Les ministres Laurent Nuñez et Gérald Darmanin ont défendu à Marseille le bilan de l’État dans la lutte contre le narcotrafic, après l’assassinat du jeune Mehdi Kessaci.

Une visite ministérielle attendue à Marseille, une semaine après l’électrochoc : le meurtre de Mehdi Kessaci. Ce jeune Marseillais de 20 ans, promis à une carrière de policier, était le frère d’Amine Kessaci, militant écologiste et icone de la lutte contre le narcotrafic avec son association Conscience.

Pour l’heure, en attendant l’enquête, l’assassinat de Mehdi est présenté comme « un crime d’intimidation » des narcotrafiquants par le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez. Accompagné de son homologue à la Justice, le garde des Sceaux Gérald Darmanin, il a passé ce jeudi 20 novembre à Marseille.

Au programme : rencontre avec la famille de la victime, mais aussi visites et réunions de travail, avec élus, juges et forces de l’ordre. Au centre du viseur : la lutte contre le trafic de drogue et le crime associé. « Une menace […] au moins équivalente à celle du terrorisme », estime Gérald Darmanin. Elle génère « 5 à 6 milliards d’euros d’argent liquide », selon lui.

narcotrafic, À Marseille, l’État défend son bilan contre le narcotrafic après le meurtre de Mehdi Kessaci, Made in Marseille
Gérald Darmanin et Laurent Nuñez à la préfecture de police de Marseille.

Les règlements de compte en baisse « de 30% » en 2025

Alors que Marseille compte des dizaines de morts, collatérales ou non, chaque année, des journalistes pointent ce que certains considèrent comme « un échec » du gouvernement à endiguer le fléau. Laurent Nuñez estime pour sa part que ce dernier drame résulte « des coups très rudes » portés aux réseaux par l’État, par un dispositif de complémentarité « extrêmement efficace » entre la police et la justice.

Il en veut pour preuve les résultats des deux dernières années. D’abord sur la baisse des homicides liés au trafic de stupéfiants. « Nous sommes passés, à Marseille, de 49 en 2023 à 24 en 2024 », soit la moitié. Et Laurent Nuñez note une nouvelle baisse jusqu’à présent en 2025, de l’ordre de « 30% ».

Sans le chiffrer, il vante un « démantèlement des réseaux qui augmente de manière très efficace ». Et détaille le bilan des interpellations : « depuis 2024, près de 700 personnes interpelées en France. Actuellement, 2 000 personnes liées aux mafias marseillaises sont mises en examen et 900 sont en détention provisoire ».

« Il faut mettre 500 à 600 personnes dans les prisons de haute sécurité »

De son côté, Gérald Darmanin défend la toute nouvelle loi narcotrafic, promulguée en juin. Elle inclut des mesures pour lutter contre le blanchiment d’argent, ou la création d’un nouveau parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) en janvier 2026.

Mais également l’ouverture de prisons de haute sécurité, comme celles de Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe. Dans cette dernière, un détenu des Baumettes, chef opérationnel présumé de la DZ mafia, vient d’être transféré dans la nuit.

Le ministre de la Justice veut multiplier ces établissements pénitentiaires aux conditions drastiques. Notamment à Aix-en-Provence. « Il faut mettre 500 à 600 personnes dans les prisons de haute sécurité », clame-t-il, pour les couper de leurs réseaux.

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Mafia : « la grande différence entre Marseille et le reste de la France »

Des réseaux que Gérald Darmanin qualifie de « mafias » pour leur capacité à « rentrer dans l’économie classique » : les commerces, l’immobilier, où termine « l’argent sale ».

Pour lui, sur ce point, « c’est ça la grande différence entre Marseille et le reste de la France ». Il évoque au passage, sans préciser, « des notables » impliqués, ou des membres des forces de l’ordre corrompus.

Laurent Nuñez promet de revenir « tous les mois » à Marseille, pour assurer la poursuite de la lutte contre le narcotrafic. Emmanuel Macron doit quant à lui venir mi-décembre.

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