2Africa est un câble de fibre optique qui doit relier l’Asie, l’Afrique et l’Europe d’ici moins de deux ans. Il vient d’être connecté à Marseille, qui vise la 5e place mondiale des hubs de données.
45 000 kilomètres. C’est un peu plus que la circonférence de la terre. Ce sera la longueur du plus long câble de fibre optique sous-marin au monde. Il fera le tour de l’Afrique et reliera 33 pays, de l’Europe au Moyen-Orient, jusqu’en Inde, d’ici à 2024. Nommé 2Africa, il vient d’effectuer son « atterrage » dans le Grand port maritime de Marseille, ce dimanche 6 novembre.
Il a traversé la Méditerranée depuis le canal de Suez en reliant Gènes et Barcelone. Avant d’arriver dans la rade marseillaise, pour toucher terre dans le port commercial, en passant sous la Digue du large. Il finit sa course dans l’ancienne base de sous-marins allemands, devenue l’immense data center MRS 3, qui s’occupera de « dispatcher » les données en France et en Europe.
C’est ici que les partenaires impliqués dans ce gigantesque projet de télécommunication ont présenté, mardi 8 novembre, le raccordement numérique de Marseille avec l’Afrique et l’Asie.
Ce réseau « sera mis en service d’ici 6 mois pour la partie Est », précise Cynthia Perret, directrice du programme de câble 2Africa. Il doit être entièrement opérationnel « en 2024, lorsqu’il sera connecté à l’Inde ».
Marseille mise sur l’Afrique pour devenir le 5e hub mondial de données
Il s’agit du 16e câble de données numériques à faire son atterrage à Marseille. Et pas des moindres, puisqu’il « va révolutionner la connectivité d’Afrique », estime Fabrice Coquio, à la tête de Digital Realty France (ex Interxion), qui gère désormais quatre immenses data centers dans la cité phocéenne.
En reliant la ville à 45 nouvelles stations dans le monde, 2Africa pourrait surtout faire de Marseille « le cinquième hub mondial de données ». Selon lui, cette ambition est réaliste. Elle s’inscrit dans une « croissance exponentielle de la connectivité du territoire. La ville est déjà passée du 44e au 7e rang mondial en l’espace de sept ans ».
Une ascension à la vitesse de la lumière, que ce nouveau réseau intercontinental de fibre optique pourrait en effet accélérer. Car il cerclera l’Afrique « pour révolutionner son accès au digital en termes de capacité, de fiabilité et de qualité », assure Cynthia Perret.
« Il devrait à terme décupler le potentiel économique du continent africain. En favorisant le transfert de données et développant les opportunités commerciales ». Un continent sur lequel les acteurs du numérique misent beaucoup, estimant qu’il représentera 40 % de la population mondiale d’ici 2100.
Un câble pour connecter « plus de trois milliards de personnes »
Pour l’heure, ils estiment que ce câble de 16 paires de fibres pour une capacité de 180 térabits par seconde, pourra connecter « plus de trois milliards de personnes à travers l’Afrique, l’Europe et l’Asie ».
Son installation au fond des mers et océans a mobilisé 6 navires câbliers sur 2 200 jours. Un consortium imposant porte ce gigantesque projet de télécommunication. Il réunit China Mobile International, Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp…), MTN GlobalConnect, Orange, STC, Telecom Egypt, Vodafone et WIOCC.
Ces partenaires ne souhaitent pas divulguer le montant de l’opération. Fabrice Coquio donne toutefois un indice : « Le câble transatlantique entre l’Europe et l’Amérique a coûté 150 millions de dollars ». 2Africa sera de 5 à 10 fois plus grand.
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