À côté du marché aux puces, la requalification de l’axe Cap Pinède – Capitaine Gèze en grand boulevard arboré devrait bientôt débuter. Une réunion publique a présenté le projets aux habitants. Certains craignent que cette transformation en profondeur ne corresponde pas à leurs attentes.
« Les travaux vont débuter début 2022 » annoncent les représentants de l’établissement public d’aménagement Euroméditeranée, venus présenter le projet de requalification de l’axe Cap Pinède – Capitaine Gèze jeudi 2 novembre, lors d’une réunion publique. Évoqué sous le nom de “Cours métropolitain”, le projet d’envergure prévoit de réaménager en profondeur cette voie entre l’A55 et l’A7.
Les opérations visent un périmètre de 1,6 kilomètre et concernent également le boulevard Oddo, parallèle au nord, et les rues adjacentes. Le paysagiste Michel Desvigne est aux manettes, en groupement avec l’agence d’architectes-urbanistes Stoa et la société d’ingénierie Ingérop (mandataire du groupement).
Alors que la Métropole Aix-Marseille-Provence est en charge de la voirie, la maîtrise d’ouvrage est déléguée à Euroméditerranée via une convention. Le devis global des travaux est estimé à près de 65 millions d’euros hors taxe.
Avant-après :
Un secteur en pleine mutation
La première phase « doit être livrée en 2025 », précise Mélanie Le Bas, en charge de la concertation pour l’établissement public. Elle concerne la partie ouest, du Cap Pinède en passant devant le marché aux puces jusqu’au niveau du pôle d’échange Gèze, en face duquel la société de data centers Jaguar network érigera son futur campus du numérique Théodora. Le futur écoquartier des Fabriques commence à pousser juste au sud, à côté du quartier des Crottes, également en voie de réhabilitation.
La création du « Cours métropolitain » marquera donc la limite nord de cette rénovation urbaine d’ampleur lancée dans le secteur : Euroméditerranée 2. À l’heure actuelle, l’axe est peu reluisant et « marque surtout une frontière » entre le quartier des Crottes au sud et celui de la Cabucelle au nord, décrit Charles, ingénieur urbaniste à Ingérop. « Il sert surtout le flux de voitures est-ouest, entre les deux autoroutes ». Le projet vise donc à faciliter également les flux nord-sud pour les différentes mobilités.
400 arbres, des pistes cyclables et des voies piétonnes
Le futur boulevard atteindra jusqu’à 48 mètres de large par endroits, une place conséquente sera faite pour les mobilités douces. Euroméditerranée promet des pistes cyclables sécurisées en voie propre tout le long du parcours, ainsi que de vastes trottoirs, tout en préservant des voies dédiées aux voitures aux bus.
Les végétaux doivent également faire leur entrée alors que l’axe est aujourd’hui intégralement minéral. « 400 arbres seront plantés rien que sur la première phase », précise Mathieu Coquet, paysagiste de l’agence Stoa. Ils formeront jusqu’à 5 rangées, qui serviront notamment à délimiter les différentes voies. Sans compter la végétalisation basse avec « des plantations régulières le long des voies pour le confort piéton ».
Au-delà de la voirie, l’espace public doit aussi être requalifié sur le même principe de végétalisation, avec notamment la création de la « Place Gèze » en face de la station de métro et bus. Mais également un « parvis de la gare » créé au pied du pôle d’échanges multimodal. Pour rappel, le tramway doit également arriver dans le secteur d’ici 2025.
Une requalification questionnée
Cette opération d’envergure parait séduisante au regard de l’état actuel de l’espace public du secteur. L’assemblée a toutefois émis quelques réticences à l’égard de l’Établissement public et des finalités de l’opération concernant leur usage du quartier. Une habitante, dont le logement sur le boulevard Oddo jouit d’une « vue dégagée » et « ensoleillée », ne voit pas d’un bon œil la requalification du parking actuel en contrebas, sur lequel doit s’élever un immeuble neuf.
D’autres regrettent que le chantier mette fin au marché non officiel, mais imposant, qui se tient sur l’avenue du Cap Pinède. L’élue déléguée au cadre de vie de la mairie des 15-16, Tamara Beard, rappelle toutefois la nature qu’elle qualifie de « sauvage » de cette activité. Les représentants de Euromediterranée précisent que les aménagements ne sont pas pensés pour la continuité de ce marché parallèle.
Avant-après : Cap-Pinède
Euromed face à la méfiance des riverains
Enfin, la réunion s’est conclue de manière plus houleuse, avec l’interpellation d’habitants du quartier voisin, les Crottes, également visé par des opérations de l’Établissement public. « Vous parlez de projets mais rien n’avance ici [aux Crottes, ndlr] », déplore Kader, qui possède un logement. « C’est devenu un repère de squatteurs ». Ce qu’il impute aux « expropriations de petits propriétaires », engagées en prévision des projets à venir. Il pointe également la situation des ateliers Jeanne Barret, désormais occupés par une association « qui ne propose rien pour les habitants du quartier, à part un petit carré potager. Le reste, c’est des soirées et vernissages pour des gens venus d’ailleurs ».
Mélanie Le Bas, en charge de la concertation, lui rappelle le temps que prennent de telles opérations. « Les études sont en cours et les premières réalisations sont prévues au printemps ». Sur la question des activités des ateliers Jeanne Barret, un représentant d’Euroméditerranée répond qu’il « vérifiera lui-même » la version exposée par Kader, et que les activités s’adressent aussi aux habitants du quartier.
Euromediterranée passe à la vitesse supérieure en lançant conjointement de nombreux chantiers de rénovation urbaine. Cette réunion publique montre que les habitants seront particulièrement attentifs à ce que les projets correspondent à leurs attentes.