Made in Marseille vous en parlait il y a un mois à l’occasion d’une analyse approfondie, les professionnels du centre-ville se questionnent sur leur avenir. Face à l’ouverture de nouveaux centres commerciaux toujours plus modernes et attrayants et au développement de la vente sur internet qui font déserter les clients, les commerçants du centre-ville cherchent de nouveaux atouts.
L’Union pour les Entreprises (UPE) du 13 et la fédération Terre de Commerces esquissent une piste de réflexion : créer une Zone Franche Urbaine (ZFU) – Territoire Entrepreneur (TE) pour renouer avec l’attractivité. Made in Marseille a tendu son micro à leurs dirigeants pour comprendre cette proposition. Analyse.
Vous avez dit ZFU-TE ?
Une Zone Franche Urbaine – Territoire Entrepreneur est un dispositif voué à redynamiser un territoire. Il permet à une activité industrielle, commerciale, artisanale ou libérale de bénéficier d’importantes exonérations fiscales pendant plusieurs années, sous certaines conditions.
Il est destiné aux entreprises modestes (moins de 50 salariés) et locales. En effet, la majorité des employés doivent résider à proximité de leur lieu de travail. Une ZFU se donne comme mission de revaloriser un quartier défavorisé. Elle ne peut être appliquée qu’à une aire de plus de 10 000 habitants, en fonction du taux de chômage, de personnes sans diplôme, etc. Elle doit non seulement relancer l’activité économique, mais aussi favoriser l’insertion sociale et professionnelle.
Marseille comporte déjà deux ZFU : Nord Littoral et 14e et 15e Sud. La première recense 2195 nouveaux établissements et 200 millions d’euros d’investissements privés en immobilier d’entreprise depuis sa création en 1997. La seconde, elle créée en 2004, revendique 2290 nouveaux arrivants. L’attractivité est au rendez-vous. Un point d’interrogation subsiste cependant quant à l’aspect social. Certaines cités des plus délaissées de la ville, comme la Castellane, font partie de ces zones.
“Un centre-ville à la hauteur des mutations”
Pour Sébastien Didier, vice-président de l’UPE13 en charge de l’économie, le centre-ville doit s’adapter. “Nous connaissons une situation particulière à Marseille, notre centre-ville est paupérisé.” regrette-t-il. Il vante les avantages de la ZFU : “une véritable transformation urbaine demanderait des moyens nécessaires bien supérieurs, et surtout beaucoup plus de temps que la création d’une ZFU”. Pour le moment, aucune zone n’est précisément définie. “Noailles, Canebière, Belsunce” cite vaguement Sébastien Didier qui reconnaît volontiers que ça n’est encore qu’une idée.
Preuve que le projet de ZFU est à l’état embryonnaire, Eric Ammar, vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence (CCIMP) délégué au développement des TPE/PME n’a pas l’air bien au courant lorsqu’on le questionne sur le sujet. Néanmoins, il ne s’oppose pas au principe “il y a un problème de revitalisation du centre-ville. La réorganisation du territoire (le foisonnement des centres commerciaux, ndlr) représente une vraie difficulté pour les commerces. La zone franche reste une piste de réflexion.”
L’ambition métropolitaine
Les acteurs économiques répètent à l’envi vouloir pleinement accompagner la métropole. La crainte d’être laissés sur le bas côté, de rater le train de la croissance. Johan Bencivenga, président de l’UPE13, revendique la “nécessité d’avoir une vision globale du commerce à l’échelle métropolitaine pour avoir un développement commercial cohérent.” Pour argumenter la proposition émise communément avec Terre de Commerces, il cite le voisin toulonnais : “ça a été la première ZFU implantée en coeur de ville, en 2006. Il y a eu +42% d’implantations de commerces sur 5 ans.” Et il se défend de n’être uniquement motivé par la fiscalité allégée : “au-delà de ça, nous souhaitons être plus ambitieux et l’envisager comme une manière de remettre les commerçants de proximité au cœur de l’innovation.”
Une demande entendue par le maire de Marseille
Jean-Claude Gaudin, sénateur maire (Les Républicains) de Marseille, a bien entendu la demande de ses commerçants. Il a d’ailleurs envoyé un courrier à Manuel Valls, premier Ministre (Parti Socialiste) pour lui en faire part de façon officielle.
« Pour accompagner ce dynamisme (Ndlr : initié par le renouveau urbain du centre-ville lié notamment à la semi-piétonnisation du Vieux-Port), je vous avais sollicité en 2015 pour la création de nouveaux « territoires entrepreneurs ». Je vous renouvelle ma sollicitation afin que soit envisagée positivement une adaptation de la carte et du périmètre des ZFU, de sorte que le centre-ville y soit désormais inclus.«
Cette initiative des commerçants du centre-ville est également soutenue par l’Agam, l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise qui a tenu une réunion sur ce sujet le 19 avril.
Le centre-ville se déplace vers le nord. ll faut accepter que rue de Rome et rue Paradis ne soient plus des rues commerçantes au profit d’autres maintenant bien mieux situées comme rue de la République, alentours gare St Charles …