Jeudi soir à Marseille, Jean-Luc Mélenchon a donné le « coup d’envoi » de la campagne des législatives, intronisant Manuel Bompard pour être son successeur dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, où il ne se représente pas.
Au son de « c’est Marseille, bébé » et « Alors on danse », entre Jul et Stromae, il y a ambiance ce jeudi soir à Marseille pour l’apéro-lancement de campagne de l’Union populaire, où Jean-Luc Mélenchon est très attendu. La soirée a aussi des allures de pot de départ.
Des figures locales, qui ont cheminé à ses côtés, aux militants de la première heure, quelque 300 personnes sont venues écouter le leader de la France insoumise qui se rêve en Premier ministre. Il y croit. « Nous commençons cette campagne en étant favoris », lâche d’emblée le tribun, depuis la tribune, sous les chaleureux applaudissements. Le cadre est posé.
Le prix de l’Union
À un mois des élections législatives, l’alliance des principales formations de gauche fait la course en tête. Selon le sondage Ifop-Fiducial pour LCI, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) obtiendrait 28 % des suffrages au premier tour, contre 27 % pour le camp d’Emmanuel Macron et 22 % pour le Rassemblement national.
Cette union inédite sur le plan national, loin d’être « une masse confuse », a été obtenue au prix « de discussions longues, très longues, parce que faites entre gens sérieux. Parce qu’ils savent que ce qu’il s’agit de faire derrière, c’est gouverner ! affirme l’Insoumis.
Et pour clarifier les choses face à ses détracteurs. « On a discuté ligne à ligne, précisément, honnêtement, jusqu’au bout, pour être bien sûr d’être d’accord entre nous, parce que je préfère le dire, si c’est moi qui dois être le responsable du gouvernement, ça ne va pas être un congrès à ciel ouvert. Et personne n’a trahi son idéal, je veux le dire solennellement ».
« Car un troisième tour, monsieur le Président, ça existe »
Du berceau à la retraite, de la santé à l’Europe, du pouvoir d’achat au nucléaire ou encore l’égalité des salaires… Jean-Luc Mélenchon a livré un discours de politique générale d’une heure, jouant bien, n’en déplaise à ses adversaires, la carte du troisième tour de la présidentielle. « Car un troisième tour, monsieur le Président, ça existe », insiste-t-il.
Référence aux propos d’Emmanuel Macron tenus quelques jours plus tôt, tentant de rassurer ses troupes. « Ne vous laissez pas intimider par ceux qui voudraient rejouer aux législatives ce qui a été tranché à la présidentielle ».
Pour le leader des Insoumis, c’est tout le contraire, car « l’élection législative, c’est celle qui va donner le mandat politique. Si vous élisez une majorité de députés de la Nupes, eh bien vous aurez un Premier ministre issu de cette Nouvelle union populaire », réaffirme le candidat à Matignon, assurant qu’en le propulsant à la fonction de chef du gouvernement « vous aurez le Smic à 1400 euros, la retraite à 60 ans pour 40 annuités et la conférence salariale obligatoire par branche ».
L’entrée en scène de Manuel Bompard
Tout en balayant les critiques sur son manque de légitimité à viser Matignon, exemples à la clé : « des Premiers ministres qui n’ont pas été députés, il y en a eu 6 sur 24 dans la Ve République. Et le dernier, c’est celui qui est en place » ; c’était aussi le moment pour le député marseillais de lever le doute sur le nom de celui qui mènera campagne à sa place dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, qu’il a remportée en 2017.
Une surprenante intronisation sous forme de question : « Pourquoi Monsieur Mélenchon vous n’êtes pas candidat à la législative, que c’est Bompard qui va être candidat ?, interroge-t-il. Je vous le confie, chez les Insoumis, c’est l’une des figures parmi les plus éminentes de la nouvelle génération. Il faut l’élire ».
Ce sera donc son ancien directeur de campagne. Le Toulousain, Manuel Bompard, 36 ans, lâchera s’il est élu son mandat d’eurodéputé pour la cité phocéenne où il a posé ses valises il y a déjà quelques mois. Une décision à la fois « politique et personnelle », concède l’une des chevilles ouvrières de l’union, en marge du discours de Jean-Luc Mélenchon. « C’est le fruit d’une discussion avec les Insoumis locaux, a-t-il ajouté. Il y a aussi l’idée de continuer à faire de cette circonscription une place forte de France insoumise au niveau national ».
Écrire une nouvelle page
Si le style est différent, la démarche reste la même : « faire avancer les batailles, avec l’objectif de s’adresser à ceux qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle, en leur disant que dans cette circonscription il a fait 55 % des voix au premier tour. Si chacune et chacun revote pour la candidature de la Nouvelle union populaire aux législatives, on peut même être élus dès le premier tour ». Avec l’ambition clairement affichée d’ouvrir une nouvelle page : « celle qu’on a envie d’écrire, c’est Jean-Luc Mélenchon à Matignon. C’est celle d’une situation qui change pour les Françaises et les Français ».