Coco Velten fête ses 5 ans d’existence. Un lieu atypique à Belsunce où se mêlent hébergement social, restaurant solidaire et ateliers-bureaux.
Ce devait être une expérience provisoire mais, désormais, elle est partie pour durer. Coco Velten a définitivement pris ses quartiers au coeur de Belsunce, à deux pas de la Porte d’Aix, dans un ancien bâtiment de l’État de 4000 m² transformé en lieu d’hébergement social, d’accueil et de travail.
Le bailleur social de la Ville, Marseille Habitat, a acté le rachat du bâtiment le 31 mars 2023 pour un montant d’1,3 million d’euros, permettant ainsi à ce lieu hybride de continuer à relever le défi de la mixité sociale grâce à ses projets collectifs.
Un tiers-lieu foisonnant
Dans le bâtiment de l’ancienne Direction des Routes, aux allures administratives, les murs ont pris des couleurs. La musique jouée par certains résidents retentit au fond des couloirs. La végétation a pris place sur le toit aménagé en pépinière où la vue de Marseille, de La Major en passant par la Bonne Mère jusqu’à l’église des Réformés, est imprenable. 4 étages où la résidence d’hébergement et les 42 ateliers-bureaux cohabitent ensemble.
« Tout est mélangé ici, il n’y a pas d’étage spécifique à chaque espace. Nous sommes près de 200 au total chaque jour » explique Ambre Jouve, chargé de communication de Yes We Camp, l’association à l’origine du projet en copilotage avec le Groupe SOS Solidarités et la coopérative Plateau Urbain.
80 personnes sont hébergées au sein de la résidence sociale qui dépend du 115. « Personnes sans domiciles fixes, migrants, anciens détenus, femmes qui ont fui leur foyer, personnes en souffrance psychologique…». Coco Velten, en collaboration avec le Groupe SOS Solidarités, héberge différents publics qui ont leur propres espaces privés. Seules la cuisine et les salles bains sont communes aux résidents.
Les cinq années qui viennent de s’écouler ont vu naître 42 ateliers-bureaux, dans lesquels ont pris place associations, entrepreneurs, artistes… qui oeuvrent dans l’économie sociale et solidaire, dans la production culturelle et artistique, en faveur de l’environnement ou de l’éducation avec l’association Kipawa. Cette structure propose un programme d’apprentissage du français aux personnes exilées à Marseille. Ces résidents, qui payent un loyer modéré, contribuent au fonctionnement économique de Coco Velten, tout en assurant la programmation avec des ateliers, tables rondes et autres activités.
La cantine, lieu de vie et de solidarité
Coco Velten, c’est aussi sa cantine solidaire. « C’est ici que tout a commencé, la Cantine reste l’endroit central qui a vocation a irrigué le lieu » déclare Melanie Legas, coordinatrice de Plateau Urbain. Résidents, travailleurs, voisins et habitants du quartier peuvent venir y savourer une cuisine anti-gaspillage préparée avec des produits locaux et issus de l’aide alimentaire.
La cantine a mis en place une plateforme de récupération des invendus avec les coursiers locaux. Les denrées sont également à disposition tous les lundis après-midis à destination des personnes qui souhaitent réaliser un repas.
Grâce aux service de maraude, ce sont 50 repas par jour qui sont offerts aux personnes dans le besoin. Les clients peuvent également offrir un repas ou café suspendu. 8,50 € pour le plat du jour et 6 € pour les sandwichs. Un prix accessible pour tous, sans oublier, les mercredis soirs, un service ouvert à tous avec un repas à prix libre.
Un financement devenu viable
Désormais, Coco Velten assure son financement grâce aux subventions, à la location des ateliers-bureaux ainsi qu’aux recettes de la Cantine. Le collectif propose aussi une privatisation d’un grand gymnase appelé La Halle et d’autres annexes où des séminaires et autres réunions sont organisés par les entreprises au sein du tiers-lieu : « Cela nous permet de nous financer mais surtout d’amener d’autres personnes extérieures et de créer davantage de mixité du public », précise Ambre Jouve.
L’argent qui part dans la cagnotte commune permet aux résidents de financer des activités de loisirs où des projets décidés collectivement.
Une gouvernance collective
« Ce qu’on propose demain, on le travaille tous ensemble », se réjouit Melanie Legas. Tous les trois mois, un conseil de vie est organisé où les représentants des résidents, des ateliers-bureaux, et les acteurs de Coco Velten échangent des problèmes qui peuvent survenir et des prochaines idées et projets à mettre en place.
Le dernier en date a permis au collectif d’organiser l’anniversaire de ces 5 ans avec un week-end de festivités les 12 et 13 mai. Ateliers de sensibilisation, lecture de contes, chasse au trésor pour les enfants, projections, expositions, concerts, banquet, tournoi de foot, marché aux plantes … Le week-end s’annonce festif au sein de l’îlot Velten. Une richesse et un panel d’activités qui démontre le foisonnement du tiers-lieu, devenu une petite institution marseillaise.