Depuis un siècle, l’Institut Paoli-Calmettes a su s’imposer comme un acteur mondial et incontournable de la recherche, de l’innovation et du traitement en cancérologie à Marseille.
Sur le boulevard Sainte-Marguerite, en face de l’Hôpital universitaire, l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) souffle sa 100e bougie ce 24 novembre. Chercheurs, médecins, professeurs, patients, élus sont rassemblés pour célébrer une longue vie dédiée aux soins, à l’enseignement, et à la recherche pour lutter contre le cancer à Marseille.
Fort de cette longévité, l’IPC est devenu un acteur mondial de la cancérologie, certifié par la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2021 avec mention Haute Qualité de Soins, plus haut niveau de certification. Malgré son excellence, le centre prend en charge sur la base des tarifs de la sécurité sociale sans dépassements d’honoraires.
« En 2024, les 2 000 personnels ont reçu 11 000 nouveaux patients, réalisé 100 000 consultations (…) et les chercheurs ont publié 400 articles », énumère fièrement Caroline Chassin, directrice générale adjointe. Pour renforcer sa performance acquise depuis un siècle, le centre coopère aussi avec une vingtaine d’établissements régionaux, comme l’Inserm, le CNRS ou l’AP-HM.
100 ans d’histoire
C’est en 1925 que l’institut pour l’étude du cancer et du radium ouvre à Marseille. Vingt ans plus tard, une ordonnance du Général de Gaulle précise son statut juridique, comme les 18 autres centres de lutte contre le cancer en France pour les doter d’une organisation et d’une autonomie financière propre.
Le directeur de l’époque (1950-1972), le Professeur Jean Paoli, a ensuite fait construire son bâtiment actuel en 1969 sur le boulevard Sainte-Marguerite. Deux ans après son départ, son successeur choisi de rattacher son nom à l’institut, ainsi que celui de sa fidèle collaboratrice, l’infirmière Irène Calmettes, victime de la radio activité.
Ce n’est qu’en 2007 que la construction d’un deuxième bâtiment pour les consultations a débuté, suivi d’un troisième pour l’ambulatoire et la chirurgie, un quatrième pour les services d’hématologie et de thérapie cellulaire, avant le dernier qui accueille la direction de la recherche clinique.
« L’institut a testé les toutes premières chimiothérapies en France, rappelle Michèle Rubirola, médecin et adjointe au maire de Marseille. Aujourd’hui, il réalise des diagnostics de plus en plus précis ».
Des machines de pointe
Sa renommée a aussi facilité l’acquisition de machines de pointe. En 2019, l’IPC a lancé un nouveau programme complexe, issu des connaissances acquises pendant 50 ans dans le domaine de la greffe de moelle osseuse et de l’immunologie : le CAR-T.
Ce programme représente un espoir majeur dans le traitement des hémopathies malignes lymphoïdes les plus sévères pour des patients en échec thérapeutique. Avec cette technologie, l’Institut Paoli-Calmettes s’est donc positionné comme un acteur majeur en immunothérapie.
En 2024, il est également le quatrième établissement au monde à acquérir la machine Epione®. Combiné à de l’intelligence artificielle, cet outil permet aux radiologues de réaliser des ablations tumorales en insérant une aiguille à travers la peau. Cette technique, dite mini-invasive, concerne 80% des cancers traités chirurgicalement au sein de l’institut.
Dans ce même registre, l’IPC s’est équipé du robot chirurgical Da Vinci, présent dans seulement quatre centres dans le monde. Cet appareil, doté d’une caméra et de trois bras opérateurs, permet ainsi de réaliser des actes chirurgicaux mini-invasifs avec une seule incision.
Un lieu de recueillement singulier
Malgré ces avancées de traitement, le nombre de cancers reste en forte augmentation dans le monde. Depuis 1990, ce chiffre a même doublé. L’Organisation mondiale de la santé en 2022 affirme qu’un homme sur 5 et une femme sur 6 développeront un cancer au cours de leur vie.
« Le cancer touche 12 000 personnes par an dans notre région et est responsable de 25% des décès du territoire », rappelle à son tour Renaud Muselier, médecin et président de la Région Sud.
Mais ces chiffres ne devraient pas s’améliorer. Selon une récente étude de The Lancet, les cas de cancers dans le monde devraient augmenter de 77% d’ici 2050. Lueur d’espoir : près de 50% des cancers pourraient être évités en limitant les principaux facteurs de risque comme l’alcool ou le tabac.
Conscient de la complexité de cette maladie pour les patients et leurs familles, l’IPC a créé un espace de recueillement unique en France, dans une ancienne chapelle catholique, ouvert à toutes les religions et aux personnes athées depuis 25 ans, pour en faire un écrin d’espérance.