Bien que Marseille pâtit encore d’un retard sur les transports en commun, son réseau a évolué depuis 2006. Relance des tramways, multiplication des lignes de bus… Retour sur vingt ans d’évolution, en chiffres et en graphiques.

C’est une phrase que l’on entend régulièrement dans la bouche des élus comme des observateurs : « Marseille a 40 ans de retard sur le développement de ses transports », par rapport aux villes françaises comparables. Un constat que certains mettent sur le dos de décennies de politique du « tout voiture ».

Pourtant, depuis le retour du tramway en 2007, la carte des transports marseillais se redessine d’année en année. Trop lentement pour certains, rapidement pour d’autres. Quoiqu’il en soit, en près de 20 ans, le réseau s’est étendu. Dans quelle mesure ? Des chiffres et des graphiques permettent d’y voir plus clair.

 

Neuf kilomètres de lignes en plus à Marseille

La RTM, qui exploitait 684 kilomètres de lignes (bus et métro confondus) à Marseille en 2006, gère aujourd’hui plus de 693 kilomètres. Soit neuf kilomètres de plus en deux décennies.

De son côté, le réseau de bus compte désormais 93 lignes contre 78 en 2006. Le métro s’est quant à lui étendu de 19 à 21,6 kilomètres en atteignant Gèze en 2019.

Mais c’est bien le tramway qui symbolise la transformation du réseau, avec trois lignes pour 15 kilomètres et 34 stations aujourd’hui, contre une seule et trois kilomètres de rails à la fin des années 2000.

La multiplication des arrêts, notamment de bus, traduit la volonté de rapprocher les transports des habitants : la RTM est passée de 1 200 à 2 548 arrêts de bus, tout en développant 22 pôles d’échanges multimodaux et 16 parkings relais.

Le nombre d’usagers en nette progression

Extension du réseau, modernisation du matériel et retour du tramway… Ces évolutions expliquent-elles la progression conséquente des usagers ?

Entre 2006 et 2024, la fréquentation journalière de la RTM est passée de 509 000 voyages par jour à plus de 900 000. Soit une progression de 77% en vingt ans.

Le bus demeure le mode le plus utilisé (près de 430 000 voyages quotidiens), devant le métro (333 000) et le tramway (138 900), désormais pleinement intégré au paysage urbain.

La voiture toujours reine à Marseille

Mais cette évolution n’a cependant pas encore permis d’inverser la domination de la voiture dans les déplacements des Marseillais.

En 2019, l’automobile personnelle restait le principal moyen de transport des Marseillais. Elle représentait 40 % des déplacements quotidiens. Les transports en commun ne comptaient alors que pour 17 %, malgré les extensions du tram et du métro.

Ces chiffres, antérieurs à la crise sanitaire et aux derniers travaux d’extension, illustrent la difficulté de Marseille à réduire sa dépendance à la voiture. Toutefois, aucune donnée plus récente ne permet encore d’évaluer si la tendance s’est inversée depuis cinq ans.

Moderniser le réseau pour attirer les usagers

Depuis vingt ans, les pouvoirs publics (la Métropole Aix-Marseille-Provence organise désormais la mobilité), modernisent le réseau de la RTM en vue d’améliorer le confort et la qualité de service.

Le métro entre dans une nouvelle phase avec le projet Neomma, dont les nouvelles rames doivent commencer à circuler d’ici quelques mois. L’automatisation du métro doit concerner l’ensemble des stations d’ici 2030, avec des quais rénovés et la climatisation.

Sur le réseau de surface, la transition énergétique s’accélère : la RTM vise une flotte de bus 100% électrique d’ici 2030, pour réduire les émissions et rendre les véhicules plus silencieux.

Enfin, 22 pôles d’échanges multimodaux et 16 parkings relais renforcent les correspondances entre bus, tram, métro et train. Leur objectif : encourager à laisser sa voiture en périphérie en poursuivant avec les transports en commun en ville. Deux nouveaux pôles sont également en projet à Frais Vallon et Saint-André.

15 kilomètres de tramway en plus d’ici 2030

Après la relance du tramway en 2007, Marseille s’apprête à franchir une nouvelle étape. D’ici 2030, plusieurs extensions viendront désenclaver certains quartiers mal desservis et renforcer les liaisons nord-sud.

Le principal chantier concerne le prolongement de la ligne T3, qui relie aujourd’hui Arenc Le Silo et Castellane. Début 2026, elle s’étendra au Sud jusqu’à La Gaye et au Nord jusqu’à Gèze. Pour atteindre ensuite La Castellane en 2029, via Cap Pinède, Saint-Antoine et La Delorme.

 

Deux nouvelles lignes de tramway doivent également compléter le réseau marseillais. La première doit desservir le quartier de la Belle-de-Mai, jusqu’à la place du Burel, en 2030. Pour sa part, le tramway « des Catalans » doit relier la rue de Rome au niveau de la Préfecture, jusqu’à la place du 4 Septembre, d’ici 2029.

Au total, plus de 15 km de voies supplémentaires doivent entrer en service d’ici 2030. De quoi porter le réseau de tramway à près de 30 km.

RTM, Data | L’évolution des transports marseillais depuis 20 ans en chiffres et en graphiques, Made in Marseille

Des milliards pour un grand rattrapage

Retour du tramway, modernisation du métro, électrification progressive des bus et nouveaux pôles d’échanges… Si en 20 ans, la mobilité marseillaise a évolué, la ville pâtit encore d’un retard accumulé les décennies précédentes.

La multiplication de projets et les investissements de l’État, avec un soutien financier de 1 milliard d’euros via le plan Marseille en grand, tentent de réduire cette carence. Et de remettre les transports en commun au centre de la mobilité marseillaise.

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