Après une rapide concertation, la mairie des 6-8 affirme que l’aménagement de la rue Breteuil intégrera la création d’une piste cyclable sécurisée à double sens et la sécurisation des abords de l’école élémentaire.
Il aura suffi de deux réunions publiques pour boucler la concertation dédiée au réaménagement de la rue Breteuil en vue de son apaisement. Après avoir consulté les commerçants la semaine dernière, la mairie des 6-8 et la Métropole Aix-Marseille-Provence ont invité les habitants lundi soir à échanger et s’informer sur les scenarii envisagés.
« C’est l’option d’une piste cyclable bidirectionnelle avec le parvis élargi et sécurisé de l’école Breteuil qui a été retenue », affirme Anne Meilhac, au lendemain de la deuxième réunion publique.
L’adjointe à la mairie des 6-8, déléguée aux mobilités, à la voirie, aux espaces verts et à la transformation de l’espace public, annonce également le calendrier attendu : « après finalisation des études techniques, les travaux doivent commencer cet été pour une livraison espérée avant la rentrée ». Cet aménagement concerne le tronçon d’environ 530 mètres entre le cours Pierre Puget et le boulevard Vauban.
Plus qu’une seule voie pour les voitures
Les habitants et commerçants avaient eu à s’exprimer sur trois options [voir encadré]. Toutes prévoient la suppression d’une des deux voies automobiles montantes. Cela ne semble pas entraîner de révolution par rapport aux usages actuels : l’axe ne propose « qu’une voie pratiquée malgré deux voies théoriques », rappelle la Métropole Aix-Marseille-Provence, en charge de la réalisation des aménagements via sa compétence pour la voirie.
L’étude de ses services techniques confirme, sans surprendre, que le stationnement illégal obstrue largement la voie de droite. Tout comme le stationnement légal à cheval sur le trottoir, qui réduit également le cheminement piéton.
La création de la piste cyclable bidirectionnelle sur la gauche, dans le sens de la montée, en plus de la suppression des places de stationnement et de livraison, doit libérer les trottoirs du mobilier urbain (potelets) et des véhicules garés anarchiquement.
Les trois scenarii pour l’apaisement de la rue Breteuil :
• 1 – Une piste cyclable bidirectionnelle séparative sur la gauche dans le sens de la voie. Des trottoirs inchangés mais libérés du stationnement à cheval et du mobilier urbain (potelets). Les services de la Métropole pointent une gestion complexe des intersections, de la continuité cyclable, la suppression du stationnement.
• 2 – Une piste cyclable unidirectionnelle descendante permettant d’élargir le trottoir Est mais une circulation mixte voitures/vélos dans le sens de la montée.
• 3 – Une piste unidirectionnelle en montée, présentant les mêmes avantages mais supprimant l’itinéraire cyclable en descente, reporté sur d’autres axes comme la rue Paradis.
Sécuriser l’école Breteuil
« C’est l’une des rues les plus polluées de Marseille », déplore l’adjointe au maire des 6-8 déléguée à la petite enfance, Danielle Casanova Gavino, « sans compter la pollution sonore ». Ce qui ne manque pas de faire réagir cette maman d’élève. « Oui ! L’école Breteuil n’est pas climatisée. Ça devient impossible en ouvrant les fenêtres avec le bruit ».
À la pollution s’ajoute la sécurité de l’accès pour les écoliers avec un trottoir étroit bordé d’une double voie… Cet établissement est au cœur des attentes portées par la mairie de secteur et les parents d’élèves auprès de la Métropole.
La réduction de la chaussée à une voie doit laisser place à « l’élargissement du parvis » de l’école, explique Anne Meilhac, qui évoque également une possible « végétalisation ». Les études techniques doivent affiner la question de la piste cyclable à ce niveau, qui sera réduite ou coupée.
Enfin, la vitesse devrait être abaissée à 30 km/h aux abords du groupe scolaire. Pour cela, en plus de la signalisation, notamment au sol, des « plateaux traversants » doivent prendre place. Ces grands dos-d’âne surmontés d’un passage piéton ralentissent les automobilistes et sécurisent la traversée à pied.
Suppression totale du stationnement
Concernant le stationnement, supprimé totalement de ce tronçon d’environ 500 mètres, « il n’y a qu’une douzaine de places légales », pointe Anne Meilhac. L’adjointe de secteur et conseillère métropolitaine estime qu’il sera facile d’absorber cette perte dans les rues adjacentes ou dans les parkings souterrains « dont l’offre doit encore devenir plus attractive pour les résidents ».
Mais la suppression des places de livraison, déportées dans les rues perpendiculaires, n’est pas du goût des commerçants présents à la réunion publique de ce lundi. Certains évoquent « un casse-tête pour les fournisseurs qui nous livrent en camion ».
Un casse-tête voué à se généraliser avec l’entrée en vigueur progressive de la zone de faibles émissions mobilité (ZFE-m) prévue à partir de septembre 2022 dans le centre-ville de Marseille. La logistique urbaine doit se réinventer rapidement. Du vélo cargo aux véhicules propres, les solutions variées se développent à Marseille.
Une rue de quartier devenue « boulevard urbain »
Reste que la rue Breteuil est l’une des plus empruntées de l’hyper-centre par les automobilistes. Les études présentées estiment que le nombre quotidien de véhicules s’élève à 11 000. « Elle a perdu sa vocation de desserte du quartier en devenant un petit boulevard urbain pour relier le nord au sud de la ville », lance le maire de secteur Pierre Benarroche (Printemps marseillais).
« C’est l’axe privilégié des automobilistes qui ne veulent pas payer le tunnel pour rejoindre Castellane, la L2 et l’autoroute A 50 », appuie un habitant, alors qu’une autre évoque la gratuité du tunnel sous les applaudissements de l’assemblée.
Il faudrait « réduire de 30 % ces flux de transit vers le sud et revoir la place de la voiture dans cet axe pensé au 19e pour relier les quartiers », abonde le conseiller métropolitain Frédéric Guelle.