BarMar, futur pipeline entre Barcelone et Marseille, a franchi une étape décisive avec la confirmation de sa faisabilité technique. Porté par l’Espagne et la France, ce projet stratégique doit transporter deux millions de tonnes d’hydrogène à partir de 2032.
La création d’un corridor énergétique sous-marin entre Barcelone et Marseille est dans le « pipe » depuis fin 2022. Encouragé par la crise énergétique en Europe après le début de la guerre en Ukraine, ce projet baptisé BarMar doit permettre, d’ici 2032, d’acheminer de l’hydrogène pour décarboner l’industrie et les transports.
Après avoir officiellement obtenu le statut de Projet d’Intérêt Commun (PIC) auprès de la Commission européenne en 2024, cette année marque une accélération pour le projet. La société BarMar a été créée en juillet par la filiale Enagás Infrastructures de Hidrógeno (EIH) du groupe espagnol Enagás (50%) et deux entreprises françaises NaTran (33,3%) et Teréga (16,7%).
Le projet vient également de franchir une nouvelle étape fin novembre. Les partenaires ont confirmé la faisabilité technique de l’hydrogénoduc après les études géotechniques et d’ingénierie approfondies. « L’étude n’a révélé aucune contrainte physique majeure le long des tracés », affirme le communiqué du 18 novembre.
Par ailleurs, les conditions des fonds marins et le relief ne présentent pas de défis critiques. Le rapport a donc conclu que le tracé BarMar était techniquement réalisable.
10% de la consommation européenne en hydrogène
Concrètement, ce tube long de 400 kilomètres est stratégique pour transporter deux millions de tonnes d’hydrogène d’ici 2030. Soit 10% de la consommation estimée en Europe en 2032.
En effet, ce pipeline doit faciliter l’acheminement de l’hydrogène dit vert (fabriqué à base d’énergies renouvelables) produit en Espagne grâce au photovoltaïque. Une énergie sur laquelle de nombreux acteurs, principalement de l’industrie et des transports, fondent leurs espoirs pour décarboner leurs activités.
La Commission européenne voit donc BarMar comme une « autoroute de l’énergie » prioritaire pour l’Europe. Le marché de l’hydrogène soutient aussi cette dynamique à travers l’Alliance H2med qui compte désormais 49 membres.
Une connexion avec CelZa au Portugal
BarMar sera aussi relié à un autre pipeline de 270 kilomètres entre le Portugal et l’Espagne : CelZa (contraction de Celorico da Beira et Zamora) également dédié au transport d’hydrogène vert entre le Portugal et l’Espagne. Ensemble, BarMar et CelZa constituent le projet global H2Med.
Chacun des deux gestionnaires de réseau de transport impliqués, REN et Enagás, sera responsable du développement de la section d’interconnexion sur son territoire respectif. Le Portugal sera donc en charge de 184 km et l’Espagne de 86 km.
Selon les partenaires, la date de mise en service commerciale des deux projets (voir connexions ci-dessous) est désormais précisée pour 2032 pour un coût total de 2,5 milliards d’euros.