Priorité de l’action municipale, la Ville poursuit son grand plan de rénovation des écoles en lançant différents chantiers de construction et réhabilitation.
Cela fait 25 ans que Marie-Hélène Alligier est enseignante au sein de l’école Révolution – Jet d’eau. Comme toutes les années, elle attend avec impatience l’arrivée de ses élèves. La maîtresse de CP a vu l’école changer, sa cour se mettre au vert, mais elle a surtout observé une évolution « dans le niveau scolaire », dit-elle avec fierté.
Le dédoublement des classes a changé la donne dans ce groupe scolaire du 3e arrondissement de Marseille, situé en réseau d‘éducation prioritaire (Rep). Le portail s’ouvre enfin. Les écoliers se pressent cartable sur le dos, sacs de fournitures à la main, « trop contents de retrouver les copains », d’autres « leur maîtresse ».
Sur les près de 79 000 écoliers marseillais, 280 élèves ont fait leur rentrée ce jeudi 1er septembre dans cette école trop longtemps « sous les radars », dans « un quartier d’invisibles », déclare le maire de Marseille, qui a justement lancé une petite « Révolution » en fin d’année dernière avec le plan-école à 1,2 milliard d’euros, soutenu par l’État. « Ici, on s’est retroussé les manches, on a décidé de faire des choses qui n’existaient pas ».
Cette école est désormais « ouverte sur le quartier », accessible en dehors des heures d’enseignement, aux habitants, associations, à tous ceux « qui n’ont pas accès au service public. C’est comme ça que l’on envisage les écoles. Dans toutes les écoles que l’on va végétaliser, rénover… on va donner aux Marseillais(es) la possibilité de vivre cette école comme un lieu qu’on partage », explique Benoît Payan.
Une accélération du plan-école
Cette année, la rentrée a pour lui une saveur particulière, car le plan-école est en marche partout dans la cité phocéenne. « Plus de 200 écoles ont connu des travaux à différents niveaux cet été. Pour une fois, on a pu aller vers des améliorations du confort pour les élèves et pour les enseignants, alors que les deux années précédentes il a fallu centrer les travaux sur la sécurité des bâtiments, restés durant des décennies dans un état très dégradé, parfois indigne de ce que doivent être les écoles », explique Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du plan-école, bâti et patrimoine scolaire.
L’élu annonce une accélération dans les « mois à venir ». Cette année, deux nouvelles écoles et deux écoles rénovées en profondeur ouvriront leurs portes : les groupes scolaires de Parc Dromel et celui de Vallon-Régny. 19 projets sont en cours de construction, dont les écoles Saint-Louis Gare (15e arr.), Saint-Louis Consolat (15e arr.) et sur les sites situés rue des Abeilles (1er arr.) et rue Masséna (1er arr.) et les 5 écoles GEEP. 14 études sont lancées pour construire ou restructurer des écoles dans toute la ville.
Présidée par Benoît Payan et chargée de piloter la rénovation des 470 établissements marseillais, la Société publique des écoles marseillaises (SPDEM), dont les statuts ont été déposés en février dernier, attendait encore son directeur/trice. Sur ce point, la Ville annoncé « du nouveau dans les prochains jours ». Côté effectif, 150 agents supplémentaires ont été recrutés pour assurer un meilleur fonctionnement quotidien.
« Est-ce que vous aimez la cantine ? »
Dans la classe de CM2 de l’école « Révolution – Jet d’eau », l’heure est à la leçon d’histoire, dispensée avec un plaisir non dissimulé par Benoît Payan, assisté de ses adjoints, Pierre-Marie Ganozzi et Pierre Huguet, en charge de l’Éducation, des cantines scolaires et des cités éducatives.
Petite mention bien pour le trio de maîtres improvisés contant comment Marseille est née de l’histoire d’amour entre Gyptis et Protis. Le maire explique qui sont les personnes qui l’accompagnent, évoque librement ses années d’école, comment la dernière section de primaire a marqué sa vie faisant « de moi qui je suis aujourd’hui ».
Jusqu’à la question fatidique : « Est-ce que vous aimez la cantine ? ». Contre toute attente, c’est un « oui » unanime qui s’élève dans la classe. Quand, paradoxalement, du côté du self de l’école élémentaire Saint-Just Corot, les assiettes peinent à se vider. Ah, la restauration scolaire ! Voilà un autre vaste chantier qui devrait alimenter le calendrier municipal dans les prochains mois.
Réforme du temps périscolaire
Ici, dans le 13e arrondissement, les élèves jouent au badminton dans la cour à l’heure du déjeuner. Une discipline animée par la Ligue de l’enseignement depuis plusieurs années, au sein des établissements du premier degré. Une séquence d’illustration des activités pratiquées sur le temps périscolaire qui fait sa mue « pour mieux répondre aux attentes des familles », assure Marie Batoux, adjointe au maire, en charge de l’éducation populaire.
Des animations ont lieu désormais tous les jours le midi dans 63 écoles, au lieu de 2 jours seulement. Le taux d’encadrement a été renforcé. Un animateur supplémentaire viendra appuyer l’équipe d’animation deux jours par semaine dans 55 écoles sur la pause méridienne (de 11h30 à 13h30). « On a une vraie souplesse supplémentaire sur cette rentrée, puisque plutôt que de payer à la semaine, les familles peuvent maintenant s’inscrire sur un, deux ou trois jours d’activités périscolaires (matin et/ou soir) », explique l’élue.
30 activités supplémentaires ont ainsi été ajoutées et assurées par la Ligue de l’enseignement, principalement tournées vers le sport. Des ateliers thématiques (radio, numérique et sensibilisation aux dangers du web… ) vont également tourner dans les écoles de la ville.
Avec cet assouplissement, Marie Batoux a déjà constaté une augmentation de 30 % des inscriptions, particulièrement dans les 13e et 15e arrondissement. En moyenne, 1 000 élèves sont inscrits sur le temps périscolaire le matin et 1 300 de 16h30 à 18h.
Par ailleurs, une expérimentation est menée dans le 15e arrondissement. La garderie du matin (de 7h30 à 8h30) est désormais ouverte dès 3 enfants inscrits, contre 5 enfants auparavant. « On ne peut pas pour l’instant le généraliser pour des questions réglementaires liées au marché. Dans cet arrondissement, nous n’avions aucun temps d’animation ouvert ». Études surveillées et temps périscolaires peuvent également être articulés en fonction de la demande des parents. Ces derniers, s’ils ne sont pas satisfaits des évolutions, ne manqueront pas de sonner la fin de la récré.