Un arbre qui traverse le toit, une rampe qui atterrit au milieu d’un parc, un hall monumental vitré… Visite en avant-première du musée d’art contemporain [MAC] de Marseille entièrement rénové. L’ouverture est prévue le 7 avril 2023.
Tout le monde s’affaire sur les dernières finitions. Les artisans reprennent quelques détails, le documentaliste, au milieu de cartons, déballe ses livres d’art pour les mettre en rayons. Dans l’espace muséal, l’artiste italienne Paola Pivi court à droite et à gauche pour mettre en scène la première exposition du musée d’art contemporain [MAC] de Marseille, qui va enfin rouvrir ses portes après quatre ans de fermeture.
« Ça a été un chantier douloureux », reconnait l’architecte Maxime Repaux (BAM). Mais l’heure n’est plus aux explications sur les innombrables contretemps d’un chantier qui devait durer un an. L’heure est à l’excitation de voir rouvrir, le 6 avril, pour son inauguration, un des musées majeurs de la ville, de stature nationale, dédié à l’art moderne.
Un point sur lequel insiste Guy Peralo, « la mémoire du musée », en charge du centre de documentation du MAC. « C’est un haut lieu du « nouveau réalisme ». Le mouvement est largement représenté ici ». À commencer par une de ses figures de proue, le sculpteur marseillais César. Son pouce monumental, sur le rond-point voisin, trône comme un repère, et ses œuvres débordent jusque dans le parc central de Bonneveine, à l’arrière.
« Recréer du lien entre la nature, le grand public, et l’art contemporain ».
Le Bureau Architecture Méditerannée (BAM) a d’ailleurs souhaité articuler le musée avec cet espace vert qui regorge de sculptures. Une nouvelle entrée, rouge vif, a pris place sur une bute du jardin. Elle dessert une rampe qui traverse le musée de part en part « et rétablit la liaison entre le parc et le musée », décrit Maxime Repaux.
L’architecte milite d’ailleurs pour la création d’un événement artistique de plein air régulier. On retrouve ici le leitmotiv qui l’a guidé, avec son confrère Frédéric Roustan, dans la restructuration du MAC. « Recréer du lien entre la nature, le grand public, et l’art contemporain ».
Pour la nature, elle entre de diverses manières. Au-delà des matériaux, comme l’inox omniprésent « pour le refléter », et la lumière naturelle qui éclaire un bâtiment largement vitré, le grand platane qui traverse le musée en ressortant sur le toit retiendra l’attention du visiteur. Un toit devenu une immense terrasse « de 300 m2, pouvant accueillir 500 personnes » poursuit l’architecte.
Toit-terrasse, hall monumental… L’événementiel pour attirer le grand public
Avec sa cuisine pour la restauration, son espace d’exposition artistique, son promontoire pouvant servir de scène, « ce rooftop doit accueillir régulièrement des événements ». Tout comme le nouveau et immense hall, réhaussé à 8 mètres de hauteur et entièrement vitré, pouvant contenir des œuvres monumentales.
« Aujourd’hui, les musées ont besoin de l’événementiel pour attirer de nouveaux publics. Le toit-terrasse, et le hall sont des outils pour cela », insiste Maxime Repaux. Sans oublier le cinéma de 170 places. Le tout pensé comme « une architecture contextuelle, en lien avec son environnement. Pour l’ouvrir sur l’extérieur et impulser une nouvelle dynamique ».
Pour le reste, soit 2 700 m2 d’espaces d’exposition, « nous nous sommes concentrés sur l’art. Le bâtiment est un contenant qui doit être neutre, dédié à la mise en valeur des œuvres ».
Paola Pivi inaugure le MAC : « Comment pourrais-je être plus heureuse ? »
Paola Pivi s’est emparée de trois galeries de l’espace muséal pour son exposition It’s not my job, it’s your job qui chatouillera divers sens du visiteurs. Elle jouera notamment avec l’équilibre du public. « Je fais le premier show du nouveau musée magnifiquement rénové. Comment pourrais-je être plus heureuse ? ».
L’artiste italienne, devenue une figure majeure sur la scène artistique contemporaine internationale, rend hommage à ce musée « très important pour l’histoire de l’art. Il a reçu d’incroyables expositions avant moi et sa collection est sublime ». Elle a d’ailleurs pioché dedans avec gourmandise pour créer un dialogue avec ses propres créations.
C’est la deuxième fois qu’elle expose à Marseille « une ville géniale qui m’inspire, comme la France, pour la liberté de ton et d’expression ». Une atmosphère qu’elle retrouve dans les galeries du MAC, « un site parfait pour montrer mon art ». Le rendez-vous est pris le 6 avril 2023.