Habitants, commerçants et forains ont assisté à la réunion de pré-concertation sur la requalification de la place Sébastopol. Au coeur des débats : stationnement, maintien du marché et végétalisation.
Les élus des 4e et 5e arrondissements espéraient voir beaucoup de participants. Ils n’en attendaient peut-être pas autant. Ce lundi 21 novembre, plus de 150 personnes ont répondu présents à la réunion de pré-concertation pour la requalification de la place Sébastopol (4e).
Les derniers arrivés peinent d’ailleurs à se faufiler dans la grande salle bondée de la mairie de secteur. Le maire, Didier Jau, les attend au côté de son équipe et de Perrine Prigent, conseillère municipale déléguée à l’amélioration des espaces publics. Michèle Rubirola, première adjointe au maire de Marseille, a également fait le déplacement, notamment pour apporter une information budgétaire : le projet d’aménagement est inscrit au dossier des 100 villes neutres en carbone en 2030 et devrait pouvoir obtenir une aide financière de l’Europe.
L’heure de l’état des lieux
En tant que maître de cérémonie, le maire des 4/5 rappelle l’objectif principal du projet : « On veut concevoir une place accueillante pour toutes les générations et notamment pour les enfants ».
Une place plus verte aussi : « Marseille est une ville très minérale. En été, pendant les périodes de canicules, une étude a relevé 60 degrés au sol. En 2050, ce sera peut-être 90. On s’avance vers des épisodes climatiques intenses », s’inquiète Perrine Prigent. Et le maire de reprendre : « On est presque sur un enjeu de survie ».
Si l’équipe municipale assume de fixer un cap pour ce projet, avec des objectifs d’apaisement, de végétalisation et d’inclusion, elle assure partir d’une « page blanche ». « Ce soir on lance un état des lieux ensemble, lance Perrine Prigent. Si on arrivait avec un plan déjà préparé, vous ne seriez pas contents et vous auriez raison ».
« On ne va pas planter une forêt »
Face aux élus, l’assemblée de participants est hétéroclite. Des riverains, des commerçants, des forains. Ce sont ces derniers qui se montrent les plus méfiants. « On a entendu des bruits, il paraît que la rue Georges va passer au milieu de la place », exprime l’un d’eux. Un autre s’inquiète de la transformation annoncée : « Vous parlez de minéralité, mais j’ai toujours fait les marchés sur des parkings. Il y a une vraie vie sociale ».
Devant les réticences exprimées, l’équipe municipale tente de rassurer : « Il y a un marché et on en est très contents. L’objectif n’est pas de vous chasser. On souhaite déminéraliser mais on ne va pas planter une forêt. On veut un projet qui permette au marché de se renforcer et à d’autres usages de se développer ». Un représentant de l’association Jardins Longchamp imaginerait bien pour sa part l’installation d’un potager.
Au fil de la réunion, alors que la salle se dissipe un peu, les commerçants du quartier tiennent aussi à faire entendre leur voix. Parmi eux, un des deux poissonniers de la place se demande ce qu’il va devenir, avec ses quatre employés, pendant les travaux. « Notre objectif c’est de vous permettre de continuer à travailler sans interruption », assure Didier Jau.
La directrice du Weldom, magasin de bricolage très fréquenté du quartier, prend également la parole : « Nous accueillons plus de 1 000 clients par jour. On cherche déjà des solutions pour proposer des places de parking. Si vous supprimez toutes les places, ce sera un problème pour nous ». « Vous êtes une actrice importante du quartier », tente de rassurer le maire, qui propose de la rencontrer, avant de suggérer que les tarifs du parking métropolitain Vallier, à 300 mètres de la place, pourraient être renégociés.
Des aménagements transitoires dès 2023
Un calendrier prévisionnel est dévoilé aux participants. Ils sont invités à répondre à un questionnaire sur leurs usages et leurs attentes jusqu’au 12 décembre 2022. Nombreux vont y répondre. Ensuite, un « prestataire spécialisé » devrait être désigné en janvier prochain afin d’accompagner la Ville dans son travail de concertation, pour une finalisation du projet en décembre 2023.
Les premiers coups de pioche ne sont pas envisagés avant 2025 mais des « aménagements transitoires » pourraient être testés bien avant cette échéance. « Pourquoi ne pas imaginer au printemps un moment où on piétonniserait la place ? Ce serait sympa, ça, non ? » tente Perrine Prigent en fin de séance, suscitant quelques applaudissements.
Sur la méthode, comme sur le timing, la prudence semble de mise pour l’équipe municipale qui a en tête le réaménagement agité de la place Jean-Jaurès. « On veut faire le projet inverse de la Plaine, conclut Didier Jau. On ne veut pas trois années de guerre. Est-ce que j’ai déjà des idées pour cette requalification ? Oui, je l’assume. Mais ce n’est pas mon projet qui primera. Ce sera notre projet ».
Ce 21 novembre, une première étape a été franchie : la présentation de la démarche. Mais la suite de la concertation pourrait se transformer en un parcours du combattant pour contenter toutes les parties prenantes. Le rendez-vous a été donné pour une nouvelle réunion publique au début de l’année 2023.
Consultation citoyenne sur l’avenir de la place Sebastopol : participation en ligne