A Galeotta, le premier navire de la Corsica Linea fonctionnant au gaz naturel liquéfié, a effectué sa première escale à Marseille. Symbolique à plus d’un titre, il illustre la stratégie de la compagnie maritime pour un transport responsable et durable.

A Galeotta. C’est ainsi qu’a été baptisé le premier navire de la Corsica Linea propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL). Tout un symbole. Car ce navire est à la fois un hommage à l’histoire, à la tradition commerciale corse parfois méconnue et s’ancre pleinement dans la modernité.

Historiquement, A Galeotta est un “chébec”. Ce terme désigne un ancien petit trois-mâts de la Méditerranée, connu pour sa rapidité et sa maniabilité. Son nom fait référence au navire amiral de la flotte de Pascal Paoli, défenseur de la liberté et l’égalité, grand homme de lettres et grand stratège, pour qui « l’avenir de la Corse est sur l’eau ». Un hommage illustrant l’engagement de la compagnie rouge et blanche pour un shipping responsable et durable, sous pavillon français.

Précurseur dans la décarbonation de la desserte maritime de la Corse

Depuis son port d’attache à Ajaccio, ce neuvième navire de la Corsica Linea a effectué sa première escale à Marseille en grande pompe. Pour cet événement dans le monde maritime, le ministre des Transports, Clément Beaune était présent, entouré des députés, des élus locaux et des acteurs du monde portuaire.

Commandé il y a 4 ans et livré le 6 décembre 2022, ce ferry nouvelle génération a débuté ses essais en mer en mai. Mesurant 206 mètres de long pour 28,20 mètres de large, le navire sort du chantier naval de Visentie, en Italie. Cette entreprise familiale d’armateur a mis sa solide expérience de constructeur de ropax (navires mixtes assurant à la fois le transport de marchandises et de passagers) au service de Corsica Linea pour livrer un navire moderne, respectueux de l’environnement, précurseur dans la décarbonation de la desserte maritime de la Corse.

A Galeotta cumule les premières : premier navire neuf de la Corsica Linea depuis la création de l’entreprise en 2016, premier navire au gaz naturel liquéfié à desservir Marseille et seul navire à fonctionner au GNL en Méditerranée en 2023, il marque une étape importante dans le verdissement de la flotte de la compagnie, dont 5 bateaux sont équipés depuis deux ans de “scrubbers” (systèmes de traitement des fumées).

Les atouts du gaz naturel liquéfié

Le choix du GNL ancre Corsica Linea dans un mouvement de transport maritime durable en Méditerranée, grâce aux qualités probantes de ce carburant : quasi aucune émission de soufre et de particules fines, réduction de 85% des émissions d’oxyde d’azote et de 25% des émissions de CO2.

Il y a un an, Titan LNG a remporté l’appel d’offres pour la livraison en bioGNL à Marseille du nouveau ropax de Corsica Linea. L’opérateur a débuté son activité par des opérations de soutage par camion, depuis Fos-sur-Mer, jusqu’au navire (Truck to Ship) jusqu’à l’entrée en flotte, dans quelque temps, d’un navire de ravitaillement en GNL, le Krios, d’une capacité de 4 500 m3 qui permettra un soutage de navire à navire (Ship to Ship).

Avec ses citernes extérieures, le navire peut effectuer trois aller-retours Marseille-Corse en autonomie. Toujours pour limiter l’impact environnemental, il lève l’ancre non plus à 19 heures, mais à 18 heures pour réduire sa vitesse en mer.

En raison du coût actuel du carburant, conséquence de l’inflation, le navire fonctionne en Dual-Fuel, soit deux carburants (diesel et GNL). « Lorsque les coûts se seront stabilisés, les traversées se feront à 100% au GNL », souligne Pierre-Antoine Villanova, directeur de Corsica Linea. « Nous avions fait la commande il y a 4 ans, il faut être réaliste, la transition écologique coûte cher. L’inflation que nous connaissons a un impact économique de plusieurs millions d’euros, poursuit le directeur général. Mais l’enjeu financier n’a jamais été le seul enjeu de l’entreprise » insiste-t-il.

Corsica Linea, Vidéo | A Galeotta de Corsica Linea, premier bateau propulsé au GNL à naviguer en Méditerranée, Made in Marseille
Pierre-Antoine Villanova. © N.K.

Les trois piliers de la Corsica Linea

Satisfaction client, ambition sociétale et transition environnementale, voilà le socle sur lequel repose l’entreprise, depuis la reprise de l’ex-SNCM, il y a 7 ans. Un pari osé qualifié à l’époque de pure folie, se souvient François Padrone, le PDG.

« Le chemin parcouru est incroyable et ce malgré les années de Covid. Aujourd’hui, Corsica Linea est une véritable marque dotée d’une vraie identité. Nous disposons aujourd’hui d’un outil moderne, nécessaire et indispensable au service de la Corse qui marque une étape supplémentaire dans le verdissement du port de Marseille, desserte naturelle de la Corse. Si d’être fou, c’est d’arriver à un si beau résultat, alors soyons fous ».

« Être la compagnie maritime de passagers la plus moderne de Méditerranée »

Le ferry emblème des valeurs et de la transformation de Corsica Linea « marque la fin d’un premier cycle de 7 ans de la vie de l’entreprise que l’on a d’abord redressé et parce qu’on lui a donné un cap, maintenant reconnu de tous, ajoute Pierre-Antoine Villanova. Dans ce cap, l’attachement au pavillon français est important pour nous, employer des marins français pour la desserte de la Corse est essentiel pour nous, et ça marque une étape importante dans la transition environnementale de l’entreprise ».

Depuis 2019, l’armateur a investi 180 millions d’euros (nouveau bateau compris) pour verdir son activité. Avec un chiffre d’affaires de 320 millions d’euros en 2022, la compagnie est « rentable depuis le début » assure le directeur « et nous réinvestissons dans la transition écologique ». La compagnie est également le deuxième employeur de marins français (avec 1000 en hiver et 1400 en été). L’année dernière, 863 000 passagers ont choisi la Corsica Linea qui a assuré le transport de 137 000 remorques.

Avec ce nouveau bateau, Corsica Linda entend continuer à offrir un service client de qualité. Avec à sa barre le capitaine Philippe Silan, A Galeotta est doté de 8 ponts. Il dispose d’une capacité d’accueil de 930 passagers avec 220 cabines, la majorité pouvant accueillir 4 personnes. Il propose différents espaces de restauration, un espace détente et une salle d’arcade et jeux pour enfants. Les plats proposés sont préparés en cuisine avec des produits de saison et issus du terroir.

Ce dimanche 8 janvier, A Galeotta desservira les ports de Bastia et d’Ajaccio au départ de Marseille marquant un nouveau cycle pour l’entreprise qui ambitionne d’ici à 10 ans, « d’être la compagnie maritime de passagers la plus moderne de Méditerranée ».

L’Assemblée de Corse a voté en décembre 2022 l’attribution de la délégation de service public maritime (DSP) de 2023 à 2029 à Corsica Linea et à La Méridionale. Les deux compagnies se partagent depuis le 1er janvier les cinq liaisons entre l’île et Marseille. Elles avaient annoncé en janvier 2020 avoir abouti à un accord de projet industriel, pour une réponse commune à l’appel d’offres pour la concession de service public de la desserte maritime de la Corse. Cette DSP de sept ans est d’un coût annuel de 106,7 millions d’euros, contre 93 millions d’euros pour l’ancienne DSP. Une hausse liée à l’inflation et au prix du carburant.
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