Du 13 au 17 octobre, sept écoles marseillaises participent au challenge de l’éco-mobilité. Une opération qui vise à inciter familles et enfants à privilégier la marche, le vélo ou les transports en commun dans une ville où la voiture est encore reine.
Les élus municipaux sont venus rencontrer les élèves de l’école Arenc Bachas, à deux pas du métro Bougainville (15ᵉ), ce 13 octobre. Les enfants avaient déjà reçu un petit carnet : chaque jour, ils y notent leur mode de transport, puis calculent la quantité de CO₂ émise. Une manière ludique de les faire réfléchir à leurs trajets quotidiens.
L’école choisie n’a pas été retenue au hasard : c’est elle qui compte le plus de classes participantes. La plupart des petits habitent à proximité et se déplacent déjà à pied, en trottinette ou en métro.
La voiture reste omniprésente
Selon l’enquête mobilité EMC² 2019, la voiture représente encore 40 % des déplacements à Marseille, contre 39 % pour la marche et 17 % pour les transports collectifs. Près d’un tiers des ménages n’ont pas de véhicule, mais les disparités sont fortes : seuls 53 % des foyers du centre sont motorisés, contre 84 % dans l’est. La distance moyenne d’un trajet reste courte, 4,5 km et 22 minutes, offrant un vrai potentiel pour les alternatives à la voiture.
Ces chiffres, antérieurs au Covid, doivent être nuancés : certains parents ont repris la voiture pour éviter les transports, tandis que d’autres ont redécouvert la marche ou le vélo. La RTM note en 2024 un nombre record d’abonnés (160 000), mais le nombre annuel de validations reste inférieur à 2019 : 158,6 millions contre 165,2 millions.

Des enseignants et des familles séduits
À l’école, les enseignants accueillent favorablement le dispositif. « C’est un moment où les enfants se posent, explique la directrice. On travaille déjà sur les mobilités douces, mais c’est bien d’avoir un support qui permet d’en faire un vrai projet ».
Du côté des familles, l’idée séduit aussi, même si elle ne gomme pas toutes les contraintes. Maamar, mère de deux garçons de 8 et 9 ans, alterne entre plusieurs modes de transport : « Le matin je dépose mes enfants en voiture si j’ai un rendez-vous loin après. Sinon, ils y vont en trottinette, à pied ou en métro ».
Si elle trouve le projet utile, cette maman regrette son aspect ponctuel : « C’est bien de les sensibiliser, mais il devrait y avoir des initiatives plus souvent ».
Vers des rues scolaires plus sûres et des projets durables
Cette initiative n’est pourtant pas isolée. « Elle s’inscrit dans d’autres dispositifs comme le Plan Savoir Rouler à Vélo et La Rue des Enfants », explique Pierre Huguet, adjoint au maire en charge de l’éducation.
Le Plan Savoir Rouler à Vélo a pour objectif d’apprendre aux enfants à circuler à vélo en sécurité grâce à des ateliers pratiques, des parcours adaptés et des exercices de maniabilité, auprès de 50 classes environ chaque année.
Depuis 2023, le dispositif Rue des Enfants cherche, quant à lui, à rendre les abords des écoles plus calmes et sûrs en limitant la circulation motorisée, en installant des ralentisseurs et en aménageant trottoirs et passages piétons. À ce jour, la Ville a déjà inauguré 14 rues des écoles.
« L’enjeu, c’est de montrer que venir autrement est possible, surtout quand on habite près de l’école », souligne Perrine Prigent, adjointe au maire en charge des espaces publics.
Ces initiatives s’inscrivent en parallèle du Plan Vélo métropolitain, qui vise 5 % de part modale vélo d’ici 2026. Malgré des retards, il prévoit la création de nouvelles pistes cyclables, de parkings-relais et d’aménagements favorisant les trajets courts à pied ou à vélo.
Le challenge s’appuie également sur la plateforme “Classes engagées” de la Métropole Aix-Marseille-Provence qui fournit aux enseignants des ressources pédagogiques autour de la mobilité durable.
Les enfants, moteurs du changement
Dans un mois, les enseignants feront le bilan pour savoir si les nouvelles pratiques se maintiennent. D’ici là, les enfants continueront d’expérimenter différents modes de déplacement pour leurs trajets scolaires, entre marche, vélo et transports en commun.