouverture aux visiteurs, mais aussi aux Marseillais. « Nous sommes dans une année de transition dans laquelle tout le monde prend ses marques. On travaille main dans la main avec l’Office de manière à avoir une organisation la plus intégrée possible à la fin de l’année », assure Laurent Lhardit, président délégué de l’organe touristique et adjoint au dynamisme économique, à l’emploi et au tourisme durable.
60 000 personnes renseignées en 2022 avec le dispositif « Hors les murs »
Encore dans le giron métropolitain au début du mandat du Printemps marseillais, l’Office de tourisme avait accepté de mettre en place un dispositif “Hors les murs”, première illustration d’une politique touristique plus vertueuse. L’idée est de désengorger certains sites emblématiques à Marseille en période de grandes affluences (Vieux-Port, Le Panier, Notre-Dame de la Garde…) en réorientant les touristes vers d’autres parcours favorisant la découverte du patrimoine urbain et culturel.
Lors de son lancement en 2021, 10 000 personnes ont été renseignées par les 60 saisonniers déployés sur onze sites, notamment dans les Calanques. « Nous avons repositionné le dispositif en 2022 avec 48 saisonniers sur dix points et étalé à l’avant-saison. 60 000 visiteurs ont été renseignés en plus de l’accueil à l’Office sur la Canebière », affirme Maxime Tissot, directeur de l’Office de tourisme. Cette année, 48 agents (en binôme) sont présents sur huit points d’information.
L’accueil plus que la promotion
Dans l’optique de renforcer l’accueil des visiteurs, la Ville de Marseille – comme elle l’avait déjà signifié il y a deux ans – prévoit de réduire les moyens consacrés à la promotion de la ville, sans les chiffrer à ce stade, pour les réorienter sur la diversification des activités, avec toujours pour ambition de proposer une expérience plus qualitative aux touristes comme aux Marseillais. « Depuis plusieurs années, on constate sur la haute saison que faire la promotion de la destination Marseille n’a plus de sens. Il est essentiel de bien recevoir les visiteurs lorsqu’ils sont sur place de manière à leur donner toutes les informations pour bien les orienter », souligne Laurent Lhardit. Compte tenu d’un certain nombre de projets engagés, les montants dédiés à l’accueil devraient être précisés en 2024.
Plus encore à l’approche d’événements majeurs comme la Coupe du monde de rugby (9 septembre-15 octobre 2023), la venue du Pape (le 23 septembre 2023) ou encore les Jeux olympiques 2024 (26 juillet-11 août 2024).
Le “RoadBook”, lancé il y a un an, est aussi un outil d’information sur lequel compte l’Office de tourisme marseillais, pour optimiser l’accueil. Disponible en français, en anglais et en espagnol, « il est capable de faire un programme sur mesure par rapport à ce que vous aimez, poursuit Maxime Tissot. Par exemple, connaître la programmation des spectacles, la réglementation du Parc des calanques, où sortir… Il vous envoie un lien par mail ou pas SMS avec des éléments de réponses à vos questions. C’est un dispositif qui s’étend à tous les offices de tourisme de la région. Marseille est assez leader sur ce genre de technologie ». Plus de 2 000 roadbooks ont été générés depuis un an.
Un comité de réflexion élargi
Pour développer une stratégie plus vertueuse, un comité de réflexion va être mis en place cet automne. Il regroupera l’ensemble des professionnels du secteur, mais aussi des habitants et des mairies de secteur. « Comment peut-on concevoir le développement touristique à Marseille sans associer la RTM, la SNCF, le Port (dans lequel arrive 1/3 des touristes qui visitent la métropole), l’aéroport…», estime Laurent Lhardit, faisant référence à la sur-représentation des hôteliers et l’absence de certaines catégories professionnelles dans les précédents statuts.
La Chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence, l’UMIH… « ceux qui étaient dans le comité directeur avant, en tant que représentants des professionnels du tourisme, seront représentés, assure l’élu. Ils seront conviés à la rentrée à venir siéger au sein du comité ». Il prévient : « Je ne veux pas d’un comité Théodule. Il y aura une ou deux assemblées plénières par an, mais ce sera essentiellement des groupes de travail. On retiendra ensuite les propositions les plus intéressantes qu’on mettra en œuvre ».
Un secrétaire général va être recruté pour assurer le suivi des dossiers. Une feuille de route devrait être dévoilée avant l’été 2024. Une délibération actant les quatre principes clés de la stratégie devrait être présentée lors du conseil municipal d’octobre.
Des outils plus efficients pour mesurer la fréquentation
Parallèlement, l’Office de tourisme veut affiner son observation des flux touristiques. Dès cette année, le budget prévu pour les études va être doublé (de 200 à 400 000 euros annuels) pour réaliser des analyses précises sur la fréquentation, les locations Airbnb… « Dès cet été, une première enquête de terrain va être menée avec la question : qu’est-ce que les touristes pensent de leur séjour à Marseille ?, annonce Laurent Lhardit. On a déjà commencé à demander aux Marseillais ce qu’ils pensaient du développement touristique et on commence à avoir quelques éléments ».
Le président délégué évoque aussi une « étude lourde et permanente sur la période la plus creuse et la plus haute, chaque année ». Un baromètre pour voir l’évolution de la perception de Marseille par les visiteurs. L’objectif aussi est de mettre en place un outil de mesure spécifique qui permettra de suivre l’évolution avec précision avec un chiffre global et notamment les nouvelles technologies de téléphonie qui permettent à un instant-T de savoir exactement où sont les visiteurs, mesurer les flux… « On veut d’ici à la fin de l’année avoir un dispositif performant », ajoute Laurent Lhardit.