Alors que le MIN des Arnavaux projette de se transformer en immense plateforme logistique décarbonée, la Métropole a mis fin à la société gestionnaire Somimar pour créer une société publique locale.
Ce jeudi 15 décembre, le conseil de la Métropole Aix-Marseille-Provence a voté la résiliation du contrat de gestion avec la Somimar. Il s’agit de la société d’économie mixte (Sem) à qui elle délègue la gestion du marché d’intérêt national (MIN) des Arnavaux à Marseille.
La fin des activités du « ventre de Marseille » qui réunit les grossistes de produits frais depuis 1968 ? Loin de là. Car, dans la foulée, les élus métropolitains ont voté la création d’une Société Publique Locale « MIN Marché Marseille Méditerranée ». Un changement de statut juridique qui doit permettre plus de latitude et de rapidité pour, notamment, mettre enfin en action son projet de mutation pharaonique baptisé récemment Minopolis.
En effet, voilà maintenant deux ans que le marché ambitionne de se surélever d’un étage, en créant une dalle de 12 hectares au-dessus des grossistes de frais. Avec un double objectif. D’abord, proposer une gigantesque plateforme de logistique urbaine décarbonée. Mais aussi la couvrir de panneaux solaires pour en faire la plus grande centrale photovoltaïque urbaine de France.
« Une plus grande marge de manœuvre »
Or, ce double projet titanesque, estimé autour de 500 millions d’euros, se heurte à la lenteur des décisions politiques, comme administratives et financières. On peut d’ores et déjà oublier l’objectif initial de mise en service en 2025.
La Métropole, la Ville de Marseille, et d’autres acteurs publics et privés sont actionnaires de la société d’économie mixte. Un statut qui l’oblige théoriquement à être mise en concurrence selon les projets pour le MIN.
« Les contrôles de légalité de l’État ont bloqué un certain nombre de projets ces dernières années », explique Marc Dufour, le directeur général de la Somimar. « Ce ne sera plus le cas avec le statut de société publique locale », poursuit-il. Seules la Métropole et la Ville détiendront respectivement 95 % et 5 % des parts.
« Nous aurons une plus grande marge de manœuvre, une mise en action plus directe », pour lancer les chantiers. Il faudra gérer le transfert des actifs et des personnels ainsi que le dédommagement des actionnaires éjectés avant que la SPL prenne les rênes du marché « au 1er janvier 2024 ».
« Un projet phare des 30 prochaines années »
Pour Sébastien Barles, conseiller métropolitain d’opposition et adjoint au maire de Marseille en charge de la transition écologique, « c’est une très bonne nouvelle. La SPL doit permettre enfin de réaliser la métamorphose du MIN en site emblématique et majeur pour transition écologique de notre ville. Un des projets phares dans le cadre de la candidature de Marseille aux 100 villes européennes climatiquement neutres en 2030 ».
Henri Pons abonde ans son sens. Le vice-président de la Métropole délégué aux Transports et aux Mobilités durables rappelle que « le directeur de la Caisse des dépôts [Banque des territoires] avait lui-même qualifié le projet du MIN de « projet phare des 30 prochaines années« ».
Financer la plateforme logistique sans argent public ?
Alors que Marseille « devrait devenir la porte d’entrée méditerranéenne des marchandises en Europe » selon Marc Dufour, le marché des Arnavaux jouit d’une position stratégique « incomparable ». Entre l’autoroute A7, la rocade L2, à proximité du Grand port maritime de Marseille. Et même du rail : « La gare de Sainte-Marthe est à moins de 500 mètres. Séparée par un terrain public militaire par lequel on pourrait relier le MIN avec le train ».
Tout ceci en bordure de la Zone de faibles émissions (ZFE) de Marseille qui interdit aux véhicules polluants d’entrer dans le centre-ville. Et alors que les livraisons à domicile et les petits supermarchés citadins « se multiplient de manière exponentielle ».
Ces nombreuses raisons amènent, selon lui, de « très gros investisseurs privés », grands groupes de livraison ou de commerces urbains, « à toquer à ma porte. On pourrait financer cet immense projet à 100 % sans argent public ».
« J’aimerais faire entrer Minopolis dans le plan Marseille en grand »
Selon le directeur de la Somimar, la future plateforme logistique géante et décarbonée « réduira de 28 % la circulation en centre-ville, économisera 150 heures d’embouteillages aux Marseillais et baissera de 70 % les particules fines à Marseille ».
Il qualifie ainsi Minopolis de « projet pilote d’importance nationale. Je discute d’ailleurs avec différents ministères. J’aimerais le faire entrer dans le plan Marseille en grand pour accélérer sa réalisation ».
Quoi qu’il en soit, la grande mutation du MIN ne sera pas achevée avant « 2027 ou 2028 ». Mais les premiers chantiers de transition énergétique pourraient débuter dès l’année prochaine.
Comme la couverture en photovoltaïque d’une dizaine de bâtiments du MIN, autour de la future plateforme logistique. « Ça représente tout de même entre 50 et 60 000 m2. Soit la moitié de la surface finale prévue en panneaux solaires », précise Marc Dufour.
Ou encore, la création de stations « multi-énergies » en projet sur des terrains attenants au marché des Arnavaux. Elles proposeront aux camions de transports comme aux particuliers de faire le plein en énergies alternatives, comme l’électricité, l’hydrogène et le gaz naturel liquéfié.