À l’occasion de la mission européenne baptisée « Régénérer notre océan et nos eaux d’ici 2030 », Aix-Marseille Université a inauguré officiellement son Institut des Sciences de l’Océan. Lancée il y a moins d’un an, cette structure mêle de multiples expertises dédiées.
Durant deux jours au Pharo, Aix-Marseille Université (AMU), en partenariat avec l’Union européenne, la Région, le pôle mer Méditerranée et la Ville de Marseille, a organisé un événement autour de la préservation des océans et des eaux intérieures.
Cette manifestation entre dans le cadre de la mission européenne « Régénérer notre océan et nos eaux d’ici à 2030 ». La Mission Océan de l’UE fixe un cap vers trois objectifs majeurs d’ici 2030 : élimination des pollutions, décarbonation de l’économie bleue, restauration des écosystèmes marins.
D’après l’Agence européenne de l’environnement, seules 40 % des eaux européennes de surface sont considérées comme étant en bon état écologique actuellement. 90 % de l’espace maritime européen est soumis à de multiples pressions dues aux activités humaines : les pollutions, le changement climatique, la surpêche, l’urbanisation… L’Europe est donc loin d’être un bon élève. C’est la raison d’être de cette mission, autour de la restauration des eaux et océans.
L’urgence de travailler en commun pour l’océan
Pour l’occasion, le grand public et les scolaires ont pu profiter de nombreuses animations proposées pour comprendre les dégâts causées par l’action humaine sur les eaux, en présence des scientifiques, associations et entreprises oeuvrant pour la protection marine.
L’événement a également permis de mettre en lumière l’Institut des Sciences de l’Océan. Cette structure, créée par Aix-Marseille Université, a vu le jour au mois de septembre 2021. « Un Institut des Sciences de l’Océan est essentiel pour AMU afin d’aborder des problématiques environnementales de manière interdisciplinaire de façon à les résoudre dans son ensemble », explique son directeur Richard Sempéré, également océanographe.
« On s’est aperçus qu’il y avait dans différents laboratoires d’AMU, mais aussi chez nos partenaires comme l’Ifremer, l’INSN, l’IRD, le CNRS, des expertises qui se retrouvaient », détaille Richard Sempéré. Mais toutes ces disciplines étaient auparavant éparpillés. Dans cet institut, les expertises connectées aux sciences marines sont désormais regroupées. L’objectif à terme est de « former une nouvelle génération de chercheurs, d’ingénieurs, de juristes et de gestionnaires talentueux et sélectionnés en France et à l’étranger afin de relever les grands défis du milieu océanique ».
14 laboratoires, des partenaires et une méthode collective
Actuellement 14 laboratoires sont impliqués de près ou de loin. Il y a cinq composantes de l’Université, sans oublier les établissements et organismes comme par exemple l’Ifremer, le CNRS, l’IRD, l’IRSL, le Collège de France ou encore l’école Centrale Marseille. Ce qui permet de faire travailler à la fois des chercheurs venants de ces différents laboratoires, mais aussi des étudiants.
L’établissement permet ainsi d’aborder et d’étudier une thématique dans son ensemble. Le directeur illustre ainsi la pertinence d’une telle méthode en évoquant la pollution marine. « Lorsqu’on décide de travailler sur la pollution marine, on a besoin de scientifiques mais aussi de juristes pour réguler les politiques publiques, de géographes, d’historiens pour analyser l’évolution des problématiques », explique-t-il.
Vidéo de Maroine Jit
Lancement de « projets phares » pour ouvrir la voie vers une mer plus propre
2022 est essentiellement marquée par le lancement des « projets phares » de la Mission Océan. C’était le cas lundi soir à Marseille, à la cérémonie de lancement du « Phare de la Méditerranée » pour ouvrir la voie vers une mer plus propre.
Le but de ces projets est de jouer le rôle de plateformes pour le développement, la démonstration et le déploiement d’innovations transformatrices de toutes sortes (technologiques, sociales, commerciales, de gouvernance) afin d’atteindre les trois grands objectifs de la Mission.
Différents « phares » seront ainsi déployés. Le « Phare de la Méditerranée », lui, est axé sur la prévention et l’élimination des pollutions, et spécialement sur la pollution plastique. Sa première mission est de réduire d’au moins 50 % les déchets plastique en mer, d’au moins 30 % les microplastiques rejetés dans l’environnement et d’au moins 50 % l’utilisation de pesticides chimiques.
Vers la création d’une université de la mer avec AMU
Lors de cette cérémonie, le maire de Marseille, les représentants de la Région, des étudiants, et la ministre italienne de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Maria Cristina Messa, [l’Italie étant engagée dans ce processus de transition vers le zéro déchet en mer] ont évoqué la nécessité d’agir rapidement : « Chaque année, ce sont près de 13 millions de tonnes de plastique qui sont déversées dans les mers du monde, a déclaré Benoît Payan. Chaque année, des milliers de Marseillais souffrent de la pollution venant du transport et des activités maritimes. Chaque année, des millions de mammifères et d’oiseaux meurent des suites de cette pollution qui détruit nos fonds marins ».
Un passage de flambeaux entre Marseille et l’Italie a été effectué. Une mise en scène, pour illustrer la fraternité et le besoin de travailler ensemble. Lors de son discours, le maire de Marseille a également évoqué de nombreux projets. Il veut notamment construire un vaste réseau de refroidissement à l’eau de mer. L’objectif est de permettre la transition énergétique grâce à un service déjà existant. Benoit Payan souhaite également créer une Université de la mer en partenariat avec AMU.