Le graffeur marseillais Difuz a travaillé en duo avec la street artiste américaine La Morena pour réaliser deux œuvres monumentales sur les murs de la cité du Plan d’Aou dans le 15ème arrondissement de Marseille. Une collaboration originale qui n’a pas laissé les habitants du quartier indifférents.
La rencontre entre le street-artiste français Difuz et son homologue américaine La Morena s’inscrit dans le projet de fresques murales “French American Mural Art” (Fama) porté par l’Ambassade des États-Unis d’Amérique en France et l’association d’art urbain Hypermur. La réalisation des œuvres a été menée avec des jeunes du quartier en insertion et en collaboration avec l’Addap13, une association engagée dans l’éducation populaire.
Après avoir fait escale à Besançon, Paris et Niort, c’est donc Marseille qui a été choisie comme nouvelle destination grâce au contact établi avec Planète Emergences. Caroline Séguier, directrice de l’association, rappelle que celle-ci intervient depuis de nombreuses années dans les quartiers prioritaires du nord de la ville pour coordonner et fédèrer des projets artistiques et culturels dans l’espace public. Elle était donc un facilitateur évident pour la mise en place de cette collaboration. Renaud Cousin, directeur d’Hypermur, confirme : « C’est parce qu’il y avait un acteur comme Planète Emergences qui fait un vrai travail de terrain et de médiation qu’on a choisi de faire une œuvre à Marseille ».
Plusieurs artistes américains ont donc été présélectionnés et soumis à l’association qui a choisi de retenir La Morena, et qui a ensuite proposé la rencontre avec Difuz.
Une démarche artistique bien accueillie dans le quartier
Difuz est un graffeur d’origine belge et uruguayenne bien connu de la scène marseillaise. Dans ses œuvres nourries de la culture hip hop et imprégnées de ses origines sud-américaines, il joue à mêler le surnaturel à l’ordinaire. La Morena est, quant à elle, une artiste apache, originaire de l’Arizona aux États-Unis. Ses fresques illustrent son combat pour les droits des communautés autochtones et pour l’environnement. Sa fresque représente d’ailleurs une jeune fille indigène qui utilise son énergie pour guérir la mer et lui rendre sa vie marine.
« Je me suis beaucoup amusée dans la réalisation de cette œuvre. Et la barrière de la langue n’a pas été un obstacle ! » se réjouit la street artiste américaine, qui avoue avoir été angoissée de prendre l’avion pour venir jusqu’à Marseille. Elle ne s’attendait sans doute pas à une rencontre aussi chaleureuse avec les habitants. « Des femmes à leur fenêtre m’ont proposé de m’amener du thé pendant que je peignais dans le froid. Et une maman est également venue me voir avec sa fille pour me dire que la jeune femme que j’avais peinte lui ressemblait ». Une coïncidence que beaucoup d’habitants de l’immeuble ont noté et qui a permis à la fresque d’être rapidement adoptée.
Diego, alias Difuz, a lui aussi des anecdotes à partager. Le jeune garçon qu’il a peint tient une guitare, un instrument de musique visiblement populaire dans le quartier. Au-dessus du blason de l’OM, on y distingue un clin d’œil à Psy4 de la Rime, le célèbre groupe originaire du Plan d’Aou. Mais il y a aussi Popeye. « J’ai croisé un homme qui vit dans le bloc depuis 50 ans et qui n’était pas du tout emballé par le projet. Il a fini par me présenter son voisin de palier qui s’appelle Popeye. On a bien sympathisé et au final j’ai décidé de lui faire un clin d’oeil ».
Des oeuvres d’art, sources d’inspiration
Dix jours de travail auront été nécessaires pour la création de ces deux œuvres monumentales qui se font écho sur cet immeuble de cinq étages. Ce projet artistique vient ponctuer le travail de rénovation qui a déjà été réalisé dans le quartier et réjouit la maire de secteur Nadia Boulainseur. « Ces deux œuvres d’art ont toute leur place entre le stade, la médiathèque et l’aire de jeux. Je suis sûre que les habitants en prendront soin ».
La consule générale des États-Unis, Kristen K. Grauer, présente à l’inauguration, le 9 novembre, est également très enthousiaste sur cette collaboration franco-américaine. « Parfois, on fait des choses entre musées ou des choses très institutionnelles. Mais ici, c’est pour le grand public et ça peut inspirer les jeunes ».
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