L’Académie des Talents de la Méditerranée souhaitée par le Président de la République sera basée au campus de l’Agence française de développement aux Docks à Marseille. La promotion pilote d’une quinzaine de « Med-Changers » devrait débuter cette formation d’un nouveau genre en septembre 2022. Objectif : contribuer à révéler la Méditerranée comme l’un des hubs mondiaux de l’innovation positive.

À l’occasion de la cérémonie d’ouverture du Forum des mondes méditerranéens qui se tenait à Marseille début février, le Président de la République annonçait la création d’une Académie des Talents de la Méditerranée. « Hybride, itinérante. Elle permettra de réunir chaque année des entrepreneurs, des artistes, des créateurs, des étudiants, des chercheurs. Ils pourront ainsi créer des réseaux, développer leurs idées, acquérir de nouvelles compétences, apporter la preuve que notre Méditerranée sait se rassembler et conjuguer tous ses talents ».

Ce projet est né à la suite du discours de clôture d’Emmanuel Macron, il y a deux ans, lors du Sommet des deux rives à Marseille, lorsqu’il parle de « forger un nouveau monde méditerranéen, dessiner un avenir commun positif pour donner à la Méditerranée le potentiel et la chance de devenir ce qu’elle pourrait être en repartant de ses mythes, de ses rêves, de ses histoires, de cette jeunesse… Il y a ici les mots importants qui sont le fondement de ce projet : jeunesse et positif. On a besoin aujourd’hui de construire une vision de ce territoire qui donne envie d’aller de l’avant », explique Sarah Marniesse, responsable du campus Agence française du développement (AFD), à l’origine de cette initiative, aux côtés de la Délégation interministérielle de la Méditerranée.

L’Académie des Talents de la Méditerranée cible des acteurs de 20 à 40 ans, issus de la société civile au sens large et originaires des deux rives, qui se seraient démarqués par leur potentiel de transformation en Méditerranée : intellectuels, scientifiques, artistes, jeunes investis dans la chose publique, entrepreneurs, jeunes issus du monde associatif et de l’économie sociale et solidaire. L’objectif est de contribuer à révéler la Méditerranée comme l’un des hubs mondiaux de l’innovation positive.

Repenser collectivement et positivement l’espace méditerranéen

Derrière cette « académie », un programme de formations d’un nouveau genre, car le campus de l’AFD, laboratoire d’innovation pédagogique, basé à Marseille, a engagé il y a quelque temps une réflexion sur la question suivante : « qu’est-ce que cela veut dire de former aujourd’hui pour accompagner les grands défis du monde contemporain ? ». Un travail mené avec des chercheurs, des neuroscientifiques, des experts… pour bien comprendre comment « transmettre » à notre époque. Conclusion ? « L’idée n’est donc pas de mettre en place un parcours traditionnel de cours. Ce doit être des parcours inspirants et des voyages dans lesquels on brasse des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être, être dans l’intelligence collective », poursuit Sarah Marniesse.

C’est sur ce fil conducteur que le programme est actuellement en construction. Il reposera sur trois grandes phases. La première vise à saisir les enjeux liés à la Méditerranée. Parmi les grandes thématiques, la protection de l’environnement, de la biodiversité marine, le sujet des migrants, avec pour postulat de départ, « comment faire de la Méditerranée un lieu qui unit, plutôt qu’un lieu qui divise », la jeunesse bien sûr au cœur du projet, mais aussi l’entrepreneuriat.

C’est au contact de personnalités inspirantes et de représentants de la zone méditerranéenne que les futurs académiciens vont repenser ensemble cet espace. « L’idée est de faire parler des voix sur cette réalité méditerranéenne », ajoute la responsable du campus de l’AFD. « Nous voulons faire intervenir des représentants de la zone ». Aix-Marseille Université devrait apporter son expertise, mais aussi l’université de Tunis.

Identifier les futurs talents des mondes méditerranéens

Acte 2. « Se projeter dans des récits de futurs souhaitables grâce à des méthodologies de prospectives positives », détaille Sarah Marniesse. Ici, le but est d’écrire des récits collectifs, faire du neuf afin de faire émerger un commun méditerranéen. Une sorte de feuille de route qui servira de bases à de futurs projets qui seront poussés voire concrétisés dans un troisième temps : celui du passage à l’action.

Ce troisième acte sera piloté par Emerging Méditerranean. Né dans le sillage du Sommet des deux rives, Emerging Méditerranean est un programme d’accélération destiné aux entrepreneurs à forts impacts sociaux et environnementaux de la rive Sud de la Méditerranée (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye) engagés sur les thèmes d’e-santé, d’agritech, de mobilité, de climat, d’économie sociale et solidaire ou d’entrepreneuriat féminin. Il s’est rapidement imposé comme un programme clé pour les acteurs de la Méditerranée.

Lors du dernier appel à candidatures, en 2021, Emerging Mediterranean a d’ailleurs enregistré 305 candidatures dont 31 % portées par des femmes, soit au total une augmentation de 34 % par rapport à 2020. « Le rôle premier de l’Académie est d’identifier des Med-Changers, c’est-à-dire des futurs talents des mondes méditerranéens afin de les accompagner et les faire grandir. Au travers de celle-ci, nous nous adressons directement aux acteurs identifiés de la société civile, sur lesquels repose en premier lieu ce projet de transformation et de révolution méditerranéenne », explique Samir Abdelkrim, fondateur d’Emerging Mediterranean.

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À l’occasion du Forum des mondes méditerranéens, Emerging Mediterranean a signé avec l’Agence française de développement une convention de subvention de 400 00 euros pour ce projet. © N.K.

L’appel à candidature lancé dans les prochaines semaines

Si l’académie s’inscrit davantage dans une démarche de promotion, elle se matérialisera en un lieu physique au campus de l’Agence française de développement, aux Docks, à Marseille, « pour vivre des expériences collectives ». Des séquences seront également organisées en digital. Elle se déploiera également à Casablanca et dans des tiers-lieux de différentes villes méditerranéennes qui accueilleront des promotions successives.

Le projet, dans sa phase pilote, vise une promotion de 15 « Med-Changers », issus des deux rives de la Méditerranée. Des critères de sélection seront établis pour s’assurer de la diversité et de la représentativité sectorielle et catégorielle, avec des jeunes leaders issus du monde scientifique, politique, associatif, public, artistique, entrepreneurial… « La sélection sera réalisée sur la base de la motivation, et de cette hybridation en termes de projets, de publics, mais aussi de cultures, de leur désir de rencontres, de découvertes… pour contribuer à la transformation de la zone », ajoute Sarah Marniesse.

Un accent particulier sera mis dans la sélection sur les profils des femmes et sur le thème de l’entrepreneuriat féminin en Méditerranée, pour permettre d’accompagner les thématiques plus spécifiques rencontrées par celles qui transforment et impactent positivement les mondes méditerranéens.

L’appel à candidatures devrait être lancé dans les prochaines semaines, pour une rentrée prévue en septembre 2022.

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