Le ferry Méditerranée de la compagnie Corsica Linea a été amarré à la Joliette à Marseille pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Hébergement, formation au français, emploi, aide administrative et financière, garderie… Tout a été pensé pour leur permettre de s’intégrer rapidement.

Ils sont une centaine de réfugiés ukrainiens à avoir embarqué à la gare maritime de la Joliette, ce mardi 29 mars, dans le ferry Méditerranée. 200 autres doivent monter à bord dès mercredi. Les 500 cabines à disposition peuvent accueillir jusqu’à 1 600 personnes. Ils disposeront également de la restauration du self, du bar, de salles de jeu pour enfants, et même du cinéma remis en état après 20 ans d’inactivité.

Mais le navire ne larguera pas les amarres avant juin pour rejoindre l’Algérie comme à son habitude. Il restera à quai deux mois pour servir « d’hôtel flottant », comme le précise le Préfet des Bouches-du-Rhône, Christophe Mirmand. L’État loue le bateau à Corsica Linea, compagnie à l’initiative de ce dispositif.

Environ 2 000 réfugiés à Marseille aujourd’hui

Une solution qui permet de « desserrer » le dispositif d’accueil d’urgence établi dans divers endroits de Marseille, comme des appartements, des hôtels, ou le gymnase Ruffi. Ce dernier a déjà accueilli temporairement 1 000 réfugiés, selon la Ville qui gère le site.

Le préfet précise qu’à Marseille 1 000 Ukrainiens « déplacés » se sont officiellement enregistrés depuis le début de la guerre. « Soit environ 2 000 en comptant les enfants ». Certains logent chez des connaissances ou ont rejoint leurs familles déjà implantées en France. Mais « 800 sont en hébergement d’urgence ».

Pierre-Antoine Villanova, directeur de la Corsica Linea, rappelle que ce projet, « pour lequel nos équipes se sont extraordinairement mobilisées […] va bien plus loin que de l’hébergement. Ça c’est la phase 1, que nous avons réalisée en un temps record avec l’aide des pouvoirs publics ».

, Vidéo |  Un village d’accueil flottant à Marseille pour héberger et accompagner 1 600 réfugiés ukrainiens, Made in Marseille
Pierre-Antoine Villanova présente le dispositif aux côtés du maire de Marseille Benoît Payan, du président de la Région Sud, Renaud Muselier et du préfet de région, Christophe Mirmand.

Tous à bord pour un « véritable projet d’intégration »

La phase 2, « la plus importante » pour lui, « c’est un véritable projet d’intégration. L’objectif est qu’ils restent le moins longtemps possible », pour accéder à une situation pérenne. C’est pour cela que toutes les institutions publiques, les associations et de nombreuses entreprises sont mobilisées.

Denis Rossi, conseiller départemental délégué aux Interventions humanitaires se réjouit que « toutes les collectivités territoriales travaillent ensemble sur l’essentiel ». Le Département assure un soutien concernant ses compétences de solidarité. Comme la Ville qui propose également la scolarité « gratuite, comme la cantine » pour les enfants. La Région Sud offre une formation de 210 heures de français à bord pour 500 personnes, pour un investissement de 1,25 million d’euros.

La Présence de Pôle emploi sur le navire, ainsi que les grandes entreprises du territoire permettra de proposer du travail et des formations. « Il y a plus d’offres que de demandes », assure Pierre-Antoine Villanova, qui égrène les autres partenaires privés impliqués. « Les banques sont à bord et permettent d’ouvrir des comptes gratuitement. SFR donne des cartes SIM pour les communications. Les crèches Babilou offrent des places dans le secteur. ArcelorMittal fournit des produits d’hygiène pour 800 femmes et enfants…».

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Une salle de jeux attends les enfants à bord

« Gérer une crise, c’est un métier »

Sans oublier les travailleurs médico-sociaux, associatifs ou publics. « Gérer une crise, c’est un métier », a rappelé le président de la Région Sud, Renaud Muselier. Il a insisté particulièrement sur le rôle central de ces structures dans l’accueil des réfugiés ukrainiens.

Comme la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) du Samu de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille. « Nous assurons un débrief et un accompagnement psychologique » témoigne la référente Marion Dubois. « À leur arrivée, ils cherchent surtout à se poser, en sécurité, et résoudre des questions d’urgence sociale. Les traumatismes refont généralement surface après quelques semaines. On commence à le constater, avec des crises d’angoisse, des terreurs nocturnes, des cauchemars…».

On trouve à bord de nombreuses autres associations humanitaires et sociales, comme Emmaüs, la Croix-Rouge, des personnels des Maisons départementales de la solidarité. Ou Sara Logisol, qui supervise la question de l’hébergement à Marseille depuis le début de la guerre.

Quelqu’un qui fuit la guerre, on ne lui demande pas ses papiers, ou sa couleur de peau, on l’accueilleBenoît Payan

Des compétences et un engagement qui rendent fier le maire de Marseille, Benoît Payan. Il aime à rappeler que cette ville « a été fabriquée par des réfugiés ». Il se réjouit de « l’incroyable élan de solidarité des Marseillais, avec 7 convois humanitaires déjà envoyés vers l’Ukraine ».

Il conclut en rappelant que d’autres conflits touchent les populations civiles dans le monde. « Quelqu’un qui fuit la guerre, on ne lui demande pas ses papiers ou sa couleur de peau, on l’accueille ».

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