La place Sébastopol, bien connue des Marseillais pour son marché et ses commerces de proximité, est aux prémices d’un grand réaménagement. La mairie des 4/5 souhaite co-construire le projet de requalification avec les habitants et annonce le lancement d’une concertation à l’automne.
C’était une des promesses de campagne du Printemps Marseillais qui annonçait vouloir développer « de nouveaux aménagements végétaux » sur les « grandes places » de la ville. Parmi elles, figurait le nom de Sébastopol. En ce début d’année, Didier Jau, le maire de secteur, nous confirme sa volonté d’avancer sur le projet de requalification de ce lieu emblématique du 4e arrondissement de Marseille.
Pour lui, c’est une évidence : « Il faut mettre en accord les époques. Nous avons aujourd’hui à Sébastopol une place des années 80 avec une dynamique commerciale de 2022 ». L’aménagement actuel, imaginé il y a plus de 30 ans, sert avant tout de parking et ne correspond pas vraiment au schéma de « place idéale » que se fait l’équipe municipale.
Cinq axes prioritaires pour transformer la place
Le maire du 4/5 détaille sa vision : « L’urbanisme, c’est aussi du service public. À cet endroit, nous souhaitons travailler sur cinq axes prioritaires : l’apaisement, la végétalisation, la place des enfants, l’inclusion et la dynamique commerciale ». Des lignes directrices sur lesquelles il ne transigera pas, même si lui et son équipe insistent sur leur volonté de co-construire le projet avec les habitants.
Et cette « co-construction », terme préféré à celui de « concertation », doit débuter à l’automne 2022. Le projet a été plaidé auprès de la Métropole et la municipalité a reçu un « accord de principe » selon Perrine Prigent, conseillère municipale déléguée à l’amélioration des espaces publics. Elle ajoute qu’une « étude de circulation est en cours » au niveau de l’intercommunalité.
« Ne pas reproduire ce qu’il s’est passé à la Plaine »
Pour les élus du Printemps Marseillais, la « bataille de la Plaine », documentaire qui retrace le combat mené contre la requalification de la place Jean-Jaurès, est dans toutes les têtes. Même si le quartier est sociologiquement différent – Didier Jau parle même d’une « culture Sébastopol » – il y a des similitudes qui incitent l’équipe municipale à la prudence : une place-giratoire qui sert de parking, la présence d’un marché populaire, des arbres à préserver…
Sur ce dernier point, le maire de secteur se veut rassurant : « Il ne faut pas toucher aux arbres. Notre souhait est au contraire de renforcer la végétalisation de la place, de la désimperméabiliser ». Mais qu’en est-il du parking ? Une commerçante rencontrée sur la place s’inquiète, pas tant pour sa clientèle « qui vient à pied » mais pour elle et ses collègues : « On a déjà du mal à se garer maintenant alors, s’il y a encore moins de places, ça va être difficile ».
« Pour ne pas reproduire ce qu’il s’est passé à la Plaine », la mairie de secteur, qui annonce la mise en place d’un comité de pilotage, souhaite organiser une « concertation sans a priori » pour « comprendre et analyser les usages ». Pour cela, elle va organiser des « balades urbaines », une méthode déjà éprouvée ces derniers mois dans d’autres arrondissements de la ville pour le réaménagements de parcs et jardins.
Un projet arrêté « à l’horizon de 2024 »
Pour accompagner la réflexion des élus et des habitants, les étudiants vont aussi être invités à se pencher sur le projet. L’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional ainsi que L’École nationale supérieure de paysage auront pour mission de faire des propositions d’esquisses.
Mais en attendant que le projet prenne forme et qu’un principe d’aménagement soit arrêté « à l’horizon de 2024 », Didier Jau veut préparer les esprits à travers des manifestations ponctuelles.
« La Place est Libre » pour changer les usages
Comme cela a été fait sur le bas de la Canebière, avant sa piétonnisation définitive, il aimerait proposer aux habitants un nouvel événement récurrent : « La Place est libre ». Un nom qui fait écho aux opérations de piétonnisation de la Corniche, « La Voie est libre », un dimanche par mois à la belle saison.
Pour Perrine Prigent, l’objectif est de « tester de nouveaux usages et voir ce qui marche et ce qui ne marche pas, voir où on place le curseur pour la réduction de la place de la voiture ». Elle évoque aussi l’installation de mobilier temporaire.
Ce projet d’ampleur pour le quartier des Cinq-Avenues ne devrait pas démarrer avant 2026, année des prochaines élections municipales. Mais le Printemps Marseillais assume ce calendrier. Selon Perrine Prigent, « il vaut mieux prendre son temps au départ pour en gagner après ».
Petite histoire de la place Sébastopol
La place Sébastopol a déjà traversé plusieurs époques. Créée en 1865, elle a été nommée en souvenir du siège de la ville éponyme en Crimée, bataille à laquelle les Français avaient participé entre 1854 et 1855.
Après avoir accueilli à la fin du 19e siècle une guillotine destinée aux condamnés de la prison Chave, la place est devenue un lieu de vie où l’on trouve aujourd’hui un marché, du lundi au samedi, et de nombreux commerces de proximité qui attirent des Marseillais bien au-delà du quartier.