Face à la grève des éboueurs qui se poursuit et les centaines de tonnes de déchets qui s’amoncellent toujours dans les rues de Marseille, le maire Benoît Payan, a décidé de sortir du cadre légal. « Des camions iront dégager les poubelles là où il y a danger ».
« A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle ». Après plus d’une trentaine de feux de tas de poubelles signalés par le Bataillon des marins-pompiers depuis ce week-end et que des vents très violents balayent la ville depuis hier, le maire de Marseille a décidé d’agir face à la grève des éboueurs qui dure depuis dix jours maintenant, notamment à l’appel du syndicat Force ouvrière (FO).
« Nous sommes face à une crise des poubelles depuis 4 mois qui prend des proportions dangereuses Tous les éléments sont réunis pour nous précipiter vers un drame sécuritaire et écologique, déclare Benoît Payan. Je suis obligé de prendre une décision unique pour notre ville, de sortir du cadre légal pour protéger les Marseillaises et les Marseillais et notre littoral ».
🔴 A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle !
Face à des dizaines d’incendies de poubelles et aux alertes météo, j’ai informé ce soir le @Prefet13 que je vais déroger au droit des collectivités à la répartition des compétences entre la Ville et la Métropole.
1/2 pic.twitter.com/Bi2pDnN31m— Benoît Payan (@BenoitPayan) January 31, 2022
« Des moyens dérogatoires extraordinaires afin de préserver la salubrité publique »
Alors que la collecte des déchets est une compétence de la Métropole Aix-Marseille Provence, Benoît Payan déroge de façon exceptionnelle au droit des collectivités territoriales et à la répartition des compétences entre la Ville et la Métropole.
L’édile a avisé le préfet des Bouches-du-Rhône de la mobilisation « de moyens dérogatoires extraordinaires afin de préserver la salubrité publique. Dès demain, des camions iront dégager les poubelles là où il y a danger », annonce le maire.
La municipalité fera intervenir en urgence des sociétés pour protéger la santé et la sécurité des Marseillais afin de ramasser le surplus de poubelles qui bloquent les rues et qui constituent un risque d’incendie et un danger de pollution des eaux et des milieux naturels.
Interventions d’huissiers
« Après un nouvel arrêté municipal pris vendredi dernier, dès ce soir [lundi 31 janvier], des huissiers sont mandatés par la Ville pour constater les troubles à l’ordre public occasionnés par la présence sur la voie publique de nombreux déchets et la carence dans le ramassage des déchets », indique la municipalité.
Lundi matin, Sébastien Barles, adjoint délégué à la transition écologique évoquait l’hypothèse d’une intervention de l’armée afin de mettre fin à l’amoncellement de déchets dans la cité phocéenne.
Alors que le mistral se lève, de nb quartiers conservent leur amoncellement de déchets. Si l’on ne veut pas d’un remake de la marée plastique de l’automne, le Préfet serait inspiré de mobiliser l’armée pour lever les tonnes de déchets jonchant les rues,menaçant de finir à la mer. pic.twitter.com/kOBXAcHd2f
— Sébastien Barles (@sebbarles) January 31, 2022
Troisième grève en quatre mois
En octobre, lors d’une première grève, des pluies torrentielles avaient entraîné jusqu’à la mer des tonnes de déchets entassés dans les rues, provoquant une catastrophe écologique.
Des centaines de bénévoles s’étaient alors mobilisés pour nettoyer les plages. « Le maire ne souhaite pas prendre position dans ce conflit social, mais cette décision exceptionnelle de mobiliser des moyens privés est une mesure de sécurité », a insisté auprès de l’AFP la Ville.
Cette nouvelle grève de la collecte des déchets, débutée le 18 janvier, est la troisième en quatre mois dans la deuxième ville de France. La semaine dernière, les associations environnementales marseillaises ont interpellé la Métropole sur les risques de nouvelle pollution souhaitant organiser des assises de la propreté.
Samedi, le tribunal administratif de Marseille a donné raison à la Métropole, assignant la veille en référé le syndicat FO, majoritaire à la Ville et à la Métropole, afin de demander la levée des blocages des centres de transfert et des garages où sont entreposés les camions benne, empêchant les non-grévistes de travailler librement.
De son côté, FO estime que certaines dispositions d’un précédent accord conclu fin décembre avec l’ensemble des organisations syndicales autour de l’application des 35 heures ne sont pas respectées.
A lire aussi