Installée depuis 1815 à Noailles, l’herboristerie du Père Blaize devra certainement déménager suite à la vente des immeubles qu’elle occupe. L’enseigne vise la Canebière pour un nouveau départ.
« Ça fait 207 ans que l’herboristerie du Père Blaize est installée ici », rappelle Cyril Coulard, qui a pris la tête de cette institution en 2013, après six générations de la famille Blaize.
La pharmacie spécialisée dans la médication par les plantes est un patrimoine marseillais vivant. Pour preuve, la rue Méolan où elle siège dans le quartier de Noailles s’est rebaptisée rue Méolan-et-du-Père-Blaize.
Malgré plus de deux siècles à occuper le rez-de-chaussée du N°4, et investir petit à petit les étages et pièces voisines, l’herboristerie demeure locataire.
Le propriétaire a décidé de vendre, comme l’a relevé La Marseillaise. Il a mandaté l’agence immobilière Ceprogim Colin pour mettre l’immeuble sur le marché. Le lot de 712 m² comprend deux bâtiments voisins pour 1,45 million d’euros en tout.
L’herboristerie va-t-elle devoir quitter la rue qui porte son nom ?
Pour l’heure, Cyril Coulard y voit flou. Le propriétaire ne semble pas particulièrement enclin à lui vendre le local commercial puisqu’il opte pour la vente du lot.
« Ils nous ont invités à quitter l’immeuble. Ils nous disent qu’ils vendront plus cher à Airbnb qu’à nous », lance l’herboriste, appuyant sur une corde sensible du quartier. Si l’annonce précise « sous offre d’achat », il nous est pour l’heure impossible de vérifier la destination de la vente, malgré nos sollicitations auprès de l’agence immobilière.
Avec l’ancienneté et un bail de nature commerciale, le pharmacien et ses conseils juridiques entrevoient une petite possibilité de préemption. Mais cette fenêtre est faible. Notamment car l’herboristerie a investi bien plus que le rez-de-chaussée commercial.
En effet, entre ses besoins en stockage et la création de son propre laboratoire de pilules pharmaceutiques, l’enseigne occupe désormais des étages et des caves des immeubles N°4 et N°6.
La Mairie déroule le tapis rouge sur la Canebière
« De toute façon, on est un peu à l’étroit ici », admet Cyril Coulard. « C’est peut-être l’occasion de se projeter sur des locaux plus adaptés », lâche-t-il, préférant « voir le côté positif des choses ».
Il admet d’ailleurs s’être déjà mis en quête de locaux à proximité. « Il faut rester dans ce secteur historique de Marseille pour conserver l’âme et l’authenticité de l’herboristerie ». La Canebière, en pleine redynamisation commerciale, s’impose comme un compromis de choix.
« Une évidence », même, pour Rebecca Bernardi, adjointe au maire de Marseille en charge du commerce. « Nous jouerons de tous nos moyens pour faire rayonner cette enseigne emblématique de Marseille ». Alors qu’elle travaille avec les promoteurs de la Canebière pour revitaliser les locaux commerciaux, « j’ai mis l’herboriste en relation pour lui trouver le meilleur espace possible ».
Le pharmacien a déjà visité deux locaux proches du Vieux-Port. « Notre priorité c’est la santé par les plantes pour le plus grand nombre. Si on gagne en visibilité et en surface, pour une meilleure expérience du personnel et des clients, pourquoi pas ». Il faudra toutefois attendre un peu avant de renommer l’avenue : Canebière-du-Père-Blaize.