La Ville de Marseille poursuit son projet de Cité de la transition : un espace pour réunir les nombreux acteurs locaux impliqués dans la transition écologique et sociale. Une « Cité zéro », première expérimentation, doit voir le jour dès 2022 sur un site de 5 000 m2 environ.
Il portait déjà ce projet durant la campagne électorale des municipales, avant même de rejoindre les rangs du Printemps marseillais, entre les deux-tours. Désormais adjoint en charge de la transition écologique, Sébastien Barles en fait « une priorité » de son mandat : la création d’une Cité de la transition à Marseille.
Un lieu de convergence pour les acteurs locaux de la transition écologique et sociale. Plusieurs milliers de m2 dédiés à la recherche, l’entrepreneuriat, la formation et une vitrine des solutions.
Dès octobre 2020, une étude de préfiguration était lancée : examen comparatif des initiatives du genre dans le monde entier, analyse de « l’écosystème transitionnel marseillais », budgétisation et gouvernance… Avec l’appui de différents experts, le cabinet Jean-Pierre Lavaill a remis ses conclusions ces dernières semaines.
Un écosystème riche mais dispersé
Elles soulignent d’abord un « développement ascendant, récent et exponentiel d’acteurs et de lieux transitionnels » à Marseille. Collectifs, associations, entreprises, tiers-lieux… Une « concentration unique en France et en Europe », selon l’expertise.
Le tableau est impressionnant en termes de quantité d’initiatives. « Tout ça sans stratégie publique ! », commente Sébastien Barles. Il attend que la municipalité joue désormais un rôle afin que le terme « écosystème » prenne tout son sens. En effet, la multitude de projets « peut avoir plus d’impact, en mutualisant certaines compétences, pratiques, expériences et expertises. En évitant les doublons aussi ».
« Créer des espaces de croisement »
Pour l’élu, c’est là que les pouvoirs publics doivent intervenir, « sans se poser en décideurs, mais en facilitateurs. Pour la mise en relation, la création de lieux de convergence, en accompagnant sur le foncier et le financier ». Il prend l’exemple du QG des éco-acteurs qui a pris place fin 2020 en plein centre de Marseille. C’est grâce à l’Etablissement public foncier (EPF) que cette installation dans le bâtiment a été possible. « On voit que c’est bien de faciliter, de créer des espaces de croisement ».
Les 63 acteurs et structures interrogés pour l’étude ont manifesté leur intérêt pour « la régulation et l’animation de l’écosystème transitionnel, la corrélation aux enjeux sociaux marseillais, l’accompagnement au changement d’échelle (finance, prototypage…) », poursuit l’élu.
5 000 m2 pour une « Cité zéro » l’année prochaine
Toujours selon le rapport, ils se montrent favorables à la création d’un « lieu hybride, multifonctionnel, de créativité et d’apprentissage au service des transitons, sorte de « méta Tiers Lieu transitionnel » ». En d’autres termes, une Cité de la transition.
Elle reste à définir sur bien des aspects, qu’il s’agisse du ou des sites (dans un format « en archipel »), de son fonctionnement, sa gouvernance et sa finalité. C’est pour cela qu’une « Cité zéro » verra le jour « dès 2022 », nous annonce l’adjoint à la transition écologique, pour préfigurer une version finale attendue pour 2025.
Une version d’expérimentation « vite utilisable », poursuit Sébastien Barles, « pour mettre tous les acteurs intéressés en action, dans un lieu physique, autour de 5 000 m2. Les services de la Ville ont déjà identifié quelques sites. Une grande partie de l’espace servira à l’hébergement des structures. Il y aura aussi des espaces communs, de formation, de réunion, et un lab’ ».
Une Cité de la transition définitive en 2025
En parallèle, toujours l’année prochaine, l’association de préfiguration de la Cité de la transition sera créée, réunissant « un noyau d’une douzaine d’acteurs très mobilisés à Marseille », précise l’élu. Selon l’étude, cette association « bénéficiera d’un budget d’accompagnement de 373 000 € » pour la première année.
La municipalité lancera également en 2022 une assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) pour la création d’une plateforme numérique, version digitale de la Cité de la transition. « Elle aura deux vocations. Interne d’abord, pour la mise en réseau de l’écosystème, avec notamment la création d’un annuaire des assos, entreprises, réseaux, scientifiques, et une cartographie des lieux transitionnels. Mais aussi une vocation externe, de média, pour présenter au public tous ces acteurs, les initiatives, les solutions… » Elle doit être opérationnelle en 2023.
Dernière étape prévue deux ans plus tard, donc, avec la Cité de la transition finale. Si le lieu n’est pas encore défini, des dizaines d’hypothèses sont sur la table. Les acteurs interrogés ont exprimé leur préférence pour la Caserne du Muy. « Mais l’idée d’un lieu unique peut être dangereuse », estime l’étude de préfiguration. « il pourrait être plus judicieux de créer un maillage du territoire par un itinéraire et réseau d’une multiplicité de lieux : Marseille comme Cité des transitions ».