La première école de formation dédiée à l’énergie solaire de France a ouvert ses portes à Marseille. Fondée par un consortium d’entreprises, elle forme les 15-18 ans aux métiers du secteur des énergies renouvelables et lutte contre le décrochage scolaire.
Marseille, ville neutre en carbone à l’horizon 2030 ? C’est l’objectif que s’est fixé la cité phocéenne. C’est dans ce contexte qu’est née la première école de production des énergies du Sud (NRSud). Elle accueille depuis la semaine dernière sa toute première promotion, sur le campus universitaire Polytech, en plein cœur du technopôle de Château-Gombert dans le 13e arrondissement de Marseille.
Un hébergement temporaire avant de s’installer dans ses locaux définitifs, actuellement en travaux, situés à Capitaine Gèze. « Une école du solaire de ce genre en France, ça n’existe pas », lâche Clémentine Lacroix, directrice de l’école de production des Énergies du Sud. « L’énergie est un secteur d’avenir qui s’est fortement professionnalisé ces dernières années et se structure peu à peu. Il est important de former des professionnels qualifiés ».
L’année dernière, dans le secteur mondial des énergies renouvelables, le nombre d’emplois a atteint 12,7 millions, soit 700 000 postes supplémentaires, malgré les effets persistants de la crise sanitaire [selon un rapport publié par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), ndlr]. L’énergie solaire est le secteur qui connaît la croissance la plus rapide. En 2021, il fournissait 4,3 millions d’emplois, soit plus d’un tiers de la main-d’œuvre mondiale actuelle dans les énergies renouvelables.
C’est dans ce contexte et face aux préoccupations croissantes liées au changement climatique, que l’entreprise régionale Tenergie, développeur et producteur français indépendant d’énergies renouvelables, a travaillé sur un projet d’école de production de la filière solaire baptisé « NR Sud l’école des énergies propres ».
Cinq autres entreprises [Boa Formation, Dual Sun, Engie, TotalEnergie et SysENRont] ont adhéré au projet pour lancer un programme spécifique à destination des 15-18 ans, qui souhaitent apprendre un métier par la pratique plutôt que d’emprunter les chemins traditionnels de l’école. Enerplan et Groupement des Métiers du Photovoltaïque de la Fédération Française du Bâtiment (GMPV-FFB) sont également de la partie.
Cette école d’un nouveau genre est soutenue par la Banque des Territoires, l’État, la Région la Métropole Aix-Marseille Provence et s’inscrit dans la lutte contre le décrochage scolaire.
Des chantiers concrets pour acquérir les compétences
Gratuite ou presque, cette école privée forme ainsi aux métiers d’électriciens solaires et techniciens polyvalents en énergies renouvelables. Les élèves doivent s’acquitter de frais de scolarité s’élevant à 150 euros et s’inscrivent pour une une durée de 4 années qui les mènent vers le CAP électricien et un bac professionnel « maintenance et efficacité énergétique », ainsi que les certifications spécifiques au secteur. Même le code de la route pour passer le permis B fait partie du programme scolaire.
« Nous sommes un modèle hybride entre le lycée professionnel et l’alternance, en respectant bien sûr les référentiels de l’Éducation nationale. Tous les jours les élèves ont 30% de cours théoriques. Le reste du temps, ils sont en production sur les chantiers, encadrés par le maître professionnel », explique Clémentine Lacroix.
Les élèves-apprentis acquièrent des compétences en intervenant directement sur les chantiers d’une trentaine d’entreprises partenaires. La pédagogie de l’école repose sur un apprentissage dans des conditions réelles et « en fonction des besoins réels du marché. Tout est mis en œuvre pour permettre aux élèves d’acquérir des compétences transversales nécessaires dans différents secteurs. Pour être bon dans le solaire, il faut acquérir des compétences dans l’électricité, c’est pour ça qu’on forme au CPA d’électricien, mais aussi être calé en couverture thermique, etc… Ce qu’ils vont produire va avoir un vrai impact sur leur apprentissage ».
Déjà des promesses d’embauche
Abdel en a bien conscience. Intégrer cette école représente une « chance de réussir et de nous surpasser » livre le cadet de la première promo. « On ne travaille pas que pour des notes mais aussi pour des clients, ça donne du sens à notre apprentissage et ça motive. On a déjà une commande, j’espère que je vais y arriver ! ».
Clémentine Lacroix estime déjà le défi relevé, car elle reçoit d’ores et déjà des demandes d’inscriptions pour la rentrée prochaine. Dans leurs nouveaux locaux, ils pourront accueillir une cinquantaine d’élèves, qui pourraient tous être embauchés à l’issue de leur cursus. « Les entreprises ont d’une part confiance dans cet apprentissage parce qu’elles y participent et souhaitent donc à terme employer en CDI les éléments qu’elles auront formés. L’école a déjà des promesses d’embauches pour les futurs diplômés dans quatre ans ».