La Région Sud vient de lancer des études pour la création d’une Cité du cinéma au Dock des Suds. Elle regroupera deux structures : l’école Cinéfabrique et une antenne de la Cinémathèque française. Ouverture envisagée à la rentrée 2026.
En septembre 2021, depuis les jardins du Pharo, le président de la République, Emmanuel Macron, présentait les grands projets du plan « Marseille en Grand », parmi lesquels la création de grands Studios de la Méditerranée. La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé d’être « chef de file pour créer à Marseille la Cité régionale et méditerranéenne du cinéma », en votant ce matin une délibération.
Pour faire de « la France le leader européen des tournages et de la production numérique », l’État a lancé un appel à projets « Grande fabrique de l’image » à travers le dispositif « France 2030 ». C’est dans cette stratégie que s’inscrit la Région pour faire du Sud la capitale du cinéma, de la production audiovisuelle en Méditerranée et « la locomotive » dans le domaine de l’industrie de l’image.
Ouverture prévue à la rentrée 2026
La Cité régionale et méditerranéenne du cinéma doit regrouper deux structures : la Cinéfabrique et la Cinémathèque française. Après différentes hypothèses, le site du Dock des Suds, propriété d’Euroméditerranée dans le quartier d’Arenc, est envisagé pour accueillir ce nouvel équipement culturel.
Depuis plusieurs années, le devenir du Dock des Suds, lieu emblématique marseillais, est questionné. La salle de spectacle, installée depuis 1997 rue Urbain V, face à la tour CMA-CGM a fait sa renommée sur deux événements majeurs : la Fiesta des Suds et Babel Med Music. Si ces deux festivals permettaient d’assurer un certain équilibre financier, le Dock est sous le coup d’un bail précaire, renouvelé d’année en année.
Dans la perspective de réunir la Cinéfabrique et la Cinémathèque sur un seul et même site, la Région a proposé aux autres collectivités partenaires (la Ville de Marseille, la Métropole Aix-Marseille Provence, le Département des Bouches-du-Rhône et l’État) de mener la maîtrise d’ouvrage.
L’institution a lancé une étude de préfiguration, en lien avec Euroméditerranée « afin de pouvoir déterminer les estimations financières de ce nouveau site culturel et d’être en mesure de permettre aux parties d’en confirmer le lancement d’ici la fin de l’année 2022 pour une ouverture prévue à la rentrée 2026 ».
Lieu de préfiguration de la CinéFabrique, rue Guibal à Marseille
La CinéFabrique est dédiée aux métiers du cinéma. Entièrement gratuite, cette école s’adresse aux 18-25 ans. Elle formera en trois ans des promotions de 35 étudiants, avec accès sans obligation de diplôme, aux métiers du scénario, de la production, du son, de l’image et du montage.
La structure « développera également des projets de formation continue pour soutenir les auteurs, les acteurs et techniciens qui travaillent dans la région ». 6000 à 8000 m2 de surface sont nécessaires pour son implantation. En attendant 2026, depuis le mois de septembre, la Ville de Marseille a mis à disposition de la CinéFabrique un espace de 800 m2 rue Guibal, à proximité du Pôle Média de la Belle de Mai. Il accueillera jusqu’à 2024 la première et deuxième année du cycle d’études « Classe l’Orientation et de Préparation » (COP).
La vocation de ce site sera pérennisée au-delà de 2026, pour continuer à accueillir cette formation professionnelle. Parallèlement, dans le cadre de « Marseille en Grand », le Pôle Média va faire l’objet de travaux de modernisation, pilotés par la municipalité.
Le projet de CinéFabrique est évalué à 15 millions d’euros. Pour assurer le succès de la phase de lancement rue Guibal, l’État est disposé à financer jusqu’à l’intégralité du financement public nécessaire à son fonctionnement de 2023 à 2025. Ce soutien permet de laisser aux autres collectivités le temps d’apporter leurs financements.
Via le CNC, l’État garantit dès à présent 1 M€ de subvention de fonctionnement à partir de 2026 pour le fonctionnement annuel de l’école estimé à 4,5 M€ maximum. Les recettes extérieures prévues devront être abondées à hauteur de 2 M€ de financement public par les collectivités territoriales et l’État.
Développer la culture cinématographique du public
L’installation d’une antenne de la Cinémathèque française sera également mise à l’étude. L’une des missions de la Cinémathèque française, créée en 1936 par Henri Langlois, est de collecter, sauvegarder et restaurer le patrimoine cinématographique mondial.
À Marseille, il s’agira principalement de « contribuer au développement de la culture cinématographique du public en proposant notamment des projections, des actions culturelles et éducatives ainsi que des expositions ». L’objectif est de participer à la démocratisation des pratiques pour l’ensemble de la filière cinéma et de l’audiovisuel en formant et renouvelant les publics. Le projet prévoit également des collaborations avec le réseau d’associations locales œuvrant dans le domaine de l’image, contemporaine ou patrimoniale.
Sur ces bases, la Cinémathèque française a élaboré et présenté un projet exprimant un besoin de 2500 m2 avec 1,5 M€ de budget de fonctionnement. Un financement public plafonné à 1 M€ sera nécessaire.
Un protocole avec l’ensemble des partenaires
Un protocole d’intention doit sceller l’engagement de l’ensemble des collectivités partenaires, début 2023. Chacun définira les modalités de sa contribution en fonction de ses compétences. Les clés de financements feront l’objet d’autorisations et de conventions à venir.
La Région prendra en charge la mise en œuvre et le suivi du comité de pilotage pour la réalisation du projet architectural.
Le Sud, terre de cinéma
La Cité régionale et méditerranéenne du cinéma vient s’ajouter à d’autres projets inscrits dans « Marseille en grand » à l’instar de l’aménagement d’une base logistique provisoire boulevard Capitaine Gèze, permettant d’accueillir jusqu’à 6 productions simultanément.
Depuis la fermeture de la caserne d’Aurelle, qui remplissait cette fonction, la filière du cinéma et de l’audiovisuel a exprimé la nécessité de disposer à Marseille d’équipements capables de recevoir les équipes de tournages à la fois locales, nationales et internationales, qui ont besoin d’ateliers pour la fabrication et le stockage de décors, de costumes et de bureaux pour l’équipe de production et l’organisation des castings.
Ces infrastructures viennent renforcer le paysage régional cinématographique avec des structures déjà bien implantées comme Provence Studio à Martigues ou encore le projet de transformation de l’usine Saint-Louis Sucre à Marseille en studios de cinéma.
Provence-Alpes-Côte d’Azur est la deuxième région audiovisuelle de France avec plus 7 000 professionnels, 1000 entreprises, plus de 6000 jours de tournage dans les six départements et près de 80 millions d’euros de dépenses effectuées chaque année sur le territoire. En plus du festival de Cannes, la région accueille une quarantaine d’autres événements dans toutes les catégories de l’image.