Marchands de sommeil, logements sociaux, faible construction, rénovation urbaine… Les États généraux du logement débutent à Marseille pour trouver des solutions face à ce chantier titanesque.
Ce lundi matin, les États généraux du logement à Marseille débutent à la Friche la Belle de Mai. Ils réunissent durant deux jours les acteurs publics, privés, politiques et associatifs concernés par l’habitat. Demain, le ministre du Logement, Olivier Klein, sera présent en clôture de cet événement.
Au programme : deux jours de débats et de réflexion sur « le droit le plus essentiel, le plus élémentaire, à disposer d’un habitat digne » a introduit le maire de Marseille, Benoît Payan, rappelant les 14 000 personnes à la rue dans la ville.
Dans la foulée, le préfet de région, Christophe Mirmand, a posé un diagnostic pour le moins alarmant. « Insuffisance de la capacité d’hébergement des plus démunis, détérioration du bâti ancien, paupérisation des quartiers historiques souvent livrés aux marchands de sommeil, dégradation du parc de logements sociaux ». Sans oublier la « situation périlleuse des copropriétés à la dérive, l’insuffisance de la promotion privée... »
40 000 personnes en attente d’un logement social
Marseille « devient une ville chère, avec une augmentation de 28 % des prix de vente de logements neufs », précise le représentant de l’État. Dans le même temps, le taux de pauvreté, supérieur à la moyenne nationale, se situe autour de 25 % et 40 000 personnes sont en attente de logement social. C’est « huit demandes insatisfaites pour 1 logement attribué ».
La liste des indicateurs dans le rouge est longue. Le préfet les résume par une « crise profonde de l’offre dans toute l’étape du parcours résidentiel dans lequel nos concitoyens veulent s’inscrire ».
Il faut donc « répondre à toutes les dimensions de la crise existentielle du logement » lance Benoît Payan, « pour construire mieux et plus. Nous trouverons des solutions. Avec les collectifs, les mal logés, qui connaissent la réalité du terrain. Les professionnels, les bailleurs sociaux, les promoteurs privés. Et les élus, les parlementaires, les représentants de l’État. Avec la Métropole ».
Le chantier reste immense malgré un frémissement positif
Le préfet relève d’ailleurs un « frémissement positif les 12 derniers mois » dans la délivrance des permis de construire à Marseille. Avec 3 500 accordés, ils dépassent l’objectif de « 3 000 fixés par le gouvernement ». Mais ils restent bien en deçà des 6 500 délivrés en 2016.
Un « signal encourageant », mais loin d’être suffisant. Toutefois, il détaille les outils de relance pour la création de logements qui se sont multipliés à Marseille, en particulier depuis le drame du 5 novembre 2018 : un plan partenarial d’aménagement avec l’État et les institutions locales « sur 1 000 hectares et 10 000 logements du centre ancien. Un plan de sauvegarde des copropriétés fragiles et dégradées. Les 14 quartiers de Marseille dans le Nouveau plan national de renouvellement urbain ». Sans compter l’immense opération urbaine Euroméditerranée, et « son rôle de locomotive ».
Christophe Mirmand rappelle que « l’habitat et le logement sont au cœur du plan Marseille en grand », lancé par le président de la République en 2021. « L’État continuera de s’engager », promet-il, laissant le soin au ministre du Logement de préciser comment, lors de son intervention ce mardi.
« Empêcher de dormir » les marchands de sommeil
Peut-être s’engagera-t-il sur la proposition du maire de Marseille ? Ce dernier souhaite une nouvelle loi plus sévère face aux « marchands de sommeil, que nous devons empêcher de dormir ». Un terme pour désigner les propriétaires peu scrupuleux louant à prix fort des habitats indécents. Ils semblent légion dans la ville, qui compte 40 000 logements indignes.
Benoît Payan demande ainsi au gouvernement et aux parlementaires de « tripler les peines ». Faire passer ainsi les amendes de 150 000 à 450 000 euros, l’interdiction d’acheter des biens de 10 à 30 ans et les peines de prison de 5 à 15 ans.
Il espère également resserrer la surveillance de ces « délinquants » avec la création d’un registre national et l’augmentation des contrôles. Sur ce point, il précisait au journal La Provence que la Ville a « signalé au procureur de la République 84 personnes » dans ce cas. Soit plus que « sur l’ensemble de la dernière mandature ».