La première Nuit de la solidarité a été lancée ce jeudi 20 janvier à Marseille. Un millier de bénévoles sont mobilisés pour aller à la rencontre des sans-abri. Objectif : collecter des données au plus proche des besoins afin d’adapter les politiques publiques en faveur des plus fragiles.
C’est un événement inédit à Marseille : la première Nuit de la Solidarité est en cours dans toute la ville. Elle est organisée à la même date dans 16 villes de France, sous l’égide de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement. À Marseille, cette opération est pilotée en collaboration avec l’État, le Centre communal d’action sociale et les associations de lutte contre la précarité qui oeuvrent au quotidien sur le territoire marseillais.
Malgré le contexte de crise sanitaire, près d’un millier de bénévoles ont répondu à l’appel lancé par la Ville de Marseille pour aller à la rencontre des sans-abri dans tous les arrondissements de la commune. « Très objectivement, cette ville est une ville solidaire », déclare Benoît Payan, le maire de Marseille, lors du lancement de cet événement. « On ne construit pas une société, un pays, une ville, une humanité si on ne se tend pas la main, si les uns et les autres on ne donne pas de soi, qu’on ne partage pas, qu’on ne va pas vers l’autre. Et c’est ce que nous ont dit les Marseillais et Marseillaises ».
9000 places d’hébergement d’urgence dans les Bouches-du-Rhône
L’un des enjeux de cette mobilisation est de disposer « de données fiables et mieux documentées sur la situation des personnes à la rue afin de construire les politiques publiques d’accueil, d’accompagnement, d’hébergement et d’insertion au plus proche de leurs besoins ».
Selon les derniers chiffres en date de 2016, ce sont 14 063 personnes sans-abri qui ont été recensées à Marseille. « On verra ce soir quel est le chiffre exact et on pourra ainsi adapter nos politiques publiques avec nos partenaires », explique Laurent Carrié, préfet délégué au plan Marseille en Grand et représentant du Préfet de région.
Les Bouches-du-Rhône comptent, à l’heure actuelle, 9000 places d’hébergement d’urgence, concentrées essentiellement à Marseille. « Il faut voir si l’offre dans sa composition est suffisante par rapport au nombre que nous allons recenser ce soir. Voir également si ce que l’on propose en matière d’accompagnement social, d’insertion est aussi bien adapté aux personnes et aux publics », ajoute Laurent Carrié.
💬 Les Bouches-du-Rhône disposent aujourd’hui de 9000 places d’hébergement pour les sans-abri. @Laurent4Carrie, représentant du Préfet de région, compte sur cette Nuit de la Solidarité pour affiner les chiffres, mieux connaître les besoins et adapter les mesures d’accompagnement. pic.twitter.com/JGiSN8OtBD
— made in marseille (@MadeMarseille) January 20, 2022
L’ensemble des données récoltées cette année seront analysées par des universitaires et des statisticiens et rendus publics.
« Plus on reste dans la rue, plus c’est dur d’en sortir »
Sur le terrain, pour réaliser cette « photographie » du sans-abrisme à Marseille, les 1000 bénévoles se sont répartis en plusieurs centaines de brigades avec chacune un périmètre précis. Ils sillonnent tous les axes ainsi que les recoins les plus discrets à la recherche de personnes à la rue.
Équipés d’un questionnaire, ils récoltent les informations sur leur situation, leur profil, leur âge et leurs besoins. Et bien sûr, ils les orientent en cas de besoin. Olivier Luciani a pris la tête d’une équipe dans le quartier du Panier. L’homme est rompu à l’exercice puisqu’il est coordinateur d’une mission de maraude pour l’Addap 13, spécialisée dans la médiation sociale et l’insertion. « Mais ce soir j’interviens bénévolement ».
Selon ce travailleur social, le plus important pour sortir les personnes de la rue « c’est de les repérer vite et leur proposer des solutions viables et durables. Car plus on reste dans la rue, plus c’est dur d’en sortir, et il faut éviter les rechutes. Pour y arriver, il faut renforcer les équipes de terrain et développer davantage les solutions d’insertion et d’hébergement », conclut-il. Avant de reprendre sa maraude, qui se poursuivra jusqu’à 23 heures ce soir.
La Nuit de la solidarité entre dans le cadre du renforcement par la Ville de son action de lutte contre la pauvreté. À ce titre, Marseille est la première ville de France à avoir signé avec l’État une convention de partenariat dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, avec un plan d’action d’1,4 million d’euros, financé à 50-50 par la Ville et l’État.