Marseille va accueillir un centre dédié aux cultures aux droits LGBTQIA+, comme la plupart des autres villes françaises. Le local se situera au cœur de la ville, rue du Chevalier Roze.
Maximilien Degonville dirige la visite dans ce local de 380 m2 en chantier entre les numéro 17 et 21 de la rue Chevalier Roze, dans le deuxième arrondissement de Marseille. Il présente, ce samedi 17 décembre, le futur centre LGBTQIA+ de Marseille. « On va casser quelques cloisons », explique-t-il. Le double sens était involontaire mais un petit rictus apparaît toutefois sur son visage.
En effet, c’est ici, dans une rue centrale de la cité phocéenne, que va ouvrir un lieu de mise en valeur et de défense « des cultures et des droits LGBT+ ». À équidistance du Vieux-Port, de l’Hôtel de Ville, de la place Sadi Carnot… et du jardin des vestiges, témoin antique de la fondation d’une des plus vieilles villes de France.
Et pourtant, « la dernière à se doter d’un tel centre » estime Maximilien. Un site dédié aux Lesbiennes, Gays, Bis, Trans, Queers, Intersexes, Asexuels et +. À savoir, toutes les orientations sexuelles et identités de genre, et toutes les discriminations, invisibilisations ou violences qui peuvent en découler.
Marseille en « situation de rattrapage »
C’est donc « une situation de rattrapage, une remise à niveau », reconnait l’adjoint au maire de Marseille en charge de la lutte contre les discriminations, Théo Challande. « Tout n’est pas rose en France. Trop souvent rouge, brutal, violent. On a des droits à acquérir ensemble, pour dépasser l’état d’inégalité ». Voilà quelques uns des objectifs de ce lieu qui doit accueillir, faciliter et produire « la solidarité et l’énergie comme Marseille sait si bien le faire ».
Ce nouveau centre doit notamment offrir un local, des bureaux, des permanences aux « 75 structures et associations présentes dans le comité de pilotage », précise Noémie Pillas, coordinatrice salariée du futur site. Ce chiffre illustre la vitalité associative et militante qui n’a pas attendu un site dédié pour exister.
Ces énergies ont porté le projet auprès des pouvoirs publics depuis 2017. Il aura fallu attendre 2022 pour que l’association Fierté Marseille Organisation, organisatrice de la Pride Marseille depuis 2019, reçoive leur soutien pour faire exister le centre LGBTQIA+.
Sur les 150 000 euros prévus de budget, l’État en finance la moitié, et les collectivités locales (Ville, Département, Région) prennent en charge le reste. Le groupe de gestion de patrimoine Primonial a également aidé l’association « à trouver un foncier qui correspond à nos besoins », ajoute Noémie Pillas.
Un point de repère dans la ville
Parmi ces besoins, celui « d’être visible, de montrer qu’on est là », reprend Maximilien Degonville. Cette position centrale et accessible permettra de « promouvoir les cultures LGBTQIA+ auprès du grand public » et au passage « questionner la société ». Le vaste espace permettra ainsi d’organiser des événements, avec son bar, une bibliothèque thématique et de la place pour les expos et concerts.
Mais cette visibilité aidera surtout « les personnes en détresse, isolées, qui ne savent pas où aller », insiste Stéphane Bernard, président de Fierté Marseille Organisation. Il pense aux « personnes en situation de rejet, demandeuses d’asile », et autres victimes de violences ou discriminations, à la recherche de soutien, notamment juridique.
Elles trouveront désormais à Marseille un point de repère central pour les orienter vers de multiples structures d’aide, comme Le Refuge, par exemple. Et beaucoup d’entre elles trouveront ici un espace pour travailler, proposer des permanences « et aussi stocker leur matériel. Un vrai souci pour les associations du territoire », insiste la coordinatrice du site, Noémie.
Mais, si les énergies, le local, les fonds et le comité de pilotage sont désormais là, « tout reste encore à faire », poursuit Maximilien. Au-delà des travaux, la structure juridique du lieu, et sa gouvernance sont encore « à co-construire ». Il invite ainsi toutes les organisations et associations désireuses de participer à les rejoindre. Pour une inauguration officielle espérée l’été prochain, à l’occasion du trentième anniversaire de la Pride de Marseille.