Avec des carnets de rendez-vous bien remplis, à l’approche de la saison estivale, les professionnels affichent leur optimisme sur le retour des touristes dans la région. À Nantes, le salon international Rendez-vous en France avait des airs de retour à la vie normale.
Malgré une situation sanitaire et économique encore fragilisée par l’épidémie de Covid, une désertification du personnel des métiers de l’hôtellerie et de la restauration et la crainte des conséquences de la guerre en Ukraine, la délégation emmenée par le Comité régional de tourisme (CRT) Provence-Alpes-Côte d’Azur au salon international Rendez-vous en France, à Nantes, reste confiante. Elle peut en effet compter sur les nombreux atouts du territoire pour aller conquérir de nouveaux marchés à l’international, et espérer des jours meilleurs.
La force du collectif pour booster le tourisme dans la région
« Plus que jamais, l’union fait la force ». Pour François de Canson, président du CRT Provence-Alpes-Côte d’Azur, tout repose sur la force du collectif et la confiance mutuelle entre les professionnels du tourisme et les collectivités de la région.
À la tête d’une délégation de 97 professionnels de la région Sud, présents sur le salon organisé par Atout France, le maire de la Londe-des-Maures (83) et vice-président de la Région Sud, est venu faire entendre la voix d’un territoire uni, pour convaincre les 590 tour-opérateurs de 57 pays.
Ils peuvent, en premier lieu, compter sur la nouvelle campagne de promotion #ExploreFrance, lancée par l’ensemble des comités régionaux de tourisme, qui servira de porte-drapeau à tous les professionnels du pays. Dotée d’un budget de 10 millions d’euros, cette campagne à visée internationale s’appuie sur les mêmes codes que celle menée depuis 2 ans par le CRT : #OnaTousBesoinDuSud. Des photos qui font rêver et un slogan accrocheur, pour tenter de séduire les touristes du monde entier.
Mais la délégation du CRT Sud est avant tout venue pour faire valoir ses atouts et mise sur le jeu collectif de toute la région pour tirer le territoire vers le haut. Les principaux marchés européens ciblés pour cette campagne sont la Grande-Bretagne, dont les clientèles ont été très peu présentes depuis 2020 compte tenu de l’effet conjugué de la crise sanitaire et du Brexit, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et la Scandinavie.
Par ailleurs, au-delà de la crise du Covid, la guerre en Ukraine a quelque peu rebattu les cartes. Avec pour conséquences, l’absence de touristes russes pour la troisième année consécutive (en 2020 par la fermeture des frontières et 2021 par l’absence de reconnaissance du vaccin Spoutnik en France), mais aussi des craintes sur la clientèle asiatique du fait du survol interdit de l’espace aérien russe, ou de la clientèle venue d’Europe centrale et de l’Est.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Europe représente 80 % de la clientèle étrangère. La crise sanitaire a fortement ralenti le tourisme international mais le retour des marchés européens a été très remarqué en 2021 avec de belles progressions par rapport à 2020, en particulier les Allemands (+ 36 %), les Suisses (+ 43 %), les Belges (+ 33 %) ou encore les Néerlandais (+ 32 %).
La France et la région Sud bénéficient d’importants bassins de population de proximité et c’est une chance pour la relance de l’économie touristique : 13 % du PIB de la région Sud, 143 000 emplois, près de 20 milliards de consommation touristique.
Miser sur les filières porteuses pour un tourisme 4 saisons
Gastronomie, oenologie, développement durable, sport, nature et culture… Chacun des territoires présents sur la centaine de stands joue la carte de la séduction. L’objectif est le même partout, en Provence, dans le Var, dans les Alpes et sur la Côte d’Azur : attirer des touristes toute l’année et développer un tourisme durable et responsable.
« On travaille essentiellement sur les filières qui fonctionnent toute l’année, comme le cyclotourisme et l’oenotourisme, nous explique Laure Pizzocaro, chargée de mission chez Var Tourisme. On cible principalement les marchés européens, comme l’Italie ou l’Angleterre. Il y a un gros intérêt pour cette clientèle de découvrir les domaines bio du Var, premier producteur de rosé au monde ».
Dans les Alpes du Sud, l’objectif premier est d’attirer des touristes en dehors de la saison hivernale. « Grâce à notre proximité avec Marseille et la Côte d’Azur, on essaye de convaincre les touristes internationaux de miser sur des séjours d’une dizaine de jours, qui leur permettent de faire un circuit mer-montagne. On est là pour leur montrer nos nouveautés. On vise principalement la clientèle américaine, mais aussi le Japon, l’Inde, la Chine, le Brésil, Israël et les pays scandinaves », précise Isabelle Nicolas, chargée de mission Tourisme pour les Alpes du Sud.
En Provence, la question de la saisonnalité est moins prégnante. Avec des villes locomotives comme Marseille, Aix-en-Provence ou Cassis, le territoire peut compter sur ses paysages plébiscités par les touristes du monde entier, de nombreuses structures d’hébergements, mais aussi sur l’excellence de sa gastronomie et la culture.
L’un des principaux temps forts de cette année 2022 sera sans doute l’ouverture, le 4 juin, de la réplique de la grotte Cosquer dans la Villa Méditerranée, à côté du Mucem. Selon Sylvain Depitout, son directeur commercial, présent sur le salon à Nantes, « plus de 800 000 visiteurs sont attendus dès cette année, et l’intérêt des médias nationaux et internationaux est déjà très important ».
« Marseille est à la mode, on en joue beaucoup, se félicite Maxime Tissot, directeur général de l’Office Métropolitain de Tourisme de Marseille. Mais tout ça ne tombe pas du ciel, c’est énormément de travail. Notre atout aujourd’hui, c’est de ne plus avoir de saisonnalité ». Depuis plusieurs années, les touristes sont en effet de plus en plus nombreux à visiter la cité phocéenne toute l’année, et Marseille a bien résisté à la crise sanitaire.
« On a 70% de clientèle française, en comparaison de Nice, l’autre grande locomotive de la région, qui a 70% de clientèle internationale. Donc, on s’en est quand même bien sorti pendant la crise sanitaire. Et puis, on mise beaucoup sur le tourisme d’affaires avec l’accueil de nombreux congrès et salons, et bien sûr, l’événementiel sportif et culturel, avec l’ouverture de Cosquer en juin, la Coupe du monde rugby en 2023 et les Jeux Olympiques en 2024. On se sert de ces événements pour dire aux professionnels de bien se préparer pour être au top, en terme d’écolabel, d’e-réputation… C’est toute une stratégie que l’on partage avec l’équipe du CRT ».
Réussir le pari de l’emploi
À l’orée de la saison estivale, les feux sont donc au vert pour les professionnels de la région Sud, à condition bien sûr de mener des actions efficaces pour pallier le manque de main d’oeuvre dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration, qui peinent à recruter depuis le début de la crise.
Il faut dire que « la France a été le plus résilient de tous les pays européens face à cette crise » précise François de Canson. Car, même si la fréquentation internationale de la destination France a connu une chute significative, la France a mieux résisté que certains de ses concurrents européens.