Les projets de transports marseillais concernés par l’enveloppe de 1 milliard d’euros promise par l’État doivent être tranchés avant la fin de l’année. La municipalité souhaite que le projet de tramway de la Belle-de-Mai y soit intégré, pour une mise en service en 2026, alors que la Métropole opte pour le tramway des Catalans.
C’est avant tout une déclaration d’intention, et non une annonce que l’adjointe au maire de Marseille chargée des mobilités, Audrey Gatian, et le maire des 2-3, Anthony Krehmeier ont fait devant la presse ce mardi 9 novembre après-midi. Car, comme ils le rappellent, « c’est la Métropole qui est compétente pour développer les transports ».
Mais la Ville « a son mot à dire sur les projets de transports en commun sur son territoire », ont martelé les élus municipaux. Ils présentaient leur « priorité » parmi les projets de transports que l’enveloppe gouvernementale de 1 milliard d’euros (dont 256 millions ont été actés la semaine dernière) doit permettre de lancer ou d’accélérer : « le tramway de la Belle-de-Mai et l’extension du tramway T3 au nord ».
Inverser la priorité avec le tramway des Catalans
Selon le calendrier annoncé par la présidente de la Métropole, Martine Vassal, le 14 octobre dernier, l’extension du tramway au Nord doit intervenir d’ici à 2025 pour le tronçon Arenc – Gèze et d’ici 2028 jusqu’à La Castellane. Toujours selon ce calendrier, le tramway de la Belle-de-Mai n’est pas attendu avant 2030.
Or, pour ce dernier, la majorité municipale espère « une mise en service en 2026 », précise Audrey Gatian. Date que la Métropole projetait plutôt sur le tramway dit « des Catalans », entre la rue de Rome et la place du 4-Septembre. « Nous demandons d’inverser ce calendrier », affirme Anthony Krehmeier.
Il estime que la priorité n’est pas « d’envoyer un tramway vers la mer » mais de « reconnecter les quartiers » du Nord de la ville avec le centre. Résorber « la fracture » pour ce secteur où, « au-delà de Plombières, il n’y a quasiment pas de transports en commun ».
[Avant-après : le projet de tramway au niveau du boulevard National]
Les élus municipaux ont présenté une série de visuels de projection du projet de tramway de la Belle-de-Mai, en précisant des aspects techniques et financiers : une longueur de 4,7 kilomètres, du Boulevard National jusqu’au quartier du Merlan, pour 250 millions d’euros.
Vendredi dernier, en se réjouissant de l’enveloppe de l’État votée par l’Assemblée nationale, le maire Benoît Payan estimait ce projet « à 152 millions d’euros ». Peut-être faisait-il allusion au premier tronçon, entre le boulevard National et Burel – Plombières ?
La liste des projets de transports doit être arrêtée « avant la fin de l’année »
Quoiqu’il en soit, ces sorties médiatiques interviennent dans une période de tractations intenses concernant les transports marseillais. Elles ont été déclenchées par le Président de la République, en septembre, annonçant 1 milliard d’aides de l’État pour ce dossier. Une enveloppe conditionnée à la création d’un groupement d’intérêt public (GIP), « structure de pilotage » associant différents partenaires publics et privés.
C’est ce que confirmait le préfet de région, Christophe Mirmand. Lors de la présentation de Laurent Carrié, du nouveau préfet à l’égalité des chances, en charge du suivi du plan « Marseille en grand ». Le représentant de l’État rappelait que la structure devait être opérationnelle « avant la fin de l’année », date à laquelle doit être « arrêtée la liste des projets prioritaires éligibles au milliard ».
Il précisait également que la priorité serait donnée à ceux déjà bien avancés, notamment en termes d’études, ce qui ne semble pas être le cas du tramway de la Belle-de-Mai. Tout en insistant sur le fait qu’Emmanuel Macron avait bien affirmé un possible financement supplémentaire « pour accélérer les projets de désenclavement des quartiers Nord ».
Quel accord entre la Ville, la Métropole et l’État ?
Du côté de la Ville, Anthony Krehmeier estime d’une part que « le projet de tramway du 4-Septembre n’est pas si avancé, comparé à celui de la Belle-de-Mai », et d’autre part que ce dernier correspond mieux à la volonté du gouvernement concernant la priorisation des quartiers Nord.
Cette volonté conditionne d’ailleurs la seconde enveloppe de 744 millions d’euros d’avances remboursables, qui fait l’objet d’un amendement en voie d’être voté par le parlement. Il stipule précisément que : « Ces crédits sont destinés à financer cinq lignes de bus à haut niveau de service (BHNS), quatre lignes de tramway et l’automatisation du métro avec comme objectif le désenclavement des quartiers Nord de Marseille ».
Anthony Krehmeier et Audrey Gatian s’appuient dessus pour prioriser le tramway de la Belle-de-Mai. Ils affirment d’ailleurs avoir été entendus favorablement par la Préfecture la semaine dernière et par la Métropole ce mardi matin. À la rédaction de cet article, aucune des deux institutions n’a confirmé ces avancées. Mais le conseil municipal de ce mercredi 10 novembre, où siègent Martine Vassal et d’autres membres de la majorité métropolitaine, pourrait être l’occasion d’éclaircir leur position.