Les boîtes de nuit rouvrent ce mercredi 16 février, et avec elles, la crainte du retour de « la drogue du violeur », le GHB, après la recrudescence de témoignages l’année dernière. Le Département des Bouches-du-Rhône et la Région Sud lancent une grande distribution de couvercles anti-drogue, surnommés « capotes de verres ».
#BalanceTonBar. Ce hashtag a envahi les réseaux sociaux en fin d’année dernière. Derrière cette référence à #BalanceTonPorc, des centaines de femmes confiaient avoir été droguées à leur insu dans des bars et boîtes de nuit du territoire. Souvent par du GHB, surnommé la « drogue du violeur », ou des molécules aux effets similaires.
En plus de faire perdre le contrôle physique et psychique de la victime, le produit entraîne également des amnésies. Deux conséquences dont profitent les agresseurs sexuels, et parfois aussi des pickpockets, qui versent le stupéfiant, inodore et insipide, discrètement dans les verres en soirée.
Sur le réseau social Instagram, les comptes du collectif de collages féministes de Marseille puis @balance_ton_bar_marseille avaient relayé de nombreux témoignages et mis le sujet sur le devant de la scène locale. Avec un triste constat : peu d’établissements de la ville étaient épargnés par le phénomène.
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Des indicateurs qui confortent la croissance du phénomène
Parmi ces récits glaçants, certains révèlent notamment le peu de considération dont peuvent faire preuve les professionnels et commerçants face aux victimes : « Un serveur a rappelé les pompiers pour leur dire de ne pas venir, qu’on leur avait fait un canular. Mon amie a passé 6 heures dans le coma », peut-on lire sur @balance_ton_bar_marseille, parmi de nombreux autres témoignages tout aussi alarmants.
Si la réalité de ce phénomène est d’autant plus difficile à prouver pour les victimes car le GHB n’est plus détectable dans l’organisme 12 heures après absorption, les indicateurs tendent à démontrer la croissance de ce fléau ces dernières années : « Il y a une augmentation claire des saisies de GHB par les douanes. Et entre 2018 et 2019 [période de référence pré-covid, ndlr], une augmentation de 16,7 % des intoxications impliquant cette molécule », précise Mandy Graillon, conseillère déléguée à la Sécurité, à la Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation au Département des Bouches-du-Rhône.
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Des couvercles en silicone pour protéger les verres
La collectivité a décidé de s’emparer du problème « à la fin de l’été 2021, lorsque des réseaux de jeunes nous ont alerté sur la recrudescence inquiétante de cas. Le mouvement #BalanceTonBar est venu confirmer la situation dans un second temps, poursuit l’élue. On avait réagi dès la rentrée de septembre en lançant le processus de production de couvercles de verres anti-drogue ».
Cette protection empêche toute introduction de drogue, mais permet de déguster sa boisson grâce à une paille. Ce couvercle souple en silicone transparent s’enfile sur des contenants de tous formats. Une caractéristique qui lui vaut le doux surnom de « drink condom », ou « capote de verre » en France. Au-delà de la ressemblance avec un préservatif, on peut y voir aussi une référence à la protection sexuelle.
Toutefois, la différence ici reste que la protection en silicone est lavable et réutilisable à l’envi. Les couvercles de verres anti-drogue peuvent donc trouver leur place dans les sacs-à-main pour être utilisés à chaque sortie.
« Réagir très vite quand on est victime »
Alors que la vague du variant Omicron a sévi cet hiver, entraînant la fermeture des établissements de nuit, le phénomène du GHB a été un peu oublié. Mais ce mercredi 16 février, les restrictions sanitaires prennent fin dans les discothèques. Les pouvoirs publics ont donc choisi d’accompagner cette réouverture d’une grande distribution de couvercles de verres anti-drogue.
Le Département des Bouches-du-Rhône en distribuera gratuitement 50 000 « dans une trentaine d’établissements sur Marseille et plus d’une quarantaine sur l’ensemble du département », reprend Mandy Graillon. La conseillère départementale précise qu’ils sont produits dans « un ESAT (établissements ou services d’aide par le travail) du territoire ».
Ils coûtent un euro pièce à la collectivité, qui lance en parallèle une grande campagne de sensibilisation grand public. « Sur les réseaux sociaux, mais aussi directement auprès des jeunes dans les écoles et les facs », annonce l’élue. « Pour les encourager à se protéger, mais aussi à réagir très vite quand on est victime. Face à cette drogue qui disparait rapidement, il faut aller tout de suite à l’hôpital, pour les soins et permettre le signalement ».
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a également décidé de distribuer 400 000 couvercles de ce type dans les établissements de nuit. « Dès les mois de mars et avril, une première vague de 60 000 couvercles sera distribuée à ces professionnels, en partenariat avec l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie ».
Alors n’hésitez pas à vous procurer ces protections et sortez couvert(e)s !