La mairie des 4e et 5e arrondissements annonce la disparition progressive du « stationnement à cheval » dans son secteur. Une quinzaine de rues du Camas et des Cinq-Avenues sont concernées.
« On a fait campagne sur cette promesse, on se doit de la tenir ». Vincent Kornprobst, délégué à la voirie et aux mobilités dans les 4e et 5e arrondissement, sait que la disparition du « stationnement à cheval » est un sujet de friction. Mais il se dit déterminé à avancer.
À l’instar d’Etienne Tabbagh, son homologue écologiste qui a annoncé la fin prochaine du stationnement à cheval dans le 1er arrondissement, l’élu du Printemps marseillais entend mettre fin au stationnement sur trottoir dans son secteur, « progressivement ».
À l’occasion du conseil d’arrondissements qui s’est tenu ce lundi 6 février, Didier Jau a confirmé cette intention en soumettant au vote un plan « trottoirs sans voiture ». Selon le maire de secteur, il s’agit d’une « forte attente de la population » qui aspire à « un meilleur partage de l’espace public avec les piétons ».
« Se conformer avec la loi »
« C’est simplement la mise en règle de quelque chose qui est aujourd’hui illégal, estime Vincent Kornprobst qui doit défendre ce changement auprès des administrés. On va se conformer avec la loi. Notre volonté, c’est de libérer les trottoirs pour les piétons, de végétaliser les rues et de les apaiser en limitant la vitesse à 30km/h ».
Sur les huit quartiers qui constituent le secteur des 4/5, deux sont pour l’instant concernés par cette disparition progressive du « stationnement à cheval », le Camas et les Cinq-Avenues, et deux sont envisagés pour la suite : Baille et Conception. Ils n’ont pas été choisis par hasard. La mairie s’appuie sur le travail réalisé par Emile Duflot, un étudiant en sciences sociales.
Ses études indiquent que « les riverains de ces zones privilégient la marche à pied et le vélo pour se déplacer et possèdent moins de voitures que dans les autres quartiers ». Une majorité de propriétaires de véhicules auraient par ailleurs « des places réservées ».
Un déploiement en 2024
Les rues Sidi-Brahim et Jaubert, dans le Camas, devraient servir de « test » dès ce printemps. « Parce qu’elles se trouvent à proximité d’une école et qu’il y a un véritable enjeu de sécurisation des cheminements piétons pour les enfants », précise Didier Jau. Le réaménagement des autres rues, une quinzaine au total, devrait être lancé progressivement à l’automne, avant « un déploiement » en 2024 [voir la liste des rues dans notre encadré].
Les trottoirs concernés par les futurs arrêtés municipaux seront protégés par la pose de potelets et de jardinières et certains axes pourraient passer en voie unique pour « récupérer de la largeur sur la voirie » et « créer des bandes cyclables ».
Si un grand nombre de places de stationnement devraient disparaître dans le secteur, l’adjoint en charge de la mobilité précise que la libération des trottoirs ne sera pas toujours synonyme d’une disparition des places de parking. « Sur le boulevard Cassini par exemple, on pourra basculer une ligne de stationnement sur la chaussée. On a la place ».
« Permettre à plus de personnes de se garer »
Ces bouleversements pourraient créer quelques émois parmi les automobilistes. Mais la mairie de secteur assure que son intention est de « permettre à plus de personnes de se garer en augmentant les places pour les personnes à mobilité réduite, les places d’autopartage, les places deux-roues et vélos, ainsi que les places de recharge électrique ».
L’objectif, « c’est de changer de paradigme sur la façon de penser la politique de stationnement : ainsi on ne compte plus en nombre de places, mais en nombre de personnes qui pourront se garer ».
Elle souhaite également « adapter les tarifs de stationnement résidents » et « rendre plus attractif le stationnement dans les parkings souterrains qui sont sous-utilisés ». Un domaine pour lequel la Ville n’a pas de compétences et pour lequel il faudra trouver un point d’accord avec la Métropole.
Un nouveau plan de circulation
Vincent Kornprobst aimerait inscrire ces changements à venir dans « un plan global de circulation ». L’élu du Printemps marseillais évoque notamment son souhait d’instaurer un sens unique sur le boulevard de la Libération et l’avenue des Chartreux, « dans le sens montant », ainsi que sur le boulevard Flammarion et l’avenue des Chutes-Lavie, « dans le sens inverse ». Cette boucle circulatoire « permettrait d’élargir les trottoirs, de créer de nouvelles voies cyclables et de faire des voies de bus en site propre ».
Là aussi, des discussions seront nécessaires avec la Métropole, mais la mairie de secteur espère pouvoir s’appuyer sur une élue venue de ses rangs pour avancer. Issue de la majorité municipale, Perrine Prigent a hérité cette année de la compétence voirie au sein de l’intercommunalité pour chapeauter l’aménagement des espaces publics de la ville-centre.
Lundi soir, avec l’adoption de son « vœu » en conseil d’arrondissement, la mairie de secteur a en tout cas fait un premier pas vers l’abolition d’une spécificité marseillaise bien ancrée dans le paysage phocéen. La signature des arrêtés municipaux devrait intervenir prochainement mais le plus dur restera à faire : rassurer et convaincre les automobilistes du Camas et des Cinq-Avenues, rue par rue.
Rues concernées par la fin du stationnement sur trottoir dans les 4/5
Quartier du Camas
- rue Abbé Faria
- place de l’Archange
- rue Curie
- rue Horas Bertin
- rue Jaubert
- rue du Progrès
- square Sidi Brahim
- rue de Verdun
- rue Terrusse
- rue Trivoli
Quartiers Cinq Avenues / Chartreux
- boulevard Cassini
- avenue des Chartreux
- rue Linné
- rue Marx Dormoy (section Libération – Provence)
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