Après la fin du débat public global, le collectif Stop THT 13/30 a réaffirmé son désaccord sur la nature aérienne de la ligne très haute tension (THT) en projet entre Jonquières et Fos-sur-Mer. Or, RTE estime toujours que cette solution est la plus adaptée aux besoins.

Le collectif Stop THT 13/30 n’a pas dit son dernier mot. Malgré la fin du débat public global sur l’avenir de la zone « Fos-Berre » le 13 juillet dernier, cette alliance de 32 associations du monde agricole, écologique et citoyen entre Arles et la Crau, affirme que la concertation n’est pas terminée.

Les membres du collectif estiment que l’avenir du projet de la ligne très haute tension (THT) de RTE, entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer, n’est pas tranché. Ils l’ont d’ailleurs revendiqué devant les industriels lors de la dernière réunion du grand débat le soir du 8 juillet à Berre.

Pour « montrer [leur] détermination à l’État », les militants ont tenu un temps presse à Saint-Martin-de-Crau afin de rappeler leur opposition ferme à la nature aérienne de ce futur ouvrage électrique de 65 kilomètres, relié par 180 pylônes. Sans nier sa pertinence, ils lui préfère une version enterrée et donc non visible.

Cette ligne de 400 000 volts doit en effet permettre d’anticiper les futurs besoins électriques de la région : la décarbonation des industries polluantes de Fos, l’installation de nouvelles gigafactories comme Carbon ou Gravithy, mais aussi pour l’électrification des usages comme la climatisation et les voitures électriques.

ligne aérienne, Malgré la fin de la concertation, des débats encore électriques sur la ligne aérienne vers Fos, Made in Marseille
Le collectif Stop THT 13-30 devant la préfecture en septembre 2024.

Pourquoi une solution souterraine pour la ligne ?

« Décarboner oui, réindustrialiser oui, mais sans entraver le tourisme et la nature », martèle le collectif depuis des mois. Pour eux, cette ligne aérienne va défigurer les paysages entre la Camargue et la Crau et donc réduire les recettes touristiques des agriculteurs et sacrifier une partie de la biodiversité environnante.

C’est avec ces arguments que le collectif a obtenu, en septembre 2024, la commande d’une tierce expertise indépendante sur les impacts de la solution aérienne de cette ligne.

Cette étude menée par Marc Petit, ingénieur de Centrale Supélec, révèle notamment que la nature aérienne est « le meilleur choix technique en termes de coût, délai, fiabilité en dehors des impacts paysagers et pour l’avifaune ».

Concernant la solution d’enfouissement, le document met en avant des points forts tels que « le maillage avec la région Occitanie […] l’allégement des contraintes d’enfouissement ». Mais aussi des points faibles comme les délais d’enfouissement et le coût élevé.
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Ligne très haute tension Pontaut Realtor Marseille © RTE

« La ligne aérienne est la plus adaptée au regard de la puissance et des délais »

Selon le collectif Stop ligne THT 13/30, la solution enterrée coûterait près d’1,5 milliard d’euros contre 300 millions d’euros pour la solution aérienne de RTE. Soit cinq fois plus cher. « Ce qu’ils ne comptent pas, c’est le manque à gagner des agriculteurs de 300 millions d’euros et les 65km de pylônes (sur d’autres lignes électriques, ndlr) qu’ils se sont engagés à enterrer. Ce que nous estimons à 900 millions d’euros », avance Jean-Luc Moya, éco-consultant membre du collectif.

Mais de son côté, Christophe Berassen, directeur du centre ingénierie de RTE Méditerranée, contrecarre : « les 300 millions d’euros comprennent les ouvrages construits et les 65km de lignes qui seront enterrés ».

De plus, le préfet avait mandaté les services de l’État pour réaliser une étude précise des besoins électriques de la région Sud-Est d’ici 2030. Date à laquelle la France s’est engagée à réduire les émissions de carbone des industriels de 55% auprès de l’Europe. Résultat : le territoire Sud-Est aura besoin de 4 500 MW supplémentaires.

Considérants ces différents éléments, RTE continue d’assumer que « la solution aérienne est la plus adaptée au regard de la puissance exigée et des délais ».

Une plainte contre X pour destruction d’espèces protégées

Début juillet, le collectif Stop THT 13/30 avait aussi déposé deux plaintes contre X pour destruction d’espèces protégées pour l’aigle de Bonelli, espèce bénéficiant d’un plan national d’actions depuis 2014, dont une femelle a été retrouvée morte proche d’une ligne électrique.

« Le but est de démontrer que ces oiseaux font l’objet d’une collision ou d’une électrocution avec une ligne, affirme Jean-Luc Moya. Depuis 2014, RTE n’a pris aucune mesure pour limiter les collisions avec cette espèce. Ça sera à l’enquête de le déterminer ».

En réponse, Christophe Berassen assure que RTE « reste très vigilent à leur protection » et que l’entreprise travaille avec le comité national avifaune (CNA) depuis 2004. « Nous collaborons aussi avec des associations pour comprendre les couloirs migratoires mais aussi comment les adapter au réchauffement climatique », explique-t-il.

« Nous voulons nationaliser le débat »

Le collectif a aussi mis en avant la signature d’une lettre ouverte par plus de 40 associations nationales de protection de l’environnement contre la ligne aérienne pour tenter de « nationaliser le débat ». On peut citer parmi eux France nature environnement (FNE), WWF, mais encore Alternatiba.

« Ce qui se passe ici, se passera bientôt ailleurs. Nous sommes dans un processus poussé de décarbonation de l’industrie et de réindustrialisation de la France. Et ce processus passera par l’électrification, affirme Jean-Luc Moya. RTE vient d’annoncer un plan à 100 milliards d’euros sur les 15 prochaines années ».

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